Retours d'expérience de députés français suite à la migration de leur poste de travail en logiciel libre

  1. Interview vidéo des députés et commentaires de l'April
  2. Transcription de l'interview de Pierre Lasbordes
  3. Transcription de l'interview de Rudy Salles
  4. Transcription de l'interview d'Alain Vidalies
  5. Transcription de l'interview d'Alain Vidalies sur les RMLL

Interview vidéo des députés et commentaires de l'April

Bertrand Lemaire de CIO Online a interviewé en juin 2008, un an après la migration des postes de travail sous logiciels libres, trois députés.

Les députés et leurs assistants utilisent depuis un an sur leurs postes de travail un système GNU/Linux. Cette migration résulte de la démarche de députés de tous bords, Bernard Carayon (UMP) en tête, et d'une décision collégiale du Président Jean-Louis Debré et des questeurs Guy Drut (UMP), Claude Gaillard (UMP) et Didier Migaud (PS).

Un an après, cette migration semble faire l'unanimité. Les députés se disent satisfaits de leur nouvel équipement ; ils saluent le travail des services informatiques de l'Assemblée nationale et notent la facilité et la rapidité avec lesquelles les utilisateurs se sont adaptés. Le député Rudy Salles, Président (NC) de la Délégation chargée de l'informatique et des nouvelles technologies, a par ailleurs souligné qu'une économie de 500.000 euros avait pu être réalisée grâce aux logiciels libres.

Cette migration est une réussite à double titre : en interne à l'Assemblée nationale, où les postes sont gérés par les services informatiques de l'Assemblée ; et en externe, avec des députés qui ont choisi d'utiliser des logiciels libres (système et/ou applications) dans leurs permanences parlementaires.

Malgré des délais très courts et un rythme de travail soutenu, les députés et leurs assistants se sont aisément adaptés à leur nouvel environnement. Cela montre que les logiciels libres sont indubitablement prêts pour le poste de travail, tant en entreprise que pour le grand public. L'interopérabilité avec d'autres systèmes, soulignée par Monsieur Rudy Salles, en est incontestablement un point clé. »

Les députés ont montré l'exemple en choisissant d'utiliser eux-mêmes des logiciels libres. Ce faisant, ils encouragent les acteurs français d'un secteur économique prometteur, promeuvent l'interopérabilité et ouvrent la voie à d'autres migrations - à commencer par les services administratifs de l'Assemblée nationale.

Bertrand Lemaire a également interviewé Alain Vidalies, députés PS, concernant les 9èmes Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (Mont de Marsan, 1er au 5 juillet 2008) : l'interview vidéos.

Les transcriptions de ces différentes interviews sont disponibles ci-dessous.

Transcription de l'interview de Pierre Lasbordes

Retour d'expérience - Pierre Lasbordes, député UMP de l'Essonne: L'interview de Pierre Lasbordes en vidéo


Bertrand Lemaire: "Bonjour; il y a un an, l'Assemblée Nationale prenait la
décision de passer l'ensemble des postes de travail des députés sous
Linux. Nous allons aller voir un an après ce que cela devient, avec
Pierre Lasbordes, député de l'Essonne."

BL: "M. Lasbordes, bonjour."

Pierre Lasbordes: "Bonjour."

BL: "Vous êtes député de l'Essonne, la circonscription de
Polytechnique."

PL: "Non, du plateau de Saclay, l'Ecole Polytechnique ne fait pas
partie de ma circonscription. Je n'ai que Supélec, le CEA, la plus
grosse délégation du CNRS et Paris XI Orsay."

BL: "Donc beaucoup d'ingénieurs, beaucoup de doctorants, beaucoup de
scientifiques; et donc vous êtes un utilisateur forcé, un peu, de
l'informatique. Et vous avez vécu, depuis 11 ans que vous êtes député,
un certain nombre d'évolutions. Donc, tout d'abord en 97, comment cela
se passait lorsque l'on était député et que l'on arrivait, comme ça
là pour la première fois ?"

