Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 22 janvier 2019

Frédéric Couchet

Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 janvier 2019 sur radio Cause Commune
Intervenants : Charlotte Boulanger, Ubuntu-Fr - Olivier Fraysse, Ubuntu-Fr - Nicolas Dandrimont, Debian - Jean-Christophe Monnard, Mageia - Isabella Vanni, April - Frédéric Couchet, April
Lieu : Radio Cause commune
Date : 22 janvier 2019
Durée : 1 h 30 min
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Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : Bannière radio Libre à vous - Antoine Bardelli ; licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo radio Cause Commune, avec l'accord de Olivier Grieco
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

logo cause commune

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Vous êtes sur la radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose d’un webchat, donc utilisez votre navigateur web et rendez-vous sur le site de la radio causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ainsi sur le salon dédié à l’émission.
Nous sommes mardi 22 janvier 2019, nous diffusons en direct, mais peut-être écoutez-vous un podcast.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, délégué général de l’April. Le site web de l’association est april.org et vous pouvez trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission. La page est déjà en ligne. Elle sera complétée après l’émission.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Je vous souhaite une bonne écoute.

Maintenant le programme de cette émission.
Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April, qui va nous faire un point sur des actions de sensibilisation et démarrer ainsi une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Normalement Isabella est avec nous par téléphone. Bonjour Isabella.

Isabella Vanni : Bonjour.

Frédéric Couchet : On se retrouve d’ici quelques secondes. D’ici une quinzaine de minutes, notre sujet principal portera sur les distributions GNU/Linux, plusieurs mots qu’on explicitera et j’ai le plaisir d’avoir avec moi en studio Nicolas Dandrimont de Debian. Bonjour Nicolas.

Nicolas Dandrimont : Bonjour.

Frédéric Couchet : Olivier Fraysse d’Ubuntu.

Olivier Fraysse : Salut.

Frédéric Couchet : Et également Charlotte Boulanger, toujours pour Ubuntu. Bonjour Charlotte.

Charlotte Boulanger : Salut.

Frédéric Couchet : Et tout à l’heure, Jean-Christophe Monnard nous rejoindra au téléphone pour Mageia. Bien sûr, des mots qu’on expliquera évidemment tout à l’heure.
Ensuite, aux alentours de 17 h 10 [16 h 40, NdT] nous aborderons notre dernier sujet qui concernera la boutique en ligne En Vente Libre avec les mêmes invités, par chance.
Je salue de nouveau Charlotte qui est également à la régie, donc qui va faire deux tâches aujourd’hui en parallèle.

Chronique « Le libre fait sa comm' »

Tout de suite place au premier sujet. Nous allons commencer par une intervention de ma collègue Isabella Vanni qui, je le rappelle, est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Isabella commence une chronique intitulée « Le libre fait sa comm’ ». Isabella, première question : quel est l’objectif de cette chronique ?

Isabella Vanni : L’objectif de la chronique c’est d’annoncer des actions de sensibilisation menées par l’April ou par d’autres associations, par d’autres structures, et montrer comment on peut promouvoir le logiciel libre auprès du plus large public.

Frédéric Couchet : OK. Très bien. De quoi veux-tu nous parler aujourd’hui ?

Isabella Vanni : J’avais pensé à deux thèmes principaux : le Festival des Libertés Numériques qui démarre bientôt, le 25 janvier, donc ce vendredi, et qui durera jusqu’au 9 février pour un total d’environ deux semaines. C’est un festival coordonné par les bibliothécaires de l’INSA de Rennes, l’Institut National de Sciences Appliquées. C’est très intéressant parce que cet évènement s’est élargi. Au début c’était juste une CryptoParty ou Café Vie Privée si on veut utiliser l’expression française, et après, petit à petit, il a eu de plus en plus de succès au point qu’en 2018 le premier Festival des Libertés Numériques a eu lieu à Rennes et aux environs de Rennes, je vais vous préciser les communes, et cette année, en 2019, deuxième édition, le festival se déplace même en dehors de la Bretagne. Il y aura aussi des évènements à Rouen, Nantes et dans d’autres communes.

Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que l’April participe à cet évènement d’une façon ou d’autres ?

Isabella Vanni : Malheureusement nous n’avons pas réussi à proposer des conférences. Par contre l’Expolibre, donc les panneaux qui expliquent la philosophie du logiciel libre et qui ont été réalisés par le groupe de travail Sensibilisation de l’April seront bien présents à cette édition et, en particulier, seront exposés à la bibliothèque de Science Po de Rennes.

Frédéric Couchet : D’accord.

Isabella Vanni : Il y a plein d’autres évènements. On compte environ une cinquantaine d’évènements. Il y a plein de bibliothèques qui participent, des tiers-lieux comme l’Open Factory à Brest et plein d’associations et de groupes d’utilisateurs et utilisatrices [de logiciels libres] à Rennes et aux environs, bien évidemment.

Frédéric Couchet : Donc c’est le Festival des Libertés Numériques qui se passe à Rennes du 25 janvier au 9 février. Le public cible c’est tout public ; c’est la personne qui veut découvrir un petit peu jusqu’aux personnes qui sont plus pointues sur le sujet des libertés informatiques.

Isabella Vanni : Tout à fait. Je précise que c’est à Rennes, mais pas que. Il y a plein d’autres villes, il y a Rouen, Nantes, Lannion, Brest et plein d’autres communes. C’est vraiment plus large cette année. Donc on est bien contents de signaler cet évènement.

Frédéric Couchet : Juste avant de finir, sur le site de l’April vous retrouvez dans la page des références le lien vers le site du Festival des Libertés Numériques et également vous le retrouvez, évidemment, sur l’Agenda du libre, sinon je vais vous le donner, mais je ne suis pas sûr que vous arriviez à le noter de façon facile, c’est f, d, l, n, pour festival des libertés numériques, point insa, i, n, s, a tiret rennes point fr. Sinon vous allez sur l’Agenda du Libre donc agendadulibre.org ou sur le site de l’April et vous retrouvez ce lien qui vous renvoie vers le site du festival des libertés numériques.
Tu voulais aborder un deuxième point, Isabella.

