Marc Mossé – Élise Lucet - Cash Investigation - Open Bar Microsoft Défense
Titre : Émission Cash Investigation - France 2
Intervenants : Marc Mossé – Élise Lucet
Date : 18 octobre 2016
Durée : 05 min 50
Licence de la transcription: Verbatim
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Transcription de 57’ 00 à 1 h 02 50
Voix off : Bye, bye Dublin. Bonjour Paris. Nous avons rendez-vous au siège de Microsoft France. Nous sommes attendus par Marc Mossé, directeur des affaires juridiques depuis dix ans. C’est lui qui établit les contrats avec les ministères français.
Élise Lucet : Monsieur Mossé ! Comment allez-vous ? L’équipe de Cash Investigation est là. Bonjour.
Marc Mossé : Il y a du monde. Ça va ?
Élise Lucet : Désolée, on ne va pas se tutoyer aujourd’hui.
Marc Mossé : Ah mais, on ne se tutoie pas.
Élise Lucet : On va se vouvoyer.
Marc Mossé : Eh bien, on se vouvoie. Chacun est dans son rôle.
Élise Lucet : Absolument !
Marc Mossé : C’est super.
Voix off : Allez, il faut qu’on vous dise. Marc et Élise ce sont des amis. Si, si, une vieille histoire : vingt ans qu’ils sont super potes. Dans l’album photo, on a même retrouvé quelques pépites. Marc et Élise pique-niquent à la plage. Marc et Élise à la Feria. Et puis, le meilleur pour la fin : Marc et Élise au match de rugby. Mention spéciale, Élise, pour cette superbe chapka en polaire grise.
Allez, on range les photos souvenirs. Aujourd’hui pas de cadeau entre amis. Au menu, le contrat entre Microsoft et l’État français. Un super contrat à 120 millions d’euros signé en Irlande.
Élise Lucet : OK. Interview Marc Mossé. On va parler de Microsoft. Pour votre groupe, l’État français c’est un partenaire clef. Qu’est-ce que ça représente en termes de contrat pour vous, pour Microsoft, et en termes de chiffre d’affaires ?
Marc Mossé : Le chiffre d’affaires, je ne suis pas en situation de vous le dire.
Élise Lucet : Mais c’est important un contrat avec les ministères ! Donc vous devez savoir, quand même, combien de contrats vous avez avec les ministères en France. Non ?
Marc Mossé : Ah ben, on sait ! Euh ! Ben, ça dépend sur quelle période aussi, parce que… C’est un peu abstrait comme question… Euh !
Élise Lucet : Globalement, là aujourd’hui, avec combien de ministères êtes-vous en contrat ?
Marc Mossé : Aujourd’hui ? Je ne suis pas en état de vous dire.
Élise Lucet : À combien s’élève le nouveau contrat entre Microsoft et l’État français, et le ministère de la Défense ?
Marc Mossé : Comme j’imagine que vous avez le chiffre, vous allez me le donner.
Élise Lucet : Je vous le demande d’abord.
Marc Mossé : Non, heu ! Je n’en sais pas plus. Vous allez me le donner.
Élise Lucet : Je vais vous le donner. C’est-à-dire que là on a le tableau prévisionnel et là, on voit que c’est 30 millions d’euros par an fois quatre, donc ça fait 120 millions d’euros. Donc, sur un contrat de quatre ans, on est passé de 82 millions d’euros à 120 millions d’euros. Ça c’est celui qui a été signé en 2013.
Marc Mossé : D’accord ! Et donc, la question est ?
Élise Lucet : On se dit que c’est une belle rente pour vous. C’est-à-dire 82 millions d’euros sur quatre ans, ça c’est le premier contrat. 120 millions d’euros sur quatre ans, ça c’est le deuxième contrat. Ça ne fait qu’augmenter. Voilà ! C’est une jolie rente pour vous, pour Microsoft.
Marc Mossé : Non. Ça n’est pas une jolie rente. Il y avait environ trois mille contrats ou instruments contractuels différents au sein du ministère et l’idée ça a été d’en faire un seul, un accord cadre, qui a permis de rationaliser pour réduire les coûts, en fonction des besoins.
Élise Lucet : Oui, on a compris ! Mais vous savez, par exemple, combien d’économies a réalisées le ministère ?
