[01net.com] Pourquoi Microsoft ne voit pas de raison de passer à l'open source

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La haine mutuelle entre Microsoft et le monde de l'open source a l'air de s'apaiser. L'éditeur de Redmond semble même regretter ses insultes passées à l'encontre du logiciel libre, que Bill Gates et Steve Ballmer n'hésitaient pas à comparer au « cancer » ou au « communisme ». « C'étaient des caricatures », s'excuse aujourd'hui Brad Smith, l'avocat de l'entreprise.
Quatre ans après l'ouverture de son laboratoire Linux et open source, la création de deux licences open source et son accord avec Novell, Microsoft poursuit sa stratégie de main tendue au monde du logiciel libre. Poussé par l'acharnement de la Commission européenne, Microsoft est allé encore plus loin et a récemment publié pour la première fois ses protocoles de communication et les interfaces, jusque-là tenues secrètes, de ses applications les plus populaires comme Windows, Office, Exchange, etc.
Derrière ces efforts se cache un homme : Bill Hilf, le stratège de toutes les plates-formes logicielles de Microsoft, qui a convaincu les dirigeants de l'éditeur d'adopter une position plus conciliante vis-à-vis de l'open source.
01net. : En quoi la publication des protocoles et des interfaces de programmation va-t-elle changer la relation de Microsoft avec les développeurs open source ?
Bill Hilf : Cette annonce a entraîné une véritable révolution culturelle au sein de Microsoft. Car, même en interne, les différentes équipes, par exemple Windows et Office, ne se communiquaient pas toutes les interfaces de programmation (API) pour leurs applications respectives, de peur de créer une « dépendance » pour les applications développées par l'autre groupe. Il arrive en effet que l'on change la définition d'une API ou parfois qu'on la supprime, avec le risque de planter l'application qui en dépend.
Maintenant que toutes les API sont publiées, l'équipe Windows ne peut plus se permettre d'en modifier une sans avoir vérifié avec certitude que cela ne « plantera » pas une application qui y fait appel. Ensuite, les développeurs, open source ou pas, possèdent désormais les mêmes informations, au niveau des protocoles de communication inter-applications et des API, que les programmeurs de Microsoft. Ce qui leur permettra d'assurer une parfaite compatibilité entre leurs applications et les nôtres.
Enfin, nous avons facilité le processus d'achat par un éditeur d'une licence pour nos protocoles propriétaires : si c'est pour une application à but non commercial, c'est gratuit ; sinon, le coût est minime. On espère avec tout cela que Windows devienne la plate-forme de choix pour les développeurs et les applications open source.
A quand des applications ou des protocoles open source signés Microsoft ?
Ce n'est pas forcément très connu du grand public, mais nous proposons déjà plusieurs applications en open source - soit sur le site SourceForge soit bien sûr notre propre site de collaboration open source, CodePlex -, comme notre logiciel d'installation (WiX), le système d'exploitation expérimental Singularity ou bien encore un algorithme antispam, qui fait appel à la reconnaissance et à l'analyse de formes, et qui est maintenant utilisé dans la recherche d'un vaccin contre le sida.
En ce qui concerne nos logiciels comme Windows, Office ou bien encore Exchange, ça n'a pas de sens de les mettre en open source. Depuis que j'ai rejoint Microsoft, il y a quatre ans, personne ne m'a demandé le code source de nos logiciels. Et pour quoi faire ? Le code source sans les développeurs qui l'ont écrit ne sert à rien.
Si un logiciel libre utilise un protocole Microsoft, ce dernier ne devient-il pas automatiquement open source, selon la licence GPL ?
C'est effectivement un point de contentieux avec la communauté open source. Nos protocoles ne sont pas open source. Si un logiciel libre veut les utiliser à but commercial, son éditeur devra nous payer des royalties, ainsi que tous ceux qui distribueront ce code dans leurs propres logiciels libres.
L'autre solution pour le développeur open source est de faire en sorte de contourner notre brevet qui protège le ou les protocoles en question. Et notre position n'a rien d'unique. Beaucoup d'éditeurs de logiciels open source, comme MySQL ou EnterpriseDB, proposent des outils propriétaires avec leur logiciel open source gratuit. C'est pour moi plus un problème « religieux » avec les quelques « sectaires » de la communauté open source, qu'un réel problème qui empêcherait la distribution de logiciels libres.
Les équipes de Microsoft utilisent-elles du logiciel libre ?
Si la question est de savoir si nous utilisons du code open source dans nos produits, la réponse est non. Personne ne développe un code qui pourrait vraiment nous aider dans Windows.
Quid des 235 brevets que Linux violerait selon Microsoft ?
Ce cas montre les limites des relations commerciales qu'une entreprise comme Microsoft peut entretenir avec une « communauté », en l'occurrence Linux, à la différence de ce qui se passe avec d'autres entités commerciales comme Novell ou Sun, avec qui nous avons signé des accords de licences croisées. A qui devons-nous parler pour régler ce problème ? Qui aurait une autorité suffisante pour signer cet accord de licence ? Pour SuSE Linux, Novell s'est s'engagé à respecter notre accord. Mais qui va ou peut s'engager légalement et financièrement pour la communauté Linux dans sa globalité ? »

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