Causerie du 9 décembre 2008 sur l'April, sa campagne d'adhésion, ses actions passées et à venir

Causerie du 9 décembre 2008 sur l'April, sa campagne d'adhésion, ses actions passées et à venir

Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions d'une durée d'une ou deux heures, sur un sujet donné.

La causerie du mardi 9 décembre 2008 a eu lieu de 21h à minuit sur le thème « Causerie sur l'April, sa campagne d'adhésion, ses actions passées et à venir », avec l'équipe de l'April dont Benoît Sibaud, président de l'April, Frédéric Couchet délégué général, Alix Cazenave chargée des affaires publiques.

L'April a lancé le 12 novembre 2008 une campagne d'adhésion qui a pour objectif de renforcer l'April dans sa représentativité et dans ses moyens d'actions. En quelques jours c'est plus de 800 personnes, une cinquantaine d'entreprises et une quinzaine d'associations qui ont rejoint l'April. La « Causerie April » du 9 décembre 2008 vous permettra d'échanger avec l'équipe de l'April.

Techniquement ça se passe sur le canal IRC #aprilchat sur le réseau GeekNode (port 6667 par défaut). Seul le modérateur et l'interviewé peuvent écrire sur le canal. Les questions doivent donc être posées au modérateur, qui les envoient sur le canal où l'interviewé y répond. Le modérateur est précisé à chaque causerie.

Il est aussi possible de transmettre à l'avance (notamment si vous ne pouvez pas assister à la causerie en direct) des questions au modérateur par courriel à l'adresse causerie@april.org.

Le modérateur est là pour choisir la trentaine de questions susceptibles d'être traitées en une ou deux heures, de poser les plus demandées et de veiller à avoir des questions de tout niveau (du néophyte à l'expert).

Le compte-rendu de la causerie est publié après relecture par la suite.

Le public peut suivre la causerie en direct sur IRC ou via une page web, et a posteriori en lisant le compte-rendu.

Comment se connecter par IRC ?

Wikipedia fournit une longue liste de clients IRC, dont beaucoup sont des logiciels libres. Il existe des clients en application séparée, sous forme de plugin/greffon pour navigateur web, des outils de messagerie instantanée supportant le protocole IRC, etc.

Le jeu de caractères retenu pour les causeries est l'UTF-8, histoire d'éviter tout mixage de jeux de caractères et pour faciliter la publication du compte-rendu a posteriori.

Quelques tutoriels :

Compte-rendu de la causerie

Les questions sont en gras.

Ludovic : bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir ce soir pour notre treizième causerie April Benoît Sibaud, président de l'April, Frédéric Couchet délégué général, Alix Cazenave chargée des affaires publiques pour répondre à toutes vos questions sur le thème « Causerie sur l'April, sa campagne d'adhésion, ses actions passées et à venir ». Pour mémoire, les questions sont à envoyer en message privé au modérateur Ludovic Fauvet.

Benoît : Bonjour.

Alix : Bonsoir

Frédéric : bonsoir à tous et toutes

Ludovic : Commençons par une question classique : pourquoi deux associations, l'AFUL et l'April, quelles différences au juste ?

Frédéric : L'April se place dans le mouvement du Logiciel Libre et date de 1996 ; l'AFUL de 1998 dans le sillage de l'Open Source Initiative quelque part. L'AFUL met d'abord en avant les avantages concrets de l'utilisation des logiciels libres. Si l'April met également en avant la qualité de certains logiciels libres, l'April fait cependant d'abord la promotion des enjeux philosophiques et politiques de l'informatique libre. Donc, déjà une différence d'approche.

Ensuite les deux associations ont suivi une évolution différente. L'AFUL reste une association de bénévoles uniquement (environ 300 ou 350 membres) alors que l'April est forte de près de 3 500 membres et d'une équipe de trois permanents. Le taux d'activité des deux associations s'en ressent, voir les rapports moraux de l'April, pour ceux de l'Aful ils sont réservés aux membres.

Les associations sont complémentaires, comme avec l'Adullact par exemple. Les enjeux actuels du logiciel libre demandent des moyens à la hauteur, c'est ce qu'essaye de construire l'April. C'est comme dans le monde des associations de consommateurs, il y en a plusieurs et certaines sont plus actives que d'autres.

Benoît : C'est effectivement une question classique, et ce n'est pourtant pas faute d'y répondre souvent :). Il s'agit d'ailleurs d'une question fréquente à laquelle nous avons aussi répondu sur notre site.

Ludovic : Pourquoi ceux qui ont créé l'AFUL en 1998 (pendant le linux boum) ont ressenti le besoin d'une nouvelle association ?

Frédéric : Il faudrait le leur demander :) Peut-être estimaient-ils que le positionnement de l'April n'était pas le bon ou qu'une nouvelle association serait nécessaire et/ou complémentaire.

Benoît : À cette époque, je co-fondais le groupe d'utilisateurs en Auvergne, baptisé Linux Arverne. Je m'intéressais surtout aux questions techniques et à la diffusion de la connaissance. Ce n'est que plus tard (et via ma participation croissante à LinuxFr.org) que j'ai eu envie d'agir plus globalement sur la promotion et la défense du logiciel libre. Donc je dirais aussi que c'est à eux qu'il faut demander. Je suis entré à l'April en 2001 et à son conseil d'administration en 2002.