Isabella Vanni : Oui. Je souhaitais faire un point d’étape sur le Libre en Fête. On en a parlé la première fois dans l’émission du 4 décembre. C’est une initiative coordonnée par l’April et ça consiste en un ensemble d’évènements de découverte du logiciel libre, adressés à un plus large public, qui ont lieu autour du printemps. Pour cette année on rappelle les dates : c’est à partir du 2 mars jusqu’au 7 avril 2019. Juste pour rappel, l’April coordonne l’initiative, mais ce sont les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres qui organisent les évènements ainsi que les médiathèques, les clubs informatiques, les espaces publics d’accès à Internet ; toute structure ou association ayant à cœur la promotion du logiciel libre peut, bien évidemment, organiser des évènements. Je rappelle que pour référencer les évènements dans le cadre du Libre en Fête, il suffit de rajouter le mot clef libre-en-fete-2019, avec un tiret entre chaque mot, lors de la soumission de l’évènement dans l’Agenda du Libre. Il est possible aussi, bien sûr, d’ajouter le mot clef par la suite, si vous avez déjà prévu et soumis des évènements entre ces dates.

Frédéric Couchet : Pour l’instant il y a combien d’évènements référencés, à peu près ?

Isabella Vanni : Combien d’évènements on en a aujourd’hui ou combien on cible ?

Frédéric Couchet : Combien on en a aujourd’hui et combien on cible ?

Isabella Vanni : Très bien. Aujourd’hui, pour l’instant, il y a 25 évènements référencés. On en cible 200.

Frédéric Couchet : D’accord.

Isabella Vanni : Je reste optimiste parce que cette année on a lancé les premiers appels très à l’avance, à la mi-décembre. Normalement on s’y prenait un peu plus tard, donc j’espère que grâce à l’anticipation on réussira à avoir plus d’évènements. J’aimerais bien signaler deux évènements qui ont lieu en Île-de-France, en particulier en Essonne.

Frédéric Couchet : Vas-y.

Isabella Vanni : Il y a l’espace numérique de Vert-Le-Grand qui a déjà participé à l’édition 2018 et ça fait très plaisir qu’il participe à nouveau, donc du 26 au 30 mars, au menu : présentation de logiciels libres et fête d’installation. Et puis il y a le club informatique libre de Gometz-le-Châtel, toujours en Essonne, qui propose lui aussi une démonstration de logiciels libres, une fête d’installation et, ce qui nous fait très plaisir aussi, c’est qu’il expose l’Expolibre. Donc une autre occasion pour être exposée et admirée.
Et puis il y a aussi une toute nouvelle association, eTHiX, qui est née en septembre 2018, elle a son siège à Alençon, en Normandie ; c’est une toute nouvelle association et elle a déjà dit présent au Libre en Fête 2019, donc on est ravis.

Frédéric Couchet : Très bien. Évidemment il y a encore du temps pour les structures organisatrices pour inscrire leur évènement dans le cadre du Libre en Fête et nous n’avons aucun doute sur le fait que nous atteindrons les 200 évènements, c’est un évènement tellement récurrent. En fait, j’ai l’impression que beaucoup de groupes organisent les évènements et, au dernier moment, rajoutent sur l’Agenda du Libre avec le tag.

Isabella Vanni : C’est un peu l’impression, oui.

Frédéric Couchet : Après, ça peut être l’occasion pour de nouvelles structures d’organiser des évènements, de créer des partenariats par exemple avec des espaces publics numériques.
Tu parlais de l’Expolibre, le site de l’Expolibre c’est expolibre.org. Toute personne peut imprimer l’Expolibre, il y a des PDF format impression qui sont disponibles. Certaines sont disponibles à la location. C’est un outil qui est très utile lors de ces évènements-là parce que ça permet aux gens, aux personnes qui participent à l’évènement, de s’informer sur les concepts du logiciel libre et ensuite d’aller en détail discuter de ces enjeux avec les personnes qui sont présentes sur les évènements.

Isabella Vanni : Tout à fait.

Frédéric Couchet : Là c’était les annonces de deux évènements. Je crois que tu veux aborder un dernier point, ce sont les réunions du groupe de travail Sensibilisation de l’April justement.

Isabella Vanni : Le groupe de travail Sensibilisation de l’April se réunit chaque troisième jeudi du mois. Si vous avez des doutes sur quel jeudi est le bon, il suffit d’aller voir dans l’Agenda du Libre, à nouveau, où sur l’agenda sur le site de l’April. La dernière réunion a eu lieu toujours à La Fondation pour le progrès de l’homme dans le 11e arrondissement à Paris. Elle a eu lieu le 17 janvier, donc jeudi dernier et, en particulier, on a un atelier de brainstorming, donc tempête de cerveau si on veut faire la traduction en français, pour chercher des idées pour le nouveau tee-shirt de l’April.

Frédéric Couchet : Ce qui est un projet très important pour la garde-robe de tous les membres de l’April.

Isabella Vanni : C’est fondamental ! En hiver surtout ! Tout à fait. Il y a plein d’idées qui sont ressorties, on a déjà fait un premier tri et je pense qu’on va rajouter parmi les liens de cette émission, ça peut être une bonne idée, le lien au pad où j’ai lancé un nouvel appel à aider. Vous trouverez les idées qu’on a déjà trouvées, mais si vous avez d’autres idées, d’autres pistes, n’hésitez pas à intervenir.

Frédéric Couchet : Je précise qu’un pad c’est une page sur Internet, sur un site web, qui permet à n’importe qui de contribuer sans créer un compte. On peut directement taper du texte et proposer des améliorations. On mettra le lien dans la page de références sur le site de l’April, donc april.org.
Est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette première chronique ou peut-être un dernier évènement ?

Isabella Vanni : Je peux dire qu’on a lancé un dernier deuxième appel autour du 15 janvier et, dans ce deuxième appel, justement, je voulais dire aux associations qui sont actives sur l’Agenda du Libre et qui n’ont pas encore d’idées pour l’évènement à référencer dans le cadre de Libre en Fête, qu’elles peuvent regarder ce qui a déjà été fait pendant les éditions passées, sur le site du Libre en Fête. Et si elles ont besoin de bénévoles en région, eh bien l’April a beaucoup de membres éparpillés dans toute la France donc n’hésitez à nous contacter ; nous pouvons faire un appel à bénévoles pour vous. Il suffit de préciser, bien évidemment, toutes les informations nécessaires : date, horaires, tâches prévues, compétences souhaitées, etc.

Frédéric Couchet : Tout à fait.

Isabella Vanni : On sera ravis de vous aider.