Marc Mossé : Ben… Ça… Encore une fois…
Élise Lucet : Il faut le demander au ministère !
Marc Mossé : Oui, je vois bien la petite musique que vous… Non, mais je vois bien.
Élise Lucet : Ce n’est pas la mienne ! C'est la vôtre !
Marc Mossé : Mais si. Vous faites : « Ah, il faut le demander au ministère ! », c’est la petite musique qui va s’installer. Mais je peux vous poser une question ?
Élise Lucet : Oui !
Marc Mossé : Est-ce qu’on a le droit de faire du business en France ?
Élise Lucet : Absolument !
Marc Mossé : Bon ! Puisqu’on a le droit de faire du business, à chaque fois qu’il y a un acheteur public, selon les procédures du code, qui choisit pour ses besoins fonctionnels d’utiliser des produits Microsoft, c’est vrai qu’on dit plutôt oui.
Élise Lucet : Géographiquement vous, vous êtes ici. Le nouveau ministère de la Défense, il est juste là, le soi-disant Pentagone à la française. Donc il y a un contrat signé avec Microsoft qui est là, le ministère de la Défense en France, et vous allez signer un contrat en Irlande. Ce contrat-là, il est signé en Irlande ! C’est étonnant non ?
Marc Mossé : Ben non. Pourquoi c’est étonnant ?
Élise Lucet : Parce qu’on se dit que comme l’Irlande est un pays qui offre des avantages fiscaux importants, on se dit franchement, bêtement que peut-être ce serait tellement simple de signer le contrat ou au ministère de la défense ou ici. Ce serait simple ! Mais que ça passe par une filiale en Irlande, ça pose question.
Marc Mossé : Alors Microsoft France est une filiale qui ne vend pas. C’est une filiale de marketing, c’est une filiale de commercialisation. C’est également de développer des startups et on aide à ces startups à grandir.
Élise Lucet : Moi je vous parle du contrat avec le ministère de la Défense.
Marc Mossé : Oui, oui. Vous me demandez ce qu’on fait.
Élise Lucet : Ce n’est pas une startup le ministère de la Défense. Donc parlons du ministère de la Défense.
Marc Mossé : Vous avez raison. C’est vrai que le ministère de la Défense n’est pas une startup, mais vous me posiez la question de ce qu’on faisait ici. Donc je vais essayer de…
Élise Lucet : Non, non. Pourquoi le contrat qui est passé entre le ministère de la Défense, qui est à 400 mètres d’ici, et Microsoft, n’est pas signé ici mais en Irlande ?
Marc Mossé : Parce que… Depuis que Microsoft existe, en France plus de trente ans, tous les contrats sont signés avec Microsoft en Irlande.
Élise Lucet : C’est un pays où l’impôt sur les sociétés est de 12,5 %, alors qu’en France il est de 30 %.
Marc Mossé : Oui, bien sûr, mais c’est connu. C’est connu. Alors…
Élise Lucet : Pourquoi ça vous gêne de reconnaître que si vous êtes installés en Irlande, c’est aussi pour des raisons fiscales.
Marc Mossé : Mais ça ne me dérange pas !
Élise Lucet : Entre 12,5 % d’impôt sur les sociétés en Irlande et 30 % en France !
Marc Mossé : Oui, mais attendez. Si la question est de savoir « est-ce que nous cherchons à travailler de la manière la plus efficace économiquement ? », la réponse est oui.
Élise Lucet : C’est pour des raisons fiscales.
Marc Mossé : Non pas nécessairement.
Élise Lucet : C’est pour le rugby alors ! Ça doit être pour le rugby !
Marc Mossé : À titre personnel.
Élise Lucet : Oui, ça doit être pour le rugby, vous êtes capables d’aller en Irlande, j’imagine.
Marc Mossé : Si c’est moi, la réponse est plutôt oui, mais je pense que ce n’est pas votre question.
Élise Lucet : Oui. Mais pour Microsoft, je ne suis pas sûre.
Projection d’un match de rugby
Voix off : Les Irlandais, qui vous gênent dans vos actions.
L’histoire ne dira pas si pour le prochain France Irlande les deux amis soutiendront la même équipe.
On assure côté irlandais.
Ah oui, alors !
Nous n’avons pas tellement de munitions pour pouvoir élargir un peu le débat.