PL: "Eh bien, d'abord on était très bien accueillis, très bien
accueillis, avec notre traditionnel cartable, avec un certain nombre
d'informations qui nous facilitaient disons notre implantation à
Paris. Et nous avons donc, moi j'ai eu un bureau au 233 boulevard St
Germain, un bureau un peu ancien certes, mais qui était bien
équipé. Il y avait un matériel informatique récent, et donc des
séances de formation pour ceux qui voulaient, et donc on a pu
travailler immédiatement, de manière assez efficace, je dirais
automatique quoi. On avait un certain nombre d'outils, disons
modernes, à notre disposition."

BL: "Et donc, à cette époque-là, vous aviez un ordinateur pour
l'ensemble de votre bureau, donc également pour votre collaborateur,
et vous aviez également votre matériel dans votre circonscription ?"

PL: "Tout à fait, puisqu'on disposait à l'époque, tout comme
maintenant, d'un crédit informatique, qui nous permettait d'équiper
notre permanence avec le matériel de son choix. Ce qui n'est
d'ailleurs pas une mauvaise initiative, parce que on peut choisir la
marque, la taille ou les caractéristiques d'un ordinateur, et donc on
avait une grande liberté dans le choix."

BL: "Avec la dernière législature, vous êtes désormais doté d'un
ordinateur sous Linux. Qu'est ce que ca a changé pour vous,
personnellement, mais également dans vos relations avec votre
circonscription, pour vos collaborateurs, etc. ?"

PL: Eh bien pour mes collaborateurs, on a été obligés de se former à
un nouveau produit, même si on dit qu'il est plus performant, c'est
quand même un nouveau produit, qui bon au départ a eu quelques
difficultés à démarrer, comme tout système. Je crois qu'aujourd'hui
mes collaborateurs sont assez satisfaits de l'utiliser. C'est vrai que
c'est différent de Windows, on a plus l'habitude de travailler avec
Windows, dans ma circonscription aujourd'hui, on est restés avec
Windows, mais on arrive relativement facilement à échanger des
fichiers, c'est ça qui importe."

BL: "Vous n'utilisez pas de smartphones, ou de choses comme ca, de
calendrier partagé ?"

PL: "On essaye de travailler de manière efficace, moderne, mais pas
trop compliquée, en fonction du niveau des gens..."

BL: "D'accord. Globalement, êtes-vous satisfait de la situation
actuelle, et est-ce que en termes de retour sur investissement en
particulier, puisque a priori il y a une différence de coût, est-ce
que vous en êtes satisfait ?"

PL: "Eh bien oui j'en suis satisfait, puisque mes collaborateurs ne
viennent pas tous les jours me dire qu'ils ne sont pas contents, et
que l'on est pas tous les jours à appeler le service informatique de
l'Assemblée, qui est à chaque fois très réactif. Donc je pense que
c'est un bon choix, je pense que pour les dépenses publiques c'est
aussi un bon choix, parce que probablement c'est moins cher en
maintenance, qu'un produit, disons, dit propriétaire. Donc on devrait
être gagnant sur tous les plans. Il faut quand même savoir qu'un
logiciel libre n'a pas forcément toutes les caractéristiques, toutes
les performances, d'un logiciel propriétaire, il faut en être
conscient. Mais je crois que pour ce qu'on a à faire ça suffit."

Transcription de l'interview de Rudy Salles

Retour d'expérience - Rudy Salles Député NC des Alpes Maritimes : L'interview de Rudy Salles en vidéo.


Bertrand Lemaire: "Bonjour, il y a un an l'Assemblée Nationale prenait la
décision de basculer l'ensemble de ses postes sous Linux. Nous allons
aller voir Rudy Salles, vice-président de l'Assemblée Nationale,
député de Nice pour voir le bilan de l'opération un an après."

BL: "Monsieur Salles, bonjour."

Rudy Salles: "Bonjour."