Frédéric Couchet : Il ne faut pas hésiter à nous solliciter pour qu’on relaie auprès de nos membres les besoins d’aide.
Avant de clore cette chronique, je vais juste annoncer un dernier évènement parce qu’il a lieu, pareil, en fin de semaine. C’est un évènement qui s’appelle FLOSSCon, c’est un terme anglais, mais qui veut dire, en gros, les logiciels libres et les données ouvertes pour une transformation numérique maîtrisée. C’est, on va dire, la description de cette conférence qui a lieu à la fois à Grenoble et à Fontaine du 27 janvier au mardi 29 janvier, donc du dimanche 27 au mardi 29, avec notamment une table ronde en présence de Éric Piolle le maire Grenoble, donc Grenoble, ville membre de l’April, et qui parlera des collectivités locales et logiciel libre. Il y a la projection en avant-première du documentaire La Bataille du Libre en présence du réalisateur Philippe Borrel et notre propre président, Jean-Christophe Becquet qui habite dans la région, animera deux ateliers autour d’OpenStreetMap qui est un projet collaboratif de cartographie libre.
Ça se passe autour de Grenoble, donc à Grenoble et à Fontaine, c’est le FLOSSCon. Les références sont sur le site de l’April et sur le site, je pense, de l’Agenda du Libre, donc du dimanche 27 janvier au mardi au 29 janvier, et on soutient cet évènement.
Je rappelle le site de l’Agenda du Libre où on trouve tous les événements donc agendadulibre.org.
Sur le site de l’April vous pouvez trouver des informations sur le groupe Sensibilisation pour le rejoindre. Je précise que le groupe Sensibilisation est ouvert à toute personne qui souhaite contribuer, pas besoin d’être membre de l’April.
Isabella, est-ce que tu veux ajouter quelque chose avant que nous passions à la pause musicale ?

Isabella Vanni : C’est tout pour moi.

Frédéric Couchet : Écoute Isabella, je te remercie pour cette première chronique qui s’appelle « Le libre fait sa comm’ » et on se retrouve sans doute le mois prochain pour une deuxième chronique.

Nous allons passer une petite pause musicale avant d’entamer le deuxième sujet. L’occasion pour moi de rappeler que toutes nos pauses musicales sont sous des licences libres qui permettent de les partager librement avec vos amis, vos familles, de les télécharger parfaitement légalement, de les remixer y compris pour des usages commerciaux. Ce sont plutôt des licences type Creative Commons partage à l’identique ou licence Art libre. En l’occurrence nous allons écouter un morceau qui s’appelle Sometimes par Jahzzar et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Sometimes par Jahzzar.

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour sur l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Vous venez d’écouter Sometimes par Jahzzar, une musique qui est disponible sous licence libre CC BY-SA, donc partage à l’identique, et vous trouverez la référence sur le site de l’April.

Distributions GNU/Linux

Nous venons de parler de sensibilisation. Nous allons continuer un petit peu, avec le sujet suivant, de parler de sensibilisation avec le sujet des distributions GNU/Linux, avec nos invités aujourd’hui : en studio Nicolas Dandrimont du projet Debian. Rebonjour Nicolas.

Nicolas Dandrimont : Rebonjour.

Frédéric Couchet : Olivier Fraysse, Ubuntu. Bonjour Olivier.

Olivier Fraysse : Re salut.

Frédéric Couchet : Re salut. Charlotte Boulanger, Ubuntu également. Rebonjour Charlotte.

Charlotte Boulanger : Rebonjour Fred.

Frédéric Couchet : Et normalement nous a rejoints au téléphone Jean-Christophe Monnard du projet Mageia. Bonjour Jean-Christophe.

Jean-Christophe Monnard : Bonjour Fred.

Frédéric Couchet : Super. Donc tout le monde est présent ; toutes les personnes sont là. Nous allons essayer d’expliquer un petit peu ce que sont ces distributions GNU/Linux, comment s’y mettre, comment commencer à utiliser des systèmes libres, comment éventuellement contribuer. Nous allons passer une petite heure sur ce sujet. On va commencer par une première question, parce qu’en fait « distributions GNU/Linux », il y a plusieurs termes que, je pense, les gens qui écoutent, ne connaissent pas forcément. Nicolas peut-être, est-ce que tu veux faire l'introduction pour expliquer ce qu’est une distribution GNU/Linux, un système d’exploitation, on dira ?

Nicolas Dandrimont : Une distribution GNU/Linux c’est effectivement un système d’exploitation complet qu’on va pouvoir mettre sur son ordinateur par exemple. L’idée c’est qu’au lieu d’être basé sur un système classique, on peut penser par exemple à Windows de Microsoft, ça va être basé autour du noyau Linux qui est un logiciel libre, qui est développé maintenant depuis 25 ans par une communauté de développeurs. Au-dessus de ce noyau Linux on va ajouter des logiciels qui seront aussi, dans la majorité des cas, des logiciels libres, donc des logiciels qui vont permettre d’avoir un environnement de bureau, un navigateur web qui va être, par exemple, Firefox qu’on va pouvoir utiliser pour naviguer sur Internet, un client e-mail, de la bureautique, etc. Donc tous les logiciels que l’on peut vouloir utiliser sur son ordinateur vont être disponibles à travers les distributions GNU/Linux.

Frédéric Couchet : Tu as expliqué, et après je passerai la parole évidemment aux autres personnes, tu as expliqué « Linux » et « distribution ». Le terme GNU ?

Nicolas Dandrimont : Le terme GNU vient du projet GNU. En fait, le projet GNU est un projet de système d’exploitation qui a été lancé par Richard Stallman dont on a probablement déjà parlé dans cette émission.

Frédéric Couchet : Tout à fait.

Nicolas Dandrimont : Il y a maintenant 35 ans, oui, 35 ans cette année. L’idée du projet GNU c’est d’avoir un système d’exploitation qui libère les utilisateurs. L’idée c’est d’avoir un ensemble de logiciels qui sont des logiciels libres en fait, donc que tout le monde va pouvoir utiliser pour n’importe quel usage, va pouvoir diffuser, va pouvoir modifier et redistribuer, s’il en a les compétences bien sûr. Donc le projet GNU c’est vraiment l’idée d’avoir un système d’exploitation qui soit utilisable par tous pour n’importe quel usage, qui libère la personne.

Frédéric Couchet : Un système d’exploitation libre, entièrement libre, utilisable par toute personne. Olivier est-ce que tu veux compléter cette introduction ?

Olivier Fraysse : Je crois que l’essentiel a été dit. Distribution ce n’est peut-être pas forcément très clair pour tout le monde.

Frédéric Couchet : Voilà ! Vas-y.

Olivier Fraysse : On ne va pas distribuer des gnous en plastique comme on distribue des flyers. Une distribution c’est un ensemble de logiciels, on peut dire ça comme ça je pense, c’est une sélection de logiciels libres avec telle version du noyau, enfin le noyau Linux plus une interface graphique plutôt qu’une autre. Et surtout un système de packaging. Un système de packaging, je ne sais pas si je vais pouvoir l’expliquer facilement ; je ne sais pas si Nico est inspiré là-dessus.