Frédéric : encore une fois on était dans la période du boom de « l'open source », beaucoup pensaient qu'il fallait parler avant tout des aspects économiques et marketing du logiciel libre et laisser le reste de côté, ce n'était pas notre approche.

Je ne peux que constater que 10 ans plus tard l'approche de l'April est soutenue par 3 500 adhérents dont près de 150 entreprises, donc notre approche ne doit pas être mauvaise :)

Ludovic : Au vu de la courbe de progression, il semble que l'objectif des 5000 adhérents sera difficile à atteindre à la fin de l'année. Êtes-vous confiant cependant ?

Benoît : Sur la première campagne d'adhésion, le nombre d'adhérents a été quadruplé en très peu de temps, et je ne pensais pas qu'il en serait ainsi. Sur cette campagne, le nombre d'adhérents croît rapidement, avec de nombreuses personnes morales, et je dirais que l'on n'est pas au bout des annonces :). Personne n'a dit que 5000 adhérents ce serait facile à atteindre, mais personne n'a dit non plus que l'April cherche la facilité :).

L'objectif a deux rôles précis (ce n'est pas un objectif en l'air) : permettre d'être mieux écouté et entendu, et pérenniser et accroître l'équipe de permanents.

Cette campagne est actuellement une belle réussite, et j'ai toutes les raisons d'être confiant pour la suite.

Ludovic : Avez-vous l'intention de repousser cette date de fin pour la compagne d'adhésion ?

Frédéric : Sans doute avant la prochaine assemblée générale de l'April qui est prévue pour le 14 février 2009. Et puis, même une fois la campagne finie il faut continuer de soutenir les actions de l'April en adhérant par exemple :)

Ludovic : De mémoire (je peux me tromper), l'objectif de 5000 adhérents datait de quelques mois déjà.

Benoît : Le lapsus sur la « compagne » d'adhésion est intéressant :). Je pense que l'on aura des questions sur la diversité par la suite :).

Ludovic : Pourquoi avoir attendu la fin de l'année ? manque de moyens, de disponibilité, de temps, de volontaires, etc. ?

Benoît : Une campagne d'adhésion est prenante pendant, mais elle l'est aussi avant. Il ne faut pas négliger le temps de préparation. Et bien sûr nous avons aussi d'autres actions de promotion et de défense du logiciel libre à mener, certaines prévues, d'autres apparaissant subitement en urgence.

Par ailleurs il est difficile de lancer une campagne durant les vacances d'été. Nous avons donc logiquement laissé passer l'été, mis en place notre nouveau site web, changé de logo, etc., puis lancé la campagne d'adhésion.

Ludovic : Alix, vous avez rejoint l'April je crois il y a un an après une précédente campagne d'adhésion. Quel bilan tirez-vous de cette première année et qu'attendez-vous pour les prochaines années ?

Alix : J'ai rejoint l'April d'abord comme adhérente en 2006, puis en 2007 j'ai pris le poste de chargée des affaires publiques. C'est une année où j'ai fait connaissance avec le fonctionnement de l'association, les membres du CA avec qui je suis en contact très fréquent, et puis surtout avec Fred et Éva avec qui je travaille au quotidien.

Durant cette année, j'ai pu mesurer réellement le rapport de force avec ceux qui s'opposent au logiciel libre, au partage des savoirs, et avec tous ceux qui menacent le logiciel libre de manière non intentionnelle, par ignorance. J'ai mesuré également la force qu'on peut avoir lorsqu'on se bat avec ses convictions par rapport à des gens qui agissent pour des intérêts privés.

Je suis contente de l'évolution que suit le dossier de la vente liée, qui trouve enfin un écho auprès de nos dirigeants grâce au travail du groupe Racketiciel, aux procédures de remboursement, et à la pression constante que nous maintenons sur la DGCCRF et ses ministres successifs de tutelle.

C'est aussi un dossier plus facile à comprendre, car il touche à la consommation. Malheureusement lorsqu'il s'agit de DRM, de peer-to-peer ou de brevets, ça devient plus complexe...

Du coup, il faut surtout maintenir les actions engagées et ne pas en démordre.

Ludovic : Quelles sont les données intéressantes issues des statistiques de fréquentation du site web de l'April ? Quelle est sa visibilité dans les moteurs de recherche depuis l'utilisation de Drupal ?

Benoît : En période de campagne d'adhésion, le trafic web est multiplié par 10. Il est sinon encore un peu tôt pour avoir des statistiques fiables de fréquentation sur le passage à Drupal. Mais il est assez évidemment que le nouveau site en Drupal est bien plus esthétique et plus pratique, en particulier pour les non-techniciens. La solution précédente datait tout de même des débuts de l'association, et pour solide qu'elle était, elle restait très rudimentaire et réservée à des geeks.

Le nouveau site permet par exemple aux adhérents de contribuer plus facilement. Et l'intégration avec le système de gestion des adhérents, les listes de diffusion, etc. est un plus indéniable. Bref le nouveau site est mieux pour les adhérents, mais aussi pour les visiteurs externes.

Ludovic : Faut-il être forcément actif pour devenir membre de l'April ?

Benoît : Si tous les actifs du logiciel libre (même uniquement les francophones) étaient membres de l'April, on serait plus de 5000. Et comme l'April ne leur est pas réservée, on sera donc encore bien plus :).