BL: "Donc vous êtes vice-président de l'Assemblée Nationale, en charge
de l'informatique; et vous êtes en plus député depuis 20 ans. Il y a
beaucoup de choses qui ont changé en 20 ans, surtout en informatique,
et surtout ici. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?"

RS: "Ben écoutez, il y a 20 ans il n'y avait pas d'informatique. En
tout cas pas à disposition des députés. Personne n'avait d'ordinateur
dans ses bureaux. Moi-même dans ma permanence je n'avais pas
d'ordinateur, nous avions des machines à écrire. Et dans nos bureaux
nous avions aussi des machines à écrire, nous avions un fax à l'étage,
même pas dans nos bureaux. Il fallait qu'on aille au bout de l'étage
et qu'on attende son tour, parce qu'il y avait un certain nombre de
de députés ou de collaborateurs qui attendaient pour envoyer un fax. Donc
vous voyez, nous perdions beaucoup beaucoup de temps dans
manipulations de tous ordres, parce que nous n'avions pas cet outil
informatique, qui tout simplement n'existait pas."

BL: "Donc c'est arrivé fin des années 90, présidence de M. Forni, et
comment ca c'est passé finalement cette arrivée de l'informatique ?"

RS: "Eh bien il y a eu une réunion du bureau dont je me souviens très
bien dans laquelle on a évoqué la possibilité de mettre des
ordinateurs dans chacun des bureaux des députés. La question qui s'est
posée au sein du bureau c'est : faut-il mettre un ordinateur dans
chaque bureau, ou faut-il mettre dans certains bureaux ? Je me
souviens d'ailleurs de l'époque ou quand il y avait un ordinateur,
vous aviez des gens qui mettaient parfois un petit napperon dessus,
pour pas qu'il prenne la poussière. C'est pour vous dire comment on
s'en servait souvent. Et donc j'ai posé la question de savoir si on
s'interrogeait pour savoir s'il fallait mettre un téléphone dans tous
les bureaux ou dans certains bureaux. Et que très certainement, une
fois que l'on aurait mis les ordinateurs, on se rendrait compte qu'il
en faudrait partout. Donc on a retenu l'hypothèse d'en mettre dans
tous les bureaux. Et puis on a dit : mais est-ce qu'on prend sur
l'enveloppe informatique des députés, ou bien est-ce que c'est pris
sur le budget de l'assemblée nationale ? Moi j'ai dit : vous ne pouvez
pas le prendre sur l'enveloppe informatique parce que les députés,
notamment les députés de base, qui n'ont pas de collectivité
territoriale, ont besoin de s'équiper en informatique dans leur propre
bureau, en permanence; et je me souviens moi du début où nous avions
d'abord un ordinateur, qui était branché sur la ligne de téléphone,
qui n'était pas en haut débit, et puis petit à petit on s'est
améliorés. Maintenant à ma permanence, j'ai évidemment mis un réseau,
tout le monde travaille en réseau, avec une mémoire centrale où
l'ensemble des fichiers sont regroupés, et où tous les collaborateurs
travaillent sur le même système."

BL: "Alors justement, vous aviez donc un ordinateur portable déjà sur la
précédent législature; c'était sous Windows; comment vous avez pris
cette décision de basculer sous Linux, et d'une manière générale sur
les environnements libres ?"

RS: "Alors, dans la précédence législature, il y a une décision qui a
été prise d'ailleurs fort tard, à quelques mois seulement du
renouvèlement de la législature. Et ça ça a été quelque chose de très
dur à assumer pour les services, parce qu'en quelques mois c'était
très difficile de passer d'un système à l'autre. La raison pour
laquelle on est passé d'un système à l'autre, je ne crois pas qu'il y
avait un mécontentement vis-à-vis de Windows, sincèrement je ne le
crois pas; mais il y avait la volonté peut-être de n'être pas sous la
coupole d'un monopole comme Windows, et d'essayer justement le
logiciel libre. C'était un peu une décision politique à l'époque, qui
a été assumée d'ailleurs par quasiment tous les groupes de l'assemblée
nationale. Et donc les services ont fait des prouesses pour passer
d'un système à l'autre en quelques mois. On est arrivés l'année
dernière, non seulement on avait un nouveau système informatique,
l'Assemblée Nationale était en chantier partout, ça a été un tour de
force que d'arriver à faire fonctionner tout ça. Et je dois dire que
les services s'en sont pas mal sortis, même s'il y a eu quelques ratés
au démarrage, mais enfin, finalement, l'un dans l'autre, à part les
quelques semaines de démarrage un peu difficiles, et de réaménagement
dans les bureaux etc., on peut dire que le passage s'est fait de façon
très correcte."