Frédéric Couchet : Ou peut-être Jean-Christophe. Jean-Christophe, est-ce que tu veux compléter l’introduction et après peut-être que je pourrais continuer cette discussion ?

Jean-Christophe Monnard : Moi j’ai envie de parler avec un mot français : « empaquetage », donc emballage, empaquetage, c’est-à-dire qu’on prépare les morceaux de logiciels. Ce qui est important dans le logiciel libre, avec les quatre libertés, c’est d’avoir un code source, comment le logiciel a été écrit par des êtres humains ou à peu près, ce qu’on appelle des informaticiens. Donc on fabrique du logiciel libre et on peut lire son code source tel qu’il a été écrit. Ensuite, si on veut l’utiliser, il faut transformer ce code source dans un langage que les machines peuvent comprendre. Les machines ne comprennent que le binaire, les 0 et les 1. Quand on achète un logiciel propriétaire on n’a jamais que les 0 et les 1, donc on ne sait pas très bien ce qui se passe dedans. Dans un logiciel libre, il y a quelque part le code source et il faut préparer ce code source de manière cohérente. Je crois que pour chaque distribution le mot « cohérence » est important. Chaque distribution est un ensemble cohérent de logiciels qui ont été préparés, empaquetés, de manière à être cohérents entre eux pour fabriquer cette architecture qui fonctionne bien, qui est bien huilée d’habitude ; il y a parfois des petits problèmes, mais pas plus qu’ailleurs.
Donc on a cet ensemble cohérent. Donc Debian, Slackware, Ubuntu, Mageia, ce sont des ensembles cohérents où, à partir de ces codes sources qu’utilisent toutes ces distributions, ces codes sources ont reçu un empaquetage, une préparation, pour en faire des paquets de 0 et de 1 que l’ordinateur peut utiliser. Parce que l’ordinateur n’est pas capable d’utiliser ce qu’a écrit l’informaticien, il faut lui préparer. J’espère que je n’ai pas dit de bêtises.

Frédéric Couchet : Ça me paraît très clair. En fait, avant l’existence de ces distributions GNU/Linux ou d’autres systèmes libres, finalement les personnes qui souhaitaient avoir un système libre devaient composer elles-mêmes leur système en réunissant tous les éléments nécessaires. Ce qu’ont apporté les distributions c’est évidemment une sélection de logiciels libres, mais finalement, on va en reparler tout à l’heure, on retrouve à peu près les mêmes logiciels libres dans l’ensemble des distributions. La grosse différence ça va être peut-être sur l’environnement de bureau et on en reparlera peut-être tout à l’heure, peut-être aussi sur la présence de logiciels privateurs en plus, mais ce qu’apportent les distributions c’est une méthode d’installation qui varie en fonction des distributions et une méthode de mise à jour des paquets ensuite pour, effectivement, soit rajouter des paquets, soit mettre à jour les paquets dans leur cycle de vie, parce que ce sont des logiciels libres qui évoluent, donc il y a un cycle de vie. Est-ce que ça vous paraît à peu près clair comme résumé ?

Nicolas Dandrimont : Oui, c’est ça.

Jean-Christophe Monnard : Tout à fait.

Frédéric Couchet : D’accord. On va passer à la deuxième question. Tout à l’heure Nicolas Dandrimont de Debian parlait de Microsoft Windows, on pourrait aussi citer Mac OS d’Apple. Les gens qui ont l’habitude de ces systèmes se disent, enfin ont la compréhension que finalement l’ensemble des logiciels vient d’une seule structure, que ce soit Microsoft ou Apple.
Aujourd’hui, il y a une ambiance un peu particulière au studio. Je préviens si vous entendez des rires, il y a une ambiance très détendue.

Nicolas Dandrimont : C’est de ma faute !

Frédéric Couchet : Là, tout d’un coup, on va parler de distributions GNU/Linux au pluriel. Nous avons quelqu'un de Debian, deux personnes d’Ubuntu, quelqu’un de Mageia. J’ai une question assez « basique » entre guillemets, pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux et qu’est-ce qui les différencie ? Pour l’instant on va rester à un niveau un peu supérieur c’est-à-dire sans forcément rentrer dans le détail. Pourquoi il y a plusieurs distributions GNU/Linux ? Qui veut intervenir sur cette question ? Nicolas Dandrimont de Debian.

Nicolas Dandrimont : Tout à fait. J’ai une analogie. On pourrait se poser la même question : pourquoi il y a plusieurs marques de chaussures ? Eh bien parce qu’il y a plusieurs formes de pieds.

Olivier Fraysse : Il y a des pieds plus poilus que d’autres !

Nicolas Dandrimont : Je veux dire que tu ne vas pas être confortable dans toutes les paires de chaussures. De la même manière, les usages de l’informatique sont très divers donc les gens vont vouloir assembler leur univers informatique de la manière qui les intéresse. C’est pour ça qu’on a une diversité assez large dans les distributions GNU/Linux. La possibilité qui est ouverte par la publication du code source, la disponibilité des logiciels et la possibilité aussi de les modifier permet à chacun de trouver chaussure à son pied et de faire chaussure à son pied. Donc c’est comme ça qu’on se retrouve avec des centaines voire des milliers de distributions Linux qui sont différentes, qui vont toutes partir de la même base, de plus ou moins les mêmes logiciels, mais qui vont être intégrés de manières subtilement différentes pour convenir à leurs utilisateurs.

Olivier Fraysse : Donc Debian ce serait comme une grosse botte où il faut lacer pendant très longtemps et Ubuntu ce serait la chaussure à scratch. C’est ça ?

Nicolas Dandrimont : On peut le voir comme ça.

Frédéric Couchet : On ne va pas commencer le débat entre les distributions, je vous préviens. Je préviens Olivier qu’on rentrera dans le détail des débats tout à l’heure. Jean-Christophe Monnard, est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cette question, finalement, de l’existence de plusieurs distributions, notamment l’existence de Mageia en plus d’Ubuntu, Debian et évidemment des autres, on en citera certaines tout à l’heure ? Jean-Christophe.