Frédéric : Pas forcément. Un certain nombre d'adhérents sont actifs dans des groupes de travail (traductions, maintenance du site...), sur des dossiers de fond (vente liée, brevets logiciels...), sur des stands pour toucher un large public... cela représentait l'an dernier environ 3 600 heures de bénévolat. Mais la grande majorité des membres de l'April ne sont pas actifs. Ils soutiennent l'association par leur cotisation, donnent un poids auprès de nos interlocuteurs par leur adhésion et suivent l'actualité de l'April par la lettre d'information bimensuelle.

Être membre de l'April ne demande pas forcément du temps, mais bon, si en plus vous avez du temps disponible, je suis certain que vous trouverez votre place dans l'association :)

Benoît : L'April est fière de la diversité de ses membres, individus (étudiants, chefs d'entreprise, juristes, enseignants, retraités, etc.), personnes morales (petites, moyennes ou grandes entreprises), associations type GULL ou liées à un projet logiciel, collectivités.

Tous ne sont pas des développeurs, tous ne sont pas forcément actifs au sein de l'asso, mais tous la soutiennent et lui permettent de mutualiser des moyens et des énergies pour la promotion et la défense du logiciel libre.

Alix : De mon côté, je sens aussi que chaque élu qui est contacté par un de ses électeurs pour lui parler du logiciel libre est plus facile à approcher.

Je le constate lors de mes entrevues avec les parlementaires notamment. Les élus sentent différemment l'importance que le logiciel libre peut revêtir lorsqu'ils sont interpellés par Monsieur ou Madame Tout-le-Monde, cela prend alors une autre dimension.

Il est donc facile aussi à chacun de contribuer aux actions institutionnelles de l'April en contactant ses élus (nationaux ou locaux).

Ludovic : Que sont les actions positives dont l'April pense avoir été un acteur majeur, ou tout du moins avoir aidé ? Et un peu d'autocritique : quels sont les points "noirs" de l'April, les points que l'association aimerait améliorer ?

Alix : J'en vois déjà une tout de suite, d'action positive : le recours au Conseil d'État contre le décret anti-contournement des DRM, qui contribue à sécuriser les auteurs et utilisateurs de logiciels libres.

Il y a également le rôle de l'April sur la vente liée, dossier qui évolue favorablement puisque le ministre Luc Chatel a demandé aux professionnels de changer leurs pratiques (on pourra en parler plus en détail éventuellement).

Mais aussi plus largement la prise de conscience dans le milieu institutionnel, que je constate dans mon travail au quotidien, notamment par rapport à avant la loi DADVSI. Je crois que la DADVSI a au moins permis de parler enfin du logiciel libre d'être mieux connu et mieux compris, et c'est grâce à l'action de l'April (j'en parle d'autant plus facilement que je n'étais pas permanente à l'époque).

Frédéric : Le fait le plus marquant est que nous ayons participé activement à la prise de conscience du public que la liberté informatique est un enjeu de société et que le libre dépasse les aspects techniques. Sinon, en vrac parmi les actions importantes : la sensibilisation des responsables politiques, la défenses des acteurs du logiciel libre (DADVSI, recours au Conseil d'État, auditions parlementaires...), participation à l'organisation de grands évènements, développement des aspects économiques du libre (participation au lancement du pôle de compétitivité sur le logiciel libre, livre blanc...), sensibilisation du grand public via notamment des participations à des émissions telles que "Le téléphone sonne", sensiblisation du monde associatif avec le projet Libre Association...

Le principal point à améliorer concerne sans doute la diversité notamment, toucher un public encore plus large. Et améliorer notre présence à Bruxelles pour travailler plus en amont sur les projets de directives

Benoît : Côté réussites, la première me semble être d'avoir eu une structure pionnière sur le logiciel libre qui est devenue une des plus grosses associations au monde sur le sujet. Ensuite il y a de nombreuses actions positives concernant des domaines variés : l'initiative Candidats.fr pour la sensibilisation du monde politique et des citoyens, le dossier du logiciel libre de classement au patrimoine mondial immatériel à l'Unesco, le recours devant le Conseil d'État, les campagnes sur les 4 dangers en général (brevets logiciels, DRM, vente liée, informatique de confiance), le questionnaire LibreAssociation, etc.

Côté point noir, un premier, interne, concerne le système d'information de l'association. Les cordonniers sont les plus mal chaussés c'est bien connu :). Heureusement cette année a vu une nette amélioration de ce côté (notamment avec le nouveau site et l'outil de gestion des adhérents), même s'il reste de larges pistes de progression.

Un autre concerne notre appétit sur les sujets, qui nous fait travailler simultanément sur un grand nombre de dossiers, parfois déraisonnablement pour notre santé. C'est un travers classique pour des passionnés militants. L'augmentation du nombre d'actifs bénévoles d'une part et du nombre de permanents d'autre part, le tout avec un meilleur système d'information, est une piste sur ce point.

L'un dans l'autre, on voit largement que les réussites surpassent les points noirs, et forcément les meilleurs souvenirs restent, les succès, les relations humaines particulièrement riches, les émotions fortes, etc.

