Scandale Volkswagen : logiciel libre, ingénierie inverse, il est grand temps !

Le scandale du trucage au moment des tests anti-pollution opéré par Volkswagen, révélé en septembre 2015, rappelle l'importance du logiciel libre mais également du droit à l'ingénierie inverse pour tous.

La société Volkswagen a équipé certain de ses véhicules vendus aux États-Unis d'informatique embarquée qui permettait une fraude au moment des tests anti-pollution. Ce nouveau scandale illustre le danger du manque de transparence, de contrôle et de confiance inhérent à ces « boîtes noires ».

Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où l'informatique est omni présente et dans lequel de plus en plus d'algorithmes définissent la loi, l’interprètent et, last but not least, permettent de la contourner sans vergogne.

Volkswagen démontre qu'un grand groupe industriel européen est capable de monter une fraude à l'échelle industrielle et de narguer les contrôles existants. Rappelons qu'en 2006, Sony avait massivement piraté et compromis la sécurité des ordinateurs de ses clients au travers d'un rootkit intégré à des CD audio. Rappelons également que dans le monde informatique, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont, sans aucun état d’âme, espionné leurs utilisateurs dans un cadre juridique certes légal, mais clairement antidémocratique.

L'enjeu de la fraude de Volkswagen est considérable. Il s'agit d'une question de santé publique. Ce cas démontre les conséquences considérables que peut avoir le verrouillage du code, code qui désormais pilote de nombreux objets de notre quotidien. La formule « maîtriser son informatique ou être maîtrisé par elle » est plus que jamais pertinente.

La publication du code source, sous licence libre, des logiciels utilisés, est indispensable pour rétablir la confiance du public envers les constructeurs et la crédibilité en de tels contrôles, au-delà du secteur de l’industrie automobile. Mais cette condition, indispensable, n'est pas suffisante.

En effet, dans le cas de Volkswagen la disponibilité du code source de l'informatique embarquée n'aurait pas suffi. Il faut également être sûr que la version du logiciel utilisé dans la voiture corresponde à ce code source. Et pour cela il faut permettre l'ingénierie inverse1 des logiciels installés. L'Electronic Frontier Foundation (EFF) rappelle que celle-ci est très restreinte aux États-Unis par les règles du droit d'auteur (cf. l'article en anglais de l'EFF).

Dans le même genre d'élucubration, les fabricants de tracteurs souhaitent que les agriculteurs n'aient plus le droit de réparer leurs tracteurs.

Souhaitons que ce scandale, révélé aux États-Unis, permette de relancer un véritable débat de société dans lequel l'Europe doit prendre toute sa part, notamment dans le cadre de la possible révision de la directive européenne sur le droit d'auteur.

  • 1. Selon Wikipédia : l'ingénierie inverse est l'activité qui consiste à étudier un objet pour en déterminer le fonctionnement interne ou la méthode de fabrication