Jean-Christophe Monnard : C’est à la fois la puissance et la faiblesse du Libre : la liberté ; la liberté c’est le choix. Je ne parlerais pas de tailles de pieds différentes, mais plutôt d’utilisations différentes : entre un escarpin et une chaussure de montagne, il est clair qu’il vaut mieux avoir des savoir-faire différents. Certaines distributions sont plus adaptées à faire du serveur, d’autres au grand public et ainsi de suite, plus les particularismes nationaux qui existent aussi, je crois, à partir du moment où chacun peut modifier quelque chose. Un jour, bien que n’étant pas un vrai informaticien, j’avais pris une distribution, une distribution qui tenait sur trois disquettes et je l’ai francisée ; je peux dire, quelque part, que ce jour-là j’ai fait ma distribution, or je me suis bien amusé ; ça n’a pas servi à grand-chose d’autre.
Donc le Libre permet plein de possibilités et je crois que c’est une de ses richesses. Malheureusement c’est aussi une de ses faiblesses parce qu’il n’y a peut-être pas toujours assez de monde pour telle ou telle distribution. Je me souviens, par exemple, de la distribution Zenwalk que j’adorais, mais qui n’est plus vraiment mise à jour.

Frédéric Couchet : Effectivement, comme tu le dis, après je repasserai la parole à Olivier Fraysse, c’est une des forces et une des « faiblesses », entre guillemets, du logiciel libre, mais quand tu parles de la distribution que tu t’es faite de ton côté, ça me fait penser qu’il est important de préciser, là on parle de distributions génériques, qu’il y a aussi des distributions spécialisées par exemple pour l’audio, pour la vidéo, pour l’éducation, pour la sécurité. Le but aujourd’hui ce n’est pas de les citer toutes parce qu’il y en a beaucoup et vous retrouverez des références sur le site de l’April ou sur Wikipédia. Et c’est aussi, quand même, une des grosses forces du Libre, effectivement, d’adapter par rapport à des besoins spécifiques et sans dépendre du choix d’un éditeur qui, peut-être économiquement, n’aura pas intérêt à créer une distribution ou un système d’exploitation pour une communauté dédiée, là où le Libre a cette réponse. Et aussi la force de la communauté, on y reviendra tout à l’heure, c’est un des critères de choix. Ça va être une de mes questions, évidemment : comment on choisit entre ces différentes distributions ; c’est un des critères de choix. Olivier, tu voulais réagir ?

Olivier Fraysse : Justement sur le choix. Je trouve que l’inconvénient du Libre c’est qu’il y a vraiment beaucoup de choix et, du coup, ça rend inaccessible au grand public. Plus il y a de choix, plus c’est complexe, il faut comparer tout un tas de trucs. Même dans une même distribution il y a plusieurs variantes, donc pour Ubuntu mais c’est vrai aussi ailleurs. Il y a plein d’interfaces différentes. Il y a une version pour les ingénieurs du son et de la vidéo qui s’appelle Ubuntu Studio ; il y a Kubuntu dont on ne sait pas vraiment la différence réelle avec Ubuntu sans le tester directement. Et c’est ça qui fait, d’après moi, que ce n’est pas facile pour le grand public de passer à un système GNU/Linux, c’est qu’il y a trop de choix. Déjà il faut expliquer pourquoi GNU/Linux, ce n’est pas juste Linux et ce n’est pas toujours la même chose. Pourquoi GNU ? Il faut préciser GNU. Il faut toujours tout expliquer surtout si on veut être juste. Et voilà ! Et surtout, le fait d’avoir à choisir. Je me souviens, quand j’ai installé ma première Debian, ça me demandait pourquoi s’il fallait que je mette un serveur IIRCD, je n’ai jamais compris ce que c’était, avec deux « I ». À chaque fois que j’installais ça chez quelqu’un, je disais « cette question-là tu dis oui ou tu dis non, on s’en fout ; moi-même je ne comprends pas ! » Il y avait plein de questions : il fallait choisir entre Gnome et KDE. Est-ce tu veux expliquer ça à tes potes qui veulent se passer de leur système vérolé ? Tu leur mets une Debian mais ça te pose des questions : Gnome, KDE ? Ce n’est pas la même forme des boutons ; la souris va marcher pareil, mais le curseur ne sera pas de la même couleur. Enfin !

Frédéric Couchet : On va revenir sur ces questions-là parce que sinon, là je crois qu'on va déjà perdre les gens ; Gnome, KDE. La précision que j’ai demandée au départ sur distributions GNU/Linux, comme c’est le terme, le titre du sujet, il est important de le préciser, mais j’ai parfaitement conscience que dans des évènements libristes ces questions-là ne sont pas forcément abordées au départ et ce n’est pas forcément un mal ; les personnes font ce qu’elles veulent.
Je voudrais aussi avoir un petit peu la réaction de Charlotte qui a la délicate tâche aujourd’hui d’être aussi en régie, je la remercie, sur cette multiplicité de distributions et aussi avoir un petit peu son parcours. Comment elle est venue, finalement, aux distributions libres et sa rencontre avec Ubuntu. Est-ce que tu peux nous faire un petit point là-dessus ?

Charlotte Boulanger : Effectivement mon parcours n’est pas celui d’une informaticienne parce que j’ai découvert Ubuntu par le web design de façon un peu détournée. En m’intéressant au design je me suis intéressée au développement, en m’intéressant au développement je me suis intéressée à l’informatique. Ce n’était pas lié à mon métier. En fait Linux, quand tu ne connais pas, même si tu ne connais pas, ça a une espèce d’aura de personne qui fait de l’informatique pour de vrai. En m’intéressant à ça je suis partie vers Ubuntu parce que, pour les débutants, c’est celle qui est conseillée par beaucoup de sites grand public. Moi, par exemple, j’ai découvert avec le site OpenClassrooms, anciennement le Site du Zéro. Eux, leur but du jeu, c’est d’être le plus grand public possible, donc moi j’ai commencé avec Ubuntu. J’ai essayé Debian il n’y a pas longtemps. Effectivement ça pose beaucoup questions au début mais après c’était plutôt cool. C’était plutôt une bonne surprise parce que, des fois, on a l’impression qu’il y a un gouffre entre Debian et Ubuntu alors que pas du tout !

Frédéric Couchet : Merci Charlotte. On aura l’occasion de parler tout à l’heure sur la deuxième partie, la partie contribution, de ta participation en tant que contributrice qui est également intéressante. Je vais continuer sur les questions justement. Je vais vous demander si possible d’être relativement brefs, en tout cas d’être relativement clairs, et je vais commencer par Jean-Christophe Monnard : expliquez en quelques mots votre distribution. Pourquoi elle existe, d’où elle vient, comment elle fonctionne. En tout cas essayer, entre guillemets, de la « vendre » aux personnes qui écoutent pour qu’on comprenne mieux, un petit peu, quel est le positionnement de chaque distribution et, éventuellement, les différences entre elles. Jean-Christophe sur Mageia.