Ludovic : Plus important que la manière dont l'association se définit, comment l'April est-elle perçue auprès des personnes qui sont sollicités ou qui sollicitent l'association ? Lobbying, Advocacy [1], Geek, Sérieuse, emmerdante, constructive, empêcheuse de tourner en rond, etc. ? cf. http://www.google.com/search?q=difference+advocacy+lobbying

Frédéric : Les journalistes, responsables politiques... nous disent que l'April fournit une information de qualité basée sur des données vérifiables. Les points forts de l'association sont: sa notoriété dans le milieu, sa capacité militante (force de frappe de communication et de mobilisation), le travail de fond sur les dossiers. Nos interlocuteurs disent que nous travaillons sérieusement, de façon professionnelle mais avec ce zeste de poil à gratter qui fait notre charme et peut-être notre force aussi.

Les personnes que nous côtoyons savent que nous militons pour nos idées et que nous ne sommes pas des "professionnels de la profession" comme disait l'autre, ce qui n'empêche pas que nous travaillons de façon professionnelle et rigoureuse

Alix et moi formons notamment un duo complémentaire de ce point de vue :)

Benoît : Lobbying, contre-lobbying, « advocacy », groupe de pression, groupe d'information... Nous avons entendu tous ces termes nous concernant. Et le plus juste est bien évidemment « advocacy ». Oui nous travaillons à diffuser nos idées auprès de tous les publics, dont notamment les responsables politiques et les journalistes (mais pas seulement). Mais nous ne défendons pas notre propre intérêt commercial, nous agissons dans l'intérêt général, nous ne sommes pas des mercenaires capables de soutenir n'importe quelle thèse pour de l'argent, et surtout nous travaillons dans la transparence, nos positions sont connues, nos documents publiés.

Nous n'organisons pas des soirées au champagne pour convaincre, nous n'offrons pas de jolis cadeaux, nous n'avons pas honte d'apparaître dans les débats, nous suivons une stricte neutralité sur le plan de la politique mandataire, et nous n'avons pas à faire dans le people/la starisation non plus.

Du coup, je ne doute pas que certains nous trouvent emmerdants et empêcheurs de tourner en rond, mais heureusement beaucoup d'autres nous trouvent pertinents, poils à gratter, sérieux et utiles au fonctionnement démocratique.

Alix : L'April a su se forger une image d'association sérieuse, indépendante et rigoureuse sur la ligne qu'elle défend. Cela lui vaut le respect de nombreux professionnels et responsables politiques et administratifs. Il est fréquent que l'avis de l'April soit sollicité sur différents dossiers ou projets, elle est réellement devenu l'acteur de référence pour la promotion et la défense du logiciel libre.

Le fait que huit candidats à l'élection présidentielle parmi les douze candidats officiels (dont ceux qui ont reçu les plus importants suffrages) aient répondu au questionnaire Candidats.fr montre, s'il était besoin, que l'April est prise au sérieux. Notre indépendance vis-à-vis de toute formation politique nous permet de garder cette image d'indépendance, d'association militante qui ne se mêle pas de politique mandataire et n'est "de mèche" avec aucun courant.

C'est essentiel pour que notre discours soit entendu par tous, quelles que soient ses opinions politiques. Le logiciel libre n'est pas une affaire de partis, c'est un enjeu de société. Cela se comprend de mieux en mieux et le logiciel libre est vraiment devenu un sujet transpartisan.

Ludovic : Où en sommes-nous concernant les DRM, que va-t-il se passer sur Hadopi ?

Alix : Le dossier des DRM est resté ouvert depuis le vote de la loi DADVSI en 2006. En plus des divers problèmes posés par la protection juridique des DRM (protection par le secret, possibilité pour l'Autorité de régulation des mesures techniques d'interdire la publication d'un code source, insécurité juridique pour les auteurs de logiciels multimedia libres...) le Conseil Constitutionnel a aggravé la situation.

La censure de la loi a retiré l'exception de contournement des DRM à des fins d'interopérabilité, déséquilibrant profondément le texte, et alors que cette exception avait été gardée par les deux assemblées et en commission mixte paritaire. De plus les débats parlementaires ne laissaient pas de place au doute, même le ministre était favorable à cette exception.

Cette étrange décision du Conseil Constitutionnel n'est pas restée sans réponse, puisque l'April a profité du décret sur le contournement des DRM pour poser des questions de fond au Conseil d'État. Le Conseil d'État a affirmé que l'exception de décompilation primait sur la protection des DRM, et a ainsi sécurisé juridiquement les logiciels comme VLC avec DeCSS, et tous leurs utilisateurs.

Voir notre analyse.

Maintenant, il reste de nombreux points à régler. Car même si les DRM sont abandonnés petit à petit, et même s'ils n'étaient plus utilisés (ce qui n'est pas encore pour tout de suite), les principes qui restent dans la loi sont néfastes. D'autre part la loi est loin d'être compréhensible et est donc porteuse d'insécurité juridique.

Notons également que la protection des DRM est un tel échec pour les buts annoncés que le rapport d'application de la loi, prévu pour février dernier, n'est toujours pas en chantier.

La loi Hadopi est l'occasion de remettre le sujet à l'ordre du jour des députés et du gouvernement. Nous parlerons également de peer-to-peer (à cause des fameux articles Vivendi-Universal de la loi DADVSI) et des logiciels de "sécurisation de la connexion", qui sont typiquement le genre de mesures porteuses de discrimination et d'insécurité juridique pour les auteurs et utilisateurs de logiciels libres.