BL: "Vous qui avez 20 ans de recul sur tout ça, justement, est-ce que
finalement ce passage à Linux a été plus compliqué que les livraisons
de nouvelles machines à une autre législature ?"

RS: "Il a été moins compliqué que ce que l'on pouvait penser. On ne
perd pas totalement ses repères. Il y a évidemment une présentation
différente, mais on peut dire que les grandes fonctionnalités, on les
retrouve assez vite. Alors c'est vrai que l'on change un peu ses
habitudes, mais vous savez, quand vous passez de Windows XP à Vista,
ou à un autre système, finalement là aussi vous étes obligés d'évoluer
et de changer un peu vos habitudes. Donc ça, ça s'est fait assez
rapidement. Les services, d'ailleurs, informatiques de l'Assemblée
mettaient à disposition des députés et des collaborateurs des stages
de formation, et bien nous avons fait le bilan de ces stages de
formation, il n'y a eu quasiment personne qui est venu aux stages de
formation, parce que finalement tout le monde s'en est sorti tout
seul. Tant mieux. On avait mis des stages de formation qui n'ont pas
beaucoup servi, ça veut dire que les gens n'en avaient pas besoin et
donc ça veut dire que ca a été plus simple que prévu."

BL: "Et donc, globalement, vous-même, en tant qu'utilisateur de base,
puisque vous n'êtes pas informaticien, vous êtes avocat de formation,
comment vous avez vécu cette bascule; est-ce que par exemple vous qui
utilisez, parce que vous êtes quand même assez féru d'informatique,
des Blackberry, des choses comme ça, comment ça s'est passé cette
bascule ? Est-ce que ça a été plus compliqué de coordonner votre
agenda, par exemple, sous Linux plutôt que sous Windows ?"

RS: "Ben c'est-à-dire que sous Windows, nous n'avions pas cette
fonctionnalité de l'agenda partagé. Avec Linux, avec le nouveau
système nous l'avons, et donc nous avons apporté des services
supplémentaires aux députés, que nous ne soupçonnions même pas dans
la précédente législature. Et donc après un temps d'adaptation, assez
facile, sur le plan technique un peu plus compliqué, parce que la
synchronisation ne se faisait pas avec tous les téléphones portables;
elle ne se fait toujours pas d'ailleurs avec tous les téléphones
portables, mais ça marche très très bien avec un certain nombre de
téléphones identifiés. Il a fallu aussi qu'on prenne des contacts avec
les sociétés de radiotéléphones comme SFR, comme Bouygues, ou comme
Orange, parce que la aussi il y avait des choses à adapter. Mais
finalement tout cela s'est fait de façon assez remarquable, et
aujourd'hui c'est un système qui donne grande satisfaction, qui nous
donne une souplesse d'utilisation : moi je suis avec mon téléphone
portable, j'ai ici mon bureau; c'est-à-dire, vous voyez, il me demande
même de dire une commande, ce que je ne lui donne pas tout de suite,
mais j'ai mon agenda la-dessus, j'ai l'ensemble de mon répertoire, mes
secrétaires à Nice ou à Paris modifient mon agenda, et en temps réel
je sais exactement ce qui va se passer dans l'heure qui suit où que je
sois, que ce soit ici, que ce soit ailleurs en France ou même à
l'étranger. Donc là c'est un progrès formidable que nous n'avions pas
avant. Et je dois dire que pour les députés qui sont par définition
des gens qui voyagent beaucoup, qui bougent beaucoup, c'est un outil
extraordinaire."