Jean-Christophe Monnard : Ce qui caractérise Mageia aussi bien que ses ancêtres, c’est la facilité : la facilité d’installation, la facilité d’utilisation, de mise à jour. Il y a toute une interface graphique, il y a tout un système graphique qui permet de gérer cette distribution sans faire de ligne de commande. Je me souviens une fois, aux Rencontres mondiales du logiciel libre, il y avait un « debianeux » qui, pour se moquer d’un ancêtre de Mageia, disait : « Ça c’est une distribution pour les secrétaires, ce n’est pas une distribution pour les hommes, les vrais ». Je lui ai répondu : oui, parce qu’avec ça une secrétaire installe facilement un serveur ou un poste client sans avoir besoin d’un informaticien.
Mageia, aussi parce que j’ai rencontré une communauté qui est en grande partie francophone donc c’est assez intéressant, c’est pour ça que je l’utilise, entre autres. Quand je vais chez les gens pour installer Linux ou au cours des install-parties, c’est effectivement la distribution que je préconise pour les débutants à cause de sa grande facilité et de sa variété d’interfaces graphiques : on peut choisir en fonction des personnes et puis d’une équipe qui est assez réactive.

Frédéric Couchet : Mageia est une distribution qui existe je ne sais plus depuis combien de temps. Tu parlais des ancêtres, c’est une dérivée d’autres distributions qui existent depuis une vingtaine d’années. Ça me fait penser, d’ailleurs, que les premières distributions GNU/Linux doivent dater, je crois, de 1992, vraiment les premières à l’époque des noyaux Linux 0.90, quelque chose. Nicolas me fait un petit signe en doutant. Étant plus vieux que Nicolas j’ai à peu près confiance sur le fait que la première fois que j’en ai utilisé une c’était à peu près à cette époque-là. Je crois d’ailleurs que celle-là existe toujours, c’était Slackware ; à l’époque c’était sur des disquettes, il devait y avoir 50 ou 70 disquettes.
En tout cas Mageia a un long historique de mises à jour. Il faut rappeler que l’association qui porte Mageia est une association dont le siège social est à Paris. Il y a un forum qui a l’air très actif, en français, comme les forums d’Ubuntu. D’ailleurs c’est là que j’ai sollicité pour avoir quelqu’un de Mageia du fait que, suite au changement de date, la personne qui devait parler de Mageia, Anne Nicolas, ne pouvait plus être disponible. Voilà, ça c’est Mageia. On va passer maintenant la parole à Nicolas Dandrimont pour Debian.

Nicolas Dandrimont : Pour la distribution Debian, notre slogan c’est d’être le système d’exploitation universel. La distribution a été créée en août 1993, donc elle fait partie des toutes premières distributions Linux qui ont été créées.
Notre vision c’est d’avoir une distribution qui soit le plus proche possible de ce que vont fournir les projets amont. Donc les logiciels que l’on va empaqueter dans notre distribution vont être le moins possible modifiés par rapport à ce qui est publié par les auteurs originaux. Notre autre force c’est la diversité des architectures sur lesquelles on fonctionne, c’est-à-dire que Debian va pouvoir fonctionner du téléphone au supercalculateur en passant, bien sûr, par l’ordinateur classique de bureau ou ordinateur portable. On va pouvoir faire tourner les mêmes logiciels sur toute cette diversité de dispositifs, d’ordinateurs.

Jean-Christophe Monnard : Je voudrais intervenir sur Debian pour en dire du bien. Un jour un expert en sécurité m’a dit, à propos de Debian, que ce sont les gardiens du temple parce que non seulement la distribution utilise des logiciels libres mais le fonctionnement associatif au niveau mondial de Debian cherche à appliquer les valeurs du Libre. Maintenant je suis chez Mageia parce que nous ne sommes plus dirigés par une entreprise mais par une association. Mais je pense que c’est ça : les gardiens du temple ça correspond très bien à Debian.

Nicolas Dandrimont : Merci. Oui, effectivement, ça fait partie des choses qui sont vraiment au cœur de Debian. La philosophie du projet est très proche de la philosophie qui est à la base du logiciel libre. Je ne sais pas si tu as prévu d’en reparler après, Fred.

Frédéric Couchet : Ça dépendra évidemment du temps disponible. Debian est souvent la mère d’autres distributions plus spécialisées.

Nicolas Dandrimont : Oui, aussi.

Frédéric Couchet : C’est une distribution un petit peu, effectivement, à part. Olivier et Charlotte, sur Ubuntu-fr, qui en premier ?

Olivier Fraysse : Sur Ubuntu-fr ?

Frédéric Couchet : Sur Ubuntu, excuse-moi.

Olivier Fraysse : Parce qu'on avait une version francophone d’Ubuntu, mais on a arrêté de la faire. Elle avait de différent le fait que le français était la langue par défaut et, très momentanément, on a désactivé des fonctionnalités très contestées dans la communauté qui était la recherche dans Amazon.

Frédéric Couchet : Je n’avais pas prévu d’en parler mais c’est bien que tu le cites. Alors Ubuntu.

Olivier Fraysse : Il n’y a pas de problème. C’est aussi ça la différence avec Debian, c’est qu’Ubuntu est relativement impure. Mais Debian est aussi la mère d'Ubuntu, pas la merde, j’ai dit la mère !

Frédéric Couchet : Olivier, s'il te plaît !

Olivier Fraysse : Excusez-moi. Pardon ! On est à la radio. Sans Debian il n’y aurait pas d’Ubuntu. D’ailleurs, quand on nous demande comment contribuer à Ubuntu, généralement on renvoie vers Debian, on dit : « Contribuez à Debian, vous aiderez Ubuntu ». Je pense que Debian survivra à la fin du capitalisme beaucoup plus facilement qu’Ubuntu.

Frédéric Couchet : Je ne suis pas sûr qu’on ait le temps de traiter la fin du capitalisme dans l’heure de l’émission. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous donner la spécificité d’Ubuntu ?

Olivier Fraysse : Je n’avais pas prévu de rentrer complètement dans les cases que tu avais imaginées.

Frédéric Couchet : D’accord. À ce moment-là, je vais demander à Charlotte. Charlotte !

Charlotte Boulanger : Je ne pensais pas parler de la fin du capitalisme.

[Rires]

Olivier Fraysse : Notre plan tombe à l’eau !