Une audition est déjà prévue, et un contact a été pris pour une autre qui est en train d'être fixée.

Je vous tiendrai au courant, par l'intermédiaire du site web et de la lettre interne, du déroulement de ces auditions.

Ludovic : Est-ce que l'April va retenter une action contre la vente liée depuis la réunion avec l'ensemble des acteurs ?

Alix : L'April ne relâche pas la pression sur ce dossier, elle continue de le suivre de très près. Le ministre et le directeur de la DGCCRF ont fait des demandes claires, nous demandons maintenant qu'elles soient appliquées par les professionnels (constructeurs et distributeurs).

Il s'agit pour commencer d'afficher séparément le prix de l'ordinateur et le prix des logiciels préinstallés. L'échéance était prévue pour septembre ; pour l'instant les distributeurs prennent leur temps pour s'y conformer, et on voit une évolution trop lente à nos yeux.

La seconde mesure concerne l'optionnalité, le fait de découpler l'ordinateur et les logiciels. Cela était prévu pour la fin de l'année. Autant vous dire qu'on en est très loin ! Si certains distributeurs renseignent plus ou moins sur les procédures de remboursement des constructeurs, ils est globalement toujours aussi difficile de se faire rembourser, et quasiment impossible d'acheter sans payer le système d'exploitation et les logicie

Ces mesures d'affichage des prix et de découplage des offres sont soutenues par le plan France Numérique 2012 d'Eric Besson, ce qui renforce tout à la fois la position de Luc Chatel et de la DGCCRF, mais aussi et surtout nos revendications.

Par la suite - car ça ne s'arrête pas là - il faut obtenir également 1/ l'information des consommateurs sur les licences et 2/ une diversification des offres et la possibilité d'avoir des ordinateurs réellement livrés nus, non préinstallés. Cela devrait se faire beaucoup plus facilement avec la prise de conscience des consommateurs que les logiciels préinstallés ne sont pas gratuits.

Sur ce dossier, il faut noter que nous sommes depuis plusieurs années soutenus par des parlementaires de tous bords qui posent des questions aux ministres et interviennent lors des débats en hémicycle, comme c'était le cas en novembre 2007 sur la loi sur la consommation et au printemps dernier sur la loi de modernisation de l'économie.

C'est un dossier important pour que le logiciel libre puisse se faire sa place sur le marché grand public, et l'April ne s'endort pas sur ses lauriers.

Ludovic : L'objectif actuel est 5000 adhérents à court terme. Quelle serait d'après vous la taille cible de l'April à long terme pour être viable et s'auto-financer de manière pérenne ? Comment ce chiffre se placerait-il par rapport au segment de la population visé par l'April (le nombre de libristes n'est pas extensible à l'infini !) ?

Benoît : 5000 adhérents permettent de financer 3 permanents à temps plein sur un an, plus les frais de fonctionnement de l'association, avec un peu de marge pour passer envisager un quatrième salarié. À long terme, quatre ou cinq salariés semblent un objectif raisonnable (ce qui signifierait donc plus d'adhérents encore, si l'on veut maintenir l'indépendance de la structure par un financement par les cotisations).

La remarque sur le nombre de libristes est intéressante : avant on considérait les pionniers du logiciel libre et ils étaient peu. Puis on a considéré comme libristes les nombreux informaticiens qui se mettaient peu à peu aux logiciels libres.

Force est de constater que maintenant le public concernait est bien plus large, n'est plus uniquement composé de geeks et de personnes dont le métier est l'informatique. Des personnes tous corps de métiers/activités confondus s'intéressent au logiciel libre et à sa philosophie (voir ce que je disais plus haut sur la diversité de nos adhérents). Femme (ou homme) au foyer, grands-parents, actifs, retraités, enseignants, associatifs, lycéens, etc., beaucoup de personnes ont découvert le logiciel libre.

Et bien plus encore en utilisent sans même en avoir pris (pour l'instant du moins) conscience... Internet repose sur les logiciels libres, et du logiciel libre embarqué dans des équipements électroniques se retrouvent un peu partout. Sans même parler du poste client, avec la percée de Firefox, GNU/Linux, des outils libres de blogs, de Vidéolan, de Jabber ou d'OpenOffice.org.

Ludovic : Quel est le pourcentage de femmes au sein de l'association ? Quelle est l'évolution de la population féminine depuis le début ? S'il y a eu des changements dans l'évolution, a-t-on pu corréler ces changements par rapport aux discours et actions de l'April ? (les 3 mêmes questions concernant les personnes handicapées - tous sexes confondus)

Il y a 6% de femmes au sein de l'association et je ne crois pas (à vérifier) que ce chiffre ait bougé depuis le début. Et 66% au sein de l'équipe de permanents :)

Benoît : Il y a actuellement entre 6 et 7% de femmes au sein de l'association, chiffre plutôt en augmentation me semble-t-il (à vérifier) , supérieur à la moyenne de l'associatif autour du logiciel libre. L'évolution est d'une part liée à l'amélioration de la communication interne et externe, et à des actions volontaires sur le terme de la diversité (cela fait partie de mes chevaux de bataille en tant que président).

