Des parlementaires aux échanges écoutés mais aux politiques illisibles

Paris, le 21 novembre 2013. Communiqué de presse.

Mediapart a publié ce jeudi 21 novembre 2013 un article concernant l'accès non autorisé aux courriels d'eurodéputés (article réservé aux abonnés du site). Au-delà de la démonstration de la fragilité de la sécurité des serveurs de courriels au sein du Parlement européen, cet article pointe l'absence de prise de conscience des responsables politiques de l'importance stratégique et politique du choix des outils informatiques. L'April appelle les responsables politiques à se saisir sérieusement de ce sujet.

Malgré les révélations récentes sur le scandale Prism et la surveillance de masse de la NSA (National Security Agency), avec la collaboration d'éditeurs de logiciels privateurs, aucune remise en cause des choix technologiques ne semble être envisagée. Tant au Parlement européen qu'en France.

L'article rappelle que la sécurité des produits de Microsoft et leur utilisation par des institutions publiques sont remises en cause depuis longtemps par des associations comme l'April, mais également par des experts. Mediapart a ainsi interviewé Éric Filiol, expert en sécurité informatique et ancien cryptanalyste au sein de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure), qui résume cela joliment : « Choisir Microsoft, cela revient tout simplement à offrir les clefs aux Américains ».

Mediapart rappelle également que le Parlement français s'était saisi de la question en 2001 par la publication d'un rapport d'information sur les systèmes de surveillance et d'interception électroniques pouvant mettre en cause la sécurité nationale (système Echelon). Le rapport contient des avertissements sur les portes dérobées («backdoors») présentes dans les logiciels privateurs. Mediapart mentionne que Messieurs François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Jean-Yves Le Drian faisaient partie à l'époque de la commission de la défense qui avait rédigé ce rapport.

Mediapart poursuit alors son article en détaillant le contrat « Open Bar » Microsoft / Défense. L'article rappelle que le groupe d'experts du ministère de la Défense avait déconseillé la signature d'un tel contrat. En avril 2013, le Canard Enchaîné avait de plus révélé que l'OTAN et la NSA étaient aux manettes. L'April, qui suit ce dossier depuis longtemps, a publié récemment trois documents qui montrent que le choix d'un contrat Open Bar fait bien suite à une décision politique qui a visiblement été prise en amont des études sur la faisabilité et les risques.

« Depuis les révélations sur ce scandale « Open Bar » Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, reste muré dans le silence » ajoute Jeanne Tadeusz, responsable des affaires publiques de l'April. « Deux questions parlementaires, une du député Jean-Jacques Candelier et une de la députée Isabelle Attard, tout comme notre courrier de février 2013 au Ministre de la Défense afin de demander la suspension des renégociations du contrat et la transparence autour de ce dossier, restent ainsi sans réponse. »

L'article de Mediapart se conclut par quelques mots du délégué général de l'April, Frédéric Couchet : « Les pouvoirs publics sont financés par nos impôts et le logiciel libre devrait être un des aspects du service public. J’espère que ce sera un des thèmes des élections européennes. Mais malheureusement, le numérique n’est pas vu comme un enjeu de société. On a l’impression que, malgré tout ce qui est révélé, ils s’en foutent... »

« Nous espérons que la mise en lumière de ces scandales sera l'occasion de mettre en œuvre une rénovation profonde de la politique des acteurs publics en matière de choix logiciels et une vraie politique publique en faveur du logiciel libre » a déclaré Frédéric Couchet.

Nous vous conseillons la lecture intégrale de l'article de Mediapart.

À propos de l'April

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Contacts presse :

Jeanne Tadeusz, responsable affaires publiques, jtadeusz@april.org +33 1 78 76 92 82
Frédéric Couchet, délégué général, fcouchet@april.org +33 6 60 68 89 31