BL: "Vous même qui êtes député de Nice, donc, à quoi... à 800km d'ici,
est-ce que votre permanence est toujours sous Windows, où est-ce
qu'elle a aussi basculé sous Linux, et finalement comment se passe la
coordination entre votre bureau ici et votre bureau là-bas ?"

RS: "Alors écoutez, ça se passe très bien. Moi je suis resté sous
Windows dans ma permanence, parce que j'ai un parc informatique qui
est ce qu'il est; et je n'ai pas les moyens surtout de le renouveler
non plus. Mais la synchronisation avec ce système-là marche très bien,
et à la mairie de Nice, nous avons Lotus. Et bien les trois systèmes
fonctionnent parfaitement, de façon très harmonieuse, et nous n'avons
aucun problème de compatibilité. Donc voyez, on n'a pas à se plaindre
non plus de ce côté-là."

BL: "Globalement, en tant qu'utilisateur, quel est votre bilan de cette
bascule ?"

RS: "Et bien ça nous permet d'abord de nous, contrairement à ce que
l'on pense, on pense que l'informatique asservit les gens,
l'informatique, faut faire bien évidemment attention de ne pas en être
prisonnier, mais d'abord ça vous libère d'un certain nombre de
difficultés liées à l'espace, on était à un certain endroit et pas à
un autre, on ne pouvait pas faire certaines tâches parce qu'on n'y
était pas, maintenant grâce justement à l'informatique, et à
l'informatique je dirais itinérante, nous avons la possibilité d'être
toujours en contact avec sa base de travail. Et donc ça c'est très
important. Et d'autre part, nous avons ajouté beaucoup de
fonctionnalités, notamment la dématérialisation de toute la paperasse
de l'Assemblée Nationale, en particulier l'envoi des questions
écrites. Maintenant l'envoi des questions écrites, c'est d'un clic
immédiatement enregistré au bureau de l'Assemblée Nationale. Inutile
de vous dire que plus ça va aller, plus cette dématérialisation va se
faire, et plus on pourra fonctionner de la circonscription comme on
fonctionne de Paris. Car avant il y avait une grande différence, il y
avait les députés de Paris, qui avaient accès à tous les services de
l'Assemblée Nationale ici, et les députés de province qui n'avaient
droit à rien. Et bien maintenant, les députés de province vont avoir
l'ensemble des services de l'Assemblée Nationale à domicile grâce à
l'informatique."

BL: "Ce qui est quand même un sacré progrès."

RS: "Ce qui est un immense progrès. Et ça commence à remettre à
égalité les députés de province et les députés de Paris, et là je peux
vous dire qu'il y avait des disparités dont nous avons souffert
pendant de très nombreuses années et qui nous rendaient la tâche
beaucoup plus difficile."

BL: "Et pour terminer, en tant que gestionnaire de l'Assemblée
Nationale, quel est votre bilan de l'opération ?"

RS: "Et bien en tant que gestionnaire, le Logiciel Libre, puisque nous
avons fait un certain nombre d'analyses, c'est 500 000 euros
d'économies"

BL: "Sur nos impôts ?"

RS: "Sur nos impôts. Et je peux vous dire qu'à l'intérieur des membres
du bureau de l'Assemblée Nationale, il y avait un certain nombre de
gens qui étaient plutôt réservés sur le Logiciel Libre, et qui étaient
plutôt attachés à Windows, par tradition, je dirais, par pratique, et
qui finalement se sont rendus compte qu'à l'usage nous avions les
services les mêmes, équivalents, parfois mieux, parfois moins bien,
mais à la marge; en tout cas au moins équivalents. Mais surtout quand
on a fait les comptes, 500 000 euros moins cher, là ça commence à
compter et tout le monde se rend compte que nous avons eu probablement
raison de prendre cette décision il y a quelques années.

BL: "M. Salles, je vous remercie beaucoup."

RS: "Merci à vous."