Nous ne disposons pas de statistiques sur les personnes handicapées. Nous essayons par contre de veiller à l'accessibilité de nos documents et sites. Nous avons récemment participé à un groupe de travail sur l'accessibilité numérique au sein du FDI par exemple.

Frédéric : Concernant l'accessiblité nous avons effectivement participé à un groupe de travail du FDI qui abordait les problématiques d'accessibilité numérique des sites internet, j'ai travaillé avec Aurélien Levy, expert en conception Web et accessibilité et également à l'origine de la pétition pour l'accessibilité numérique des services publics. Et l'expo libre aura bientôt une version accessible (audio, braille...) et un nouveau panneau sur le thème logiciel libre et handicap.

Alix : En tant que femme je ne sais pas ce qui fait qu'on a si peu de présence féminine dans le libre. Mais il est vrai que j'y suis venue par mon frère et par les aspects politiques, pas par les milieux geeks profondément masculins.

Je pense que les milieux de développeurs sont déjà eux-mêmes très masculins, et que tant que le logiciel libre était considéré comme réservé aux informaticiens les femmes y trouvaient naturellement peu de place.

Je suis persuadée que la démocratisation du logiciel libre, le fait qu'il s'adresse de plus en plus au grand public, permettra d'augmenter la proportion de femmes parmi les personnes se montrant attachées à la promotion et à la défense du logiciel libre.

Ludovic : Connait-on la topologie des adhérents ? (e.g. : informaticiens/universitaires/autres)

Benoît : Oui. Voir le rapport moral 2007.

Frédéric : La typologie portait sur 1 296 fiches d'adhérents comme indiqué dans le rapport moral, nous essayerons de faire une nouvelle étude sur les 3 500 et plus adhérents à l'occasion de la prochaine assemblée générale prévue le 14 février 2009.

Ludovic : L'augmentation très sensible du nombre d'adhérents ne va-t-elle pas obliger le conseil d'administration à revoir la façon d'animer l'association ?

Benoît : Il est clair qu'une association ayant peu de membres (comme un GULL en formation, pour l'avoir vécu), une April à 200, 1000 ou 5000 membres, cela ne vit pas de la même façon. Donc oui le conseil d'administration revoit régulièrement sa façon d'animer l'association, mais c'est aussi vrai pour les permanents, pour les responsables de groupes de travail, ... et pour les adhérents eux-mêmes. Par exemple, à plusieurs milliers d'adhérents, il est illusoire de croire que tout le monde peut échanger simultanément sur la liste de diffusion, ça serait cacophonique. D'où l'intérêt d'avoir des lettres internes et externes résumant l'information, d'avoir des groupes de travail, des réunions régulières avec les membres, etc.

Dernier point, « obliger » n'est pas le mot, ce n'est pas une contrainte, c'est un choix voulu et assumé : il était nécessaire d'augmenter le nombre d'adhérents, et l'animation de ces adhérents est la conséquence logique.

Ludovic : Combien y'a-t-il de petites entreprises adhérentes de l'April (TPE) ?

Benoît : Nous ne disposons pas directement de cette information via notre système de gestions des adhérents : même en utilisant les cotisations, nous ne définissons que des montants minimaux et certaines entreprises majorent d'elles-même leur cotisation ; d'autre part il y aussi des TPE qui ne sont pas adhérentes en tant que personnes morales, mais uniquement représentées par leur dirigeant en tant qu'adhérent individuel, notamment pour les structures les plus récentes. Il y a la fois beaucoup de petites entreprises adhérentes, mais aussi un large éventail de moyennes et de grandes, avec certaines dont l'activité n'est pas liée à l'informatique et au logiciel, ce qui en terme de diversité est particulièrement notable.

Ludovic : Existe t'il un discours rodé pour utiliser des logiciels libres dans le cadre d’une activité professionnelle ?

Benoît : Un argumentaire est toujours à adapter aux personnes auquel il sera présenté, sauf à vouloir un catalogue sans fin à la Prévert qui les n'intéressera pas vraiment... Suivant les cas on parlera indépendance, sécurité, réutilisation, qualités techniques, aspects éthiques, multilinguisme, personnalisation possible, mutualisation, consortium possible entre entreprises, etc.

Bref les qualités peuvent être techniques, sociales, éthiques, stratégiques, économiques, juridiques, ... Vaste programme. Nous travaillons bien sûr à produire des documents couvrant tel ou tel sujet, comme le livre blanc sur les modèles économiques par exemple.

Ludovic : Si l'action de l'April est de promouvoir et de défendre les intérêts du libre n'y a-t-il pas une place à prendre pour l'April quant à être un vecteur d'intégration des différences et donc promouvoir aussi le libre comme outil de mixité sociale ?

Benoît : Évidemment. Les aspects sociaux et éthiques font partie des valeurs défendues par l'April. LibreAssociation s'adresse d'ailleurs aux associations travaillant dans ces domaines, qui sont susceptibles d'être les plus sensibles à notre démarche.

Ludovic : Comment peut on relayer efficacement au niveau local les actions nationales entreprises par l'April ? Ce n'est pas faute de vouloir ou de temps, mais uniquement de savoir ce qui est efficace et ce qui ne l'est pas.

Alix : Chaque élection est l'occasion de relayer les actions de l'April auprès des responsables politiques. Mais la sensibilisation des élus peut également se faire hors campagne, à toute occasion !