Charlotte Boulanger : SOS ! Ubuntu, moi je veux bien parler des mauvais côtés, quelque part, parce qu’il ne faut pas hésiter.

Frédéric Couchet : Vas-y.

Charlotte Boulanger : Ubuntu, pour beaucoup de personnes qui sont dans l’univers du logiciel libre, qui sont des libristes, c'est Canonical, en fait, qui est l’entreprise qui a créé, qui a lancé Ubuntu disons, et qui prend pas mal de décisions dont les petits boutons Amazon qui sont là par défaut et ce genre de choses. Il faut entendre les critiques sur Ubuntu et quand quelqu’un me dit avec un air, comme le disait Jean-Christophe sur Mageia, quand quelqu’un d’une autre distribution vient me voir en me disant « moi je ne suis pas sur Ubuntu parce que machin, machin ! » Je dis : « C’est super cool pour toi ! » Par contre Ubuntu a cette raison d’être, d’être facile pour les débutants. En tout cas c’est une bonne porte d’entrée vers le monde des distributions libres.

Frédéric Couchet : Merci Charlotte. Très clairement, Ubuntu a joué un rôle considérable pour l’accès, la découverte par le grand public du logiciel libre, à la fois par sa facilité d’installation, d’usage, à un moment où Debian n’était peut-être pas à ce même niveau et aussi par les Ubuntu Parties dont on reparlera tout à l’heure, les évènements, c’est-à-dire la communauté, l’accueil, etc. Olivier, tu voulais ajouter quelque chose en lien avec le capitalisme ou Ubuntu ?

Olivier Fraysse : Non. C’était pour dire qu’effectivement, moi si je suis sous Ubuntu et que je participe à l’association Ubuntu francophone c’est essentiellement parce que ça permet au grand public d’accéder au logiciel libre. C’est en ça que je trouve Ubuntu génial et que c’est plus facile de le faire avec Ubuntu qu’avec Debian ou Fedora ou Mageia, d’après moi.

Nicolas Dandrimont : Je suis tout à fait d’accord avec ça.

Frédéric Couchet : D’accord. Nous allons poursuivre notre échange après une pause musicale. Nous allons écouter Lord's Mistake de l’album Not Kings par Candy Says et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Lord's Mistake de l’album Not Kings par Candy Says

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour sur l’émission Libre à vous ! sur radio Cause commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.
Vous écoutez l’émission de l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Nous parlons actuellement des systèmes d’exploitation libres avec mes invités : Nicolas Dandrimont pour le projet Debian, Olivier Fraysse pour le projet Ubuntu, Charlotte Boulanger aussi pour Ubuntu et Jean-Christophe Monnard, avec nous au téléphone, pour Mageia.
La pause musicale c’est Lord's Mistake de Candy Says. C’est en licence libre CC BY-SA, donc partage dans des conditions à l’identique ; vous retrouverez la référence sur le site de l’April.

Juste avant la pause nous parlions un petit peu des différences entre les distributions Mageia, Ubuntu et Debian.
Nous allons maintenant aborder le sujet, parce qu’évidemment on a parlé de distributions, mais comment s’y mettre ? Parce que l’une des difficultés aujourd’hui du monde du logiciel libre — pas aujourd’hui, d’ailleurs, mais depuis très longtemps — c’est le fait que quand on achète un ordinateur dans le commerce il est très souvent préinstallé avec un système d’exploitation privateur, que ce soit Microsoft Windows ou Mac OS d’Apple et donc, assez souvent, on doit installer une distribution GNU/Linux si on veut commencer à utiliser un environnement entièrement libre.
De ce point de vue-là, est-ce qu’aujourd’hui il est possible d’installer des distributions GNU/Linux par n’importe quelle personne ? Qui veut commencer ?

Jean-Christophe Monnard : Je veux bien parler.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe, vas-y.

Jean-Christophe Monnard : J’ai participé à beaucoup d’installations dans les install-parties ou chez des particuliers. La plupart des gens n’installent pas Windows donc, effectivement, ils ne savent pas très bien installer un système d’exploitation. Donc il vaut mieux quand même avoir quelqu’un avec soi, ne serait-ce que pour être rassuré psychologiquement. Quelques personnes douées peuvent le faire uniquement en lisant des conseils sur le Web ou dans des livres, des revues très bonnes, mais en général il vaut mieux quand même être accompagné parce qu’il y a des questions de vocabulaire qu’on ne s’est jamais posées et là, on gagne quand même beaucoup de temps. C’est le conseil que je donnerais. Et naturellement essayer de contacter une association d’utilisateurs de logiciels libres, il y en a à peu près partout en France maintenant.

Frédéric Couchet : Nicolas Dandrimont.

Nicolas Dandrimont : Je suis tout à fait d’accord avec ça. Je pense qu’aujourd’hui c’est effectivement à la portée de tout un chacun de pouvoir installer une distribution GNU/Linux. Par contre, l’aspect communautaire est super important, l’avis de la communauté, et faire en sorte que les gens comprennent que dans le logiciel libre il n’y a pas qu’un outil technique qui est super utile, qui est un système d’exploitation, mais qu’il y a aussi une philosophie, des valeurs, et puis des gens qui sont derrière ces projets. C’est super important. Du coup, les initiatives comme les Premier Samedi du Libre de Parinux qui sont des install-parties en fait.

Frédéric Couchet : Les Premier Samedi de Parinux, Parinux est le groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres de la région parisienne, ça se passe à La Villette chaque premier samedi du mois. Une install-partie c’est une fête d’installation, en tout cas un évènement dans lequel il y a des personnes qui ont certaines compétences un peu avancées sur l’installation de logiciels libres et de distributions libres, qui aident d’autres personnes à se faire installer, donc accompagnent des personnes débutantes à l’installation de distributions libres.

Nicolas Dandrimont : C’est ça. À la Cité des sciences, je précise. Tu as dit à La Villette.

Frédéric Couchet : Donc à la Cité des sciences et de l’industrie, porte de La Villette à Paris.

Nicolas Dandrimont : Au Carrefour numérique.

Frédéric Couchet : Ce genre d’évènement existe, évidemment, dans d’autres régions et on les retrouve sur le site de l’Agenda du Libre.

Nicolas Dandrimont : Bien sûr. Et puis ces évènements-là ça fait aussi un point un peu fixe, un point focal, où les gens qui ont un système libre sur leur machine peuvent venir poser leurs questions. Ça fédère vraiment les communautés. Je reprends l’exemple de La Villette, je sais qu’il y a des gens qui installent des Ubuntu, des Mageia, des Fedora et d’autres distributions diverses et variées, et on est vraiment tous contents de s’entraider, en fait, et d’aider les gens à se libérer.