Transcription de l'interview d'Alain Vidalies

Retour d'expérience - Alain Vidalies Député PS Landes : L'interview de Alain Vidalies en vidéo.


Bertrand Lemaire: "Bonjour. Il y a un an, l'Assemblée Nationale prenait la décision
de basculer l'ensemble de ses postes de travail sous Linux. Nous
allons aller voir Alain Vidalies, député PS de Mont-de-Marsan, pour
voir ce qu'il en pense."

BL: "M. Vidalies, bonjour."

Alain Vidalies: "Bonjour."

BL: "Cela fait 20 ans cette année que vous êtes député au sein de cette
prestigieuse maison. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu
de l'évolution de l'outil informatique dont vous avez disposé en tant
que député, et en particulier dans les années 80, est-ce que vous
aviez vous-même un ordinateur ?"

AV: "Je pense que c'est comme dans toutes les entreprises, ici. On a
vécu vraiment, moi j'ai vécu puisque je suis là depuis 1988, toutes
les évolutions; c'est-à-dire rien au départ, et puis l'émergence de
l'ordinateur, les premiers équipements, des habitudes à prendre de
travail, la révolution, la qualité de travail évidemment, et surtout
l'intervention de l'administration. C'est-à-dire que aujourd'hui
progressivement tous les amendements, toute une série de
correspondance que nous avons avec l'administration de l'Assemblée
Nationale, une grande partie du travail s'est informatisé."

BL: "Alors, la précédente législature vous disposiez d'un ordinateur,
comme à chaque législature, mais... Auparavant il était sous Windows,
aujourd'hui vous êtes passé sous Linux, comment s'est passée cette
migration ?"

AV: "Alors, sur le plan personnel avec beaucoup d'inquiétudes, quand
les gens de ma génération pensaient pouvoir enfin profiter de l'outil
informatique, on leur a annoncé ce qui devait être une grande
révolution. Donc il y avait beaucoup d'inquiétudes sur cette
affaire. Alors c'est vrai que nos collaborateurs qui sont plus jeunes
ont essayé de nous rassurer sur ce qui allait nous arriver. Donc un
peu perdu, mais au fond pas très longtemps. La vérité c'est que même
ceux qui étaient pas des férus d'informatique, pour qui c'était un
outil essentiellement, ont vite appris. Ca a été bon uniquement des
sigles différents qui sont apparus pour nous, bon, système
d'exploitation Kubuntu qui apparait tout d'un coup. Mais dans la
pratique aujourd'hui, avec le recul, je peux dire que ça a été, y
compris pour quelqu'un qui n'était pas très attentif à ces
questions-là, en tant qu'utilisateur, pour mon travail parlementaire
aujourd'hui, je suis complètement satisfait de ce nouveau système. Et
je pense que ceux qui réfléchissent, je pense à des collectivités
locales, ou peut-être à des entreprises, à la difficulté de passer
sous Linux, n'ont aucune crainte à avoir, parce que je suis un témoin
privilégié du fait que quelqu'un qui remplissait toutes les conditions
pour être un utilisateur dérouté, est en fait aujourd'hui un
utilisateur parfaitement satisfait."

BL: "En l'espace de trois mois ?"

AV: "En l'espace de trois mois; ca a été extrêmement rapide. Mais même
bon, il a suffi qu'on m'explique, je pense que bon c'est quand même
une utilisation rapide. Et surtout des services rendus ont été
pratiquement, très rapidement, en quelques semaines de même nature. Et
il faut pas penser que le temps de Windows c'était un temps
merveilleux; il y avait aussi beaucoup de problèmes, de bugs, et il y
en a pas plus aujourd'hui qu'avant, et même plutôt moins d'ailleurs,
statistiquement."

BL: "Alors quel est votre usage de l'informatique ? Vous l'utilisez
vous-même en tant qu'outil bureautique, pour faire de la messagerie ?"