Ce n'est pas très compliqué de contacter un élu. Il suffit de savoir quel message on souhaite faire passer, et de prendre son téléphone / d'écrire un courriel / un courrier postal. On ne reste généralement pas sans réponse.

C'est difficile de répondre sans contexte et sans savoir ce que l'on entend par « niveau local » (un GULL, une asso de quartier, le cadre familial ou professionnel, etc.). Le premier point c'est déjà d'avoir accès à l'information (donc qu'elle existe, est adaptée au public visé et est à un endroit connu) et ensuite on peut réfléchir à comment la diffuser. Et bien sûr il faut se poser la question inverse, comme remonter l'info locale vers l'April.

Frédéric : Le relais local de nos actions est important, comme l'a très bien expliqué tout à l'heure Alix. Aller voir par exemple son député pour lui exprimer les problèmes que pose tel projet de loi est très utile pour nos actions.

Ça peut être aussi par exemple relayer auprès d'associations locales notre questionnaire d'usage sur les pratiques associatives.

À l'inverse il est aussi utile de faire remonter les bonnes pratiques dans les différentes régions. En tout cas il ne faut jamais hésiter à nous solliciter pour savoir si telle ou telle action peut être utile ou pour avoir des précisions ou des conseils.

Un exemple d'action me vient à l'esprit : aider à organiser des déplacements dans différentes régions, villes pour rencontrer les acteurs locaux (institutionnels, presse, acteurs économiques, sociaux...). Je me suis ainsi déplacé récemment à Lyon, Lille, Nantes, Strasbourg, Saint Étienne et à chaque fois l'aide de membres locaux a été précieuse pour organiser le déplacement

Ludovic : Sur le thème de l'interopérabilité: quid des formats, codecs et des lecteurs associés sur des systèmes propriétaires ? Quid des périphériques non supportés sous GNU/Linux ? Faut-il obliger les fabricants à le faire ?

Alix : C'est un des enjeux du dossier vente liée justement. Le fait de mettre un terme au monopole de Microsoft sur le marché grand public permettra une meilleure prise en compte des systèmes libres par les fabricants de périphériques.

Si la part d'utilisateurs de systèmes libres augmente sensiblement, alors ils ne seront plus les parents pauvres en terme de pilotes. Cela deviendra un enjeu de marché pour les fabricants.

Pour ce qui est des formats, le support du Ogg Theora dans Firefox 3.1 est un plus pour s'affranchir à terme des technologies Flash.

Benoît : Techniquement, formats fermés, codecs secrets et lecteurs propriétaires posent de nombreux problèmes en eux-même (sécurité, pérennité, archivage, copie privé, non disponibles avec du logiciel libre, etc.). Ensuite ils posent des problèmes économiques (création de monopoles et les abus de position dominante associés), juridiques (brevets logiciels par exemple), d'indépendance, etc. On voit que ces problèmes sont liés aux 4 dangers identifiés DRM, vente liée, brevets logiciels et informatique déloyale.

Concernant les périphériques, il y a souvent derrière des volontés de secret, des problématiques de brevets logiciels, des soucis techniques à cache, de la méconnaissance aussi parfois. Avoir accès aux spécifications techniques serait un premier pas fort utile, avant d'avoir par la suite un pilote libre pour GNU/Linux ou pour les autres systèmes d'exploitation libres BSD ou autres d'ailleurs, qu'il convient de ne pas oublier ici.

Ludovic : J'avais envisagé de ne plus utiliser windows dès juillet 2008. Malheureusement, on ne trouve guère de réponses à propos des problèmes qu'on rencontre avec les logiciels libres, et surtout pas de contacts avec de vraies personnes. En quoi l'April peut-elle m'aider sur ce sujet ?

Benoît : L'April n'intervient pas directement sur des aspects purement techniques, mais par contre elle est un noeud de communication dans le monde du logiciel libre, et connaît probablement le groupe d'utilisateurs le plus proche ou l'association des utilisateurs de la distribution concernée, qui seront à même d'aider.

Frédéric : il y a de très nombreux groupes d'utilisateurs de logiciels libres dans les différentes régions françaises, en fonction de l'endroit où vous habitez nous pouvons vous orienter vers les personnes qui sauront vous aider.

Ludovic : Sur l'attitude de nouveaux-venus; transfuges d'Apple ou Microsoft, plus habitués à manier la souris que le clavier et qui ne désirent pas travailler en mode-texte ou qui ne veulent qu'effleurer superficiellement les arcanes de l'informatique parce que cela ne les intéresse pas trop. Ceux qui considèrent GNU/Linux comme un moyen de communiquer et non comme une fin en soi. Face à eux ; l'ostracisme de libristes ultras, qui considèrent qu'ils n'ont rien à faire chez eux !

Ludovic : Question : Si les libristes veulent attirer le grand-public avec eux ne doivent-ils pas aussi apprendre à "manger leurs chapeaux" et à aller encore plus loin dans le désir de faciliter l'utilisation de ces systèmes et ne pas rester dans leur ghetto très étriqué ? De grands efforts ont été faits ces temps-ci (surtout par Ubuntu ) mais est-ce suffisant ?

Frédéric : les distributions logiciels libres (que ce soient les Ubuntu, Mandriva, Fedora ou les differents BSD) et les applications ont fait des progrès considérables ces dernières années, aujourd'hui à la fois le grand public et l'expert trouve son compte avec les logiciels libres et le travail des différents groupes d'utilisateurs est fondamental et unique pour accompagner les premiers pas des nouveaux utilisateurs.

Benoît : C'est plutôt caricatural comme vision, mais oui, les premiers contacts sont essentiels. Les relations humaines ne sont pas à négliger, même si certains y sont moins habitués qu'à leur clavier. Accompagner les premiers pas sous un environnement nouveau nécessite un peu de pédagogie. :)

Alix : En tant que non informaticienne je ne me sens pas exclue du tout ! Le fait de ne pas utiliser la ligne de commande quotidiennement n'empêche pas de s'intégrer dans les milieux libristes, en tout cas pas de mon point de vue

L'entourage, le fait de trouver de l'aide quand on en a besoin contribue beaucoup à cette intégration. Pour cela, les GULLs et les différents forums sont une aide précieuse.

Ludovic : Est-il prévu de mettre en oeuvre des outils pour faciliter le travail des membres de l'association, plutôt que de travailler avec "quelques connaissances", comme ce devait être le cas à l'époque où l'April comptait moins de 400 membres ? De même n'y a-t-il pas des dysfonctionnements ou des améliorations à apporter sur les outils à disposition des groupes de travail (listes de diffusion, blogs, wiki ou encore sondage).

Benoît : Drupal est un des outils mis en place pour faciliter le travail des membres. Idem pour le Mediawiki. Les groupes de travail ont déjà accès à des listes de diffusion, un wiki, des possibilités de sondage via Drupal, etc. Après, nous travaillons en permanence à essayer d'améliorer les outils à disposition, et c'est un sujet récurrent lors des réunions avec les adhérents.

Frédéric : Beaucoup de travail a déjà été fait depuis la précédente campagne d'adhésion où nous avions anticipé la problématique de la montée en charge (amélioration de l'outil de gestion des adhérents, mise en route d'un nouveau site web....).

En complément des outils il y a des réflexions permanentes sur l'amélioration des processus de communication, travail en commun... et un groupe de travail "animation" a récemment été créé justement pour améliorer la manière dont on fonctionne en tant que communauté. On commence à avoir fait un large tour des problématiques et des solutions qu'on peut y apporter.

Ludovic : Dernière question ou plutôt: avez-vous quelque chose à ajouter ?

Alix : L'April a récemment participé à l'organisation d'un nouvel événement, le Forum Mondial du Libre. Au-delà de l'événement, qui a réuni de nombreux intervenants venant d'une vingtaine de pays, ce Forum a été l'occasion de produire une feuille de route pour le logiciel libre.

En tant que directrice du thème "politiques publiques", j'ai dirigé l'élaboration de la feuille de route pour ce thème. Elle s'intéresse à la législation, à la commande publique, à la politique d'innovation et à la société.

Cette feuille de route s'adresse aux pouvoirs publics en leur donnant près de 30 recommandations pour garantir un écosystème favorable au développement du logiciel libre. Elle est destinée à évoluer, à être enrichie au fil des ans et sera bientôt mise en ligne sur un site collaboratif. Pour l'heure, vous pouvez consulter la version actuellement publiée sur http://www.openworldobservatory.org/discover.

Frédéric : Le logiciel libre est une extraordinaire aventure sociale, économique, politique mais surtout humaine. Ca fait douze ans que je m'investis dans l'April et j'ai eu la chance de rencontrer des gens admirables, je ne peux que vous inviter à nous rejoindre.

Comme je l'écrivais en 2001 nos adversaires ont beau porter à la fois costume et sourire arrogant, ils ne savent pas encore que la mutation est irrémédiablement engagée. Ils ont déjà perdu, mais il est encore trop tôt pour crier victoire. Rassemblons nous, partageons nos expériences, dégageons des espaces de libertés.

Vive le logiciel libre.

Benoît : Adhérez et relayez la campagne d'adhésion ! Et venez fêter avec nous les 12 ans de l'association.

Je voudrais ici saluer le dévouement, le mérite et l'imagination des adhérents, illustrés par les milliers d'heures de bénévolat valorisé comptabilisées. Et bien sûr la quantité mais aussi la qualité des actions réalisées par notre équipe de permanents. Merci à tous. Et à très bientôt pour les actions à venir de promotion et défense du logiciel libre. Vive l'April.

Ludovic : Notre soirée touche à sa fin, un grand merci à nos intervenants, Benoît Sibaud, Frédéric Couchet et Alix Cazenave (double record pour les causeries, avec plus de 3h de durée et 3 intervenants).

Mais également à Tanguy Ortolo, j, Florent Zara, ewasx, Moun's, sebastw, Alain Pierson, Aimé Vareille, Poupoul2, PoluX, coin_pan et laurentnowa pour leurs questions.

Enfin, merci à tout ceux présents ici même pour cette treizième causerie !

Pour en savoir plus : http://www.april.org

Pour nous rejoindre : http://www.april.org/adherer

Des soirées bientôt : http://www.april.org/fr/lapril-fete-ses-12-ans

Benoît : Merci à toi Ludovic pour la modération de cette longue soirée :)

Frédéric : merci à toi Ludovic