AV: "Je l'utilise bien évidemment beaucoup pour la messagerie, il faut
savoir que la messagerie d'un parlementaire c'est une curiosité, parce
que parmi les démarches que font les citoyens aujourd'hui, il y a
l'email en masse envoyé à des parlementaires. Donc il n'est pas rare
de se trouver un matin avec plusieurs centaines, voire milliers de
messages répétitifs qui nous sont envoyés dans le cadre de
démarches. Donc il y a aujourd'hui, ce qui est très nouveau dans le
travail du parlementaire avec l'émergence de l'informatique, c'est
justement, c'est la messagerie électronique, parce que ça demande un
travail de suivi de la messagerie, de réponses, d'élaboration donc,
bon c'est un premier aspect. Mais le second, il est évidemment très
important, il est documentaire, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, avec les
progrès fait ici par l'Assemblée Nationale, la possibilité pour moi de
consulter des documentations techniques qui était à la bibliothèque et
qui est directement sur mon ordinateur, ce travail de recherche quand
on est spécialiste de telle ou telle question est vraiment un acquis
très important. Plus la consultation je dirais d'une série de sites
informatiques, le suivi des dépêches AFP par exemple; nous avons un
fil AFP qui est accessible ici à nos bureaux pour l'Assemblée. Quand
on est un responsable politiques, c'est évidemment un document très
très important."

BL: "Est-ce que vous utilisez, je suppose que oui, un téléphone
portable ou ce genre de choses, et est-ce que vous coordonnez par
exemple votre carnet d'adresses ou votre carnet de rendez-vous ?"

AV: "Moi j'en suis pas encore là, j'en suis resté à des usages
basiques, donc je peux pas répondre oui à cette question parce que je
gère les choses différemment, enfin directement sur mon portable, mais
sans lien avec mon système informatique."

BL: "Donc je suppose, M. Vidalies, qu'en circonscription vous êtes
également informatisé, comment se déroulent vos échanges, notamment
par exemple de documents bureautiques ou ce genre de choses ?"

AV: "Ben d'abord on est sous Linux aussi en circonscription, et donc
évidemment chaque jour, quand moi je suis à Paris, tous les documents
qui sont importants, mais vice-et-versa aussi, sont
échangés. Notamment tout ce que moi je dois envoyer ensuite, alors
c'est le partage du travail, mais tout ce que j'envoie à des réseaux
en circonscription, c'est scanné ici, ça part d'ici et ensuite c'est
envoyé plusieurs fois par semaine, deux ou trois fois par semaine,
j'envoie ou mes interventions, ou des lettres à des réseaux, soit à un
mailing généralisé, soit des systèmes plus ciblés qui peuvent
intéresser telle ou telle catégorie de la population."

BL: "Et donc, en tant, entre guillemets, que petit chef d'entreprise,
puisque vous avez plusieurs employés, cette bascule sous Linux,
également en circonscription, ça s'est passé comment ?"

AV: "Ecoutez, ça s'est passé le mieux possible, compte tenu de ce
qu'étaient les inquiétudes. Je dois dire surtout les miennes
d'ailleurs, mais bon aujourd'hui a posteriori, avec presque un an de
recul, vraiment ça a posé aucune, aucune difficulté. On est devenus
tous des usagers, bon, parfaitement satisfaits, donc vraiment, nous
étions inquiets, et nous sommes non seulement rassurés mais
satisfaits, ce qui est quand même une bonne chose."

Transcription de l'interview d'Alain Vidalies sur les RMLL

Interviewn d'Alain Vidalies, député PS des Lances sur les rencontres mondiales du logiciel libre: l'interview en vidéo.


Bertrand Lemaire: "Début juillet, à Mont-de-Marsan, se réuniront les
Rencontres Mondiales du Logiciel Libre; une occasion d'aller voir
M. Vidalies, député de la circonscription de Mont-de-Marsan."

BL: "M. Vidalies, bonjour."

Alain Vidalies: "Bonjour."

BL: "Vous êtes député d'une circonscription élue des dieux, si on peut
dire, ou en tout cas des dieux du libre, puisque c'est chez vous
qu'aura lieu, à Mont-de-Marsan, les Rencontres Mondiales du Logiciel
Libre 2008. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de cette
manifestation ?"

AV: "Ecoutez, c'est une manifestation importante, je pense qu'elle est
connue, elle a lieu dans des endroits différents, et puis il y a eu
une initiative des associations locales, qui sont venues me parler il
y a un an maintenant de leur projet. J'étais allé à une petite
manifestation, régionale, déjà fort intéressante, qui avait été
organisée dans un village qui s'appelle Brocas, et puis les
associations se sont réunies et a germé l'idée de faire ce
rassemblement mondial du logiciel libre dans les Landes à
Mont-de-Marsan. Immédiatement j'ai essayé d'être leur porte-parole, un
peu, entremetteur, d'ailleurs entre eux et toutes les collectivités
locales, par ce que tout ça, ça nécessite beaucoup d'argent, une très
grosse organisation; mais ce qui est passionnant, c'est à la fois le
sujet, et puis les modalités d'organisation, car c'est vraiment
quelque chose qui vient du terrain, de la base, pris en charge par un
très gros travail et j'ai été associé tout l'hiver, et mes
collaborateurs, au travail fait par les organisateurs. C'est vraiment
une aventure humaine, mais de très grande dimension. Et c'est reçu par
une ville comme Mont-de-Marsan, chef-lieu d'un département, comme
étant quelque chose d'important. Et c'est très intéressant, parce que
ça va se situer entre deux manifestations : une grosse manifestation
culturelle, une manifestation après festive, les fêtes de la
Madeleine, et au milieu ce ressemblement, je trouve que c'est très
bien reçu."

BL: "Quel est l'intérêt pour une ville comme Mont-de-Marsan, pour une
circonscription comme celle dont vous êtes l'élu dans les Landes,
d'être finalement un lieu comme cela de rassemblement mondial ? Est-ce
que c'est quelque chose d'important, de simplement touristique ?"

AV: "Ha, pas du tout touristique; évidemment il y a toujours cet
aspect là, mais c'est pas du tout fait dans cet état d'esprit. D'abord
ça touche à notre image de marque, ça il faut bien le dire; en terme
de lieu; je veux dire, les Landes c'est pas simplement... c'est aussi
le foie gras, c'est aussi le rugby, c'est aussi cette image un peu
traditionnelle, mais c'est aussi l'endroit où il y a des gens qui
travaillent, qui réflechissent, des entreprises, la modernité; et donc
pour nous ça concourt à cette partie d'image de modernité qui est très
importante; mais il y a aussi très concrètement un engagement
collectif des collectivités locales sur l'idée du logiciel libre, avec
tout ce que ca a à dire par rapport justement aux logiciel qui eux ne
le sont pas. Donc être acteur de ce grand mouvement, c'est pour nous
quelque chose aussi d'important. Donc il n'y a que des aspects
positifs du point de vue de notre engagement dans cette organisation."

BL: "Et vous en tant que, je dirais presque particulier, ou en tout cas
de régional de l'étape, quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette
manifestation ? Je suppose que vous allez vous y rendre."

AV: "Alors je vais m'y rendre; mes attentes elles sont doubles :
d'abord qu'il y ait une réussite, que les gens qui viennent découvrent
les Landes, j'espère aussi surtout que les Landais vont être aussi
surtout acteurs, que ce soit pas simplement ceux venus de l'extérieur;
et puis j'attends aussi, il faut bien le dire, des retombées : comment
ce mouvement va ensuite peut-être sur le terrain dégager d'abord des
vocations pour le logiciel libre, parce qu'il reste beaucoup encore de
travail à faire; vocations chez les particuliers, chez les
entrepreneurs, et vocations chez les collectivités locales. Donc
j'espère que ce moment sera aussi un moment qui va permettre
l'accélération du mouvement du logiciel libre dans les Landes. Et puis
s'il peut y avoir des initiatives dans des entreprises, des retombées
en la matière, moi je suis évidemment très attentif à tout ça."