Frédéric Couchet : Charlotte, je lui laisse le temps d’allumer son micro, toi qui participes aux Ubuntu Parties, aujourd’hui est-ce que c’est obligatoire de venir à une Ubuntu Party pour se faire installer Ubuntu ? C’est sans doute un bon conseil.

Charlotte Boulanger : Oui. Oui !

Nicolas Dandrimont : Elle organise ! Elle organise les Ubuntu Parties.

Frédéric Couchet : Elle organise, c’est vrai !

Charlotte Boulanger : C’est quoi l’expression « prêcher pour sa paroisse » ou un truc comme ça ?

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux nous expliquer comment fonctionne une Ubuntu Party ?

Charlotte Boulanger : Une Ubuntu Party, il y a une install-partie et il faut avouer que c’est l’évènement central. Une install-partie, vous l’avez compris, on aide les gens à installer un système d’exploitation libre sur leur machine, c’est ce dont parlait Nicolas, je crois, ou Jean-Christophe, je ne sais plus.

Frédéric Couchet : Les deux.

Charlotte Boulanger : Les deux, c’est magnifique. Oui, Jean-Christophe parlait qu’on peut avoir besoin d’aide pour se rassurer et c’est exactement ça. Après, une Ubuntu Party c’est un peu particulier par rapport au Premier Samedi du Libre parce qu’il y a aussi des conférences à côté qui sont filmées, des ateliers aussi où on met des gens devant un ordinateur et on va dire : là on va apprendre comment prendre en main son environnement Ubuntu, par exemple et plein d’autres sujets.

Nicolas Dandrimont : Ça dure deux jours complets.

Charlotte Boulanger : Ça dure deux jours sauf s’il y a des manifestations, ça dure un seul jour dans ces cas-là, par rapport à la dernière Ubuntu Party.

Frédéric Couchet : Charlotte fait référence à l’annulation du samedi de la dernière Ubuntu Party suite à la fermeture des lieux culturels à Paris pour les manifestations gilets jaunes.

Charlotte Boulanger : C’est ça. Et pour clarifier, avec Olive on fait partie de Ubuntu-fr.

Frédéric Couchet : Explique-nous ce qu’est Ubuntu-fr.

Charlotte Boulanger : Oui, ça peut être bien. C’est l’association francophone des utilisateurs d’Ubuntu et ce sont des utilisateurs. Il y en a qui contribuent ; pas tous. Moi je n’ai jamais contribué à la distribution Ubuntu, j’ai uniquement contribué à l’association Ubuntu-fr en faisant notamment des designs, des tee-shirts, des sites internet de temps en temps. Il faut distinguer la communauté Ubuntu-fr de ceux qui font la distribution. Olive, est-ce que tu es d’accord avec moi ?

Olivier Fraysse : Oui, c’est ça. Dans Ubuntu-fr, donc Ubuntu francophone, il y a très peu de contributeurs au code de Ubuntu et des logiciels qui composent Ubuntu. C’est essentiellement les 200 000 inscrits du forum Ubuntu-fr, les organisateurs et les bénévoles des Ubuntu Parties.

Frédéric Couchet : Avant de passer la parole à Jean-Christophe et Nicolas sur la partie, justement, forums, communautés, c’est important ce point que tu évoques Charlotte. On pense que contribuer au logiciel libre ça ne passe que par la contribution au code ; c’est une des contributions, évidemment essentielle, parce que sans contribution au code il n’y aurait pas forcément de logiciel libre. Mais on peut contribuer, comme toi tu le fais, Charlotte, par du design, parce que toi, à titre professionnel, tu fais du design. Je le précise parce que je ne l’ai peut-être pas dit au début : toutes les personnes qui sont invitées aujourd’hui sont des bénévoles dans chacun des projets. Charlotte contribue par du design : tu l’as fait pour les tee-shirts et pour les plaquettes. On peut contribuer en écrivant de la documentation à laquelle faisait référence tout à l’heure Jean-Christophe Monnard de Mageia, pour expliquer aux personnes débutantes comment installer du logiciel libre ou comment utiliser tel logiciel. On peut faire de la traduction, etc. Je crois, Nicolas, que c’est là-dessus que tu voulais réagir. Vas-y. Nicolas Dandrimont.

Nicolas Dandrimont : Je ne suis pas du tout d’accord avec Charlotte qui dit : « Je ne contribue pas à Ubuntu, je ne fais que du design pour Ubuntu-fr. » Ça n’a aucun sens quoi ! Des contributions comme ça, qui permettent d’animer et de faire grandir la communauté, sont critiques à la vie de nos projets.

Olivier Fraysse : En plus c’est le seul avantage d’Ubuntu, c’est son design ! Donc !

Charlotte Boulanger : Pourtant j’ai essayé de bien préciser : la distribution. C’est vrai qu’indirectement, du coup, les gens dans la communauté, etc.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe, justement, la communauté Mageia, je crois qu’il y a des forums Mageia en ligne, il y a des listes de discussion. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu, s’il te plaît ?

Jean-Christophe Monnard : Je crois comme la plupart des projets libres. On parle des distributions, je vais placer un petit mot en plus. Parfois il arrive aussi, il nous arrive à tous d’installer des logiciels libres sous Windows, qui est une première étape avant de passer aux distributions.

Frédéric Couchet : Tout à fait.

Jean-Christophe Monnard : Pour rebondir sur ce qui a été dit, j’ai vu un chiffre une fois, précisément je ne sais pas, mais que la moitié du travail d’une distribution ce sont des non-informaticiens. C’est effectivement la traduction, la documentation, c’est faire connaître, parce que cette distribution elle n’est pas autiste, elle ne va pas se limiter à être utilisée par ceux qui la font, enfin la plupart du temps, en tout cas pour Ubuntu, pour Mageia et pour d’autres.
Pour Mageia, effectivement, nous avons des listes à peu près dans toutes les langues, enfin toutes les langues utilisateurs, ça en fait beaucoup, des forums, des forums IRC, des blogs, qui permettent les remontées, les difficultés, parfois aussi les félicitations, les remerciements aux contributeurs informaticiens. Donc effectivement toute cette communauté internationale, en grande partie française mais pas exclusivement, pas du tout – il y a aussi pas mal de Brésiliens, d’Allemands et ainsi de suite –, donc toute cette communauté amène ses contributions qui ne sont pas du code pur. Chacun à son tour, à un moment de sa vie, peut contribuer et profiter.
Je crois aussi qu’un jour Michel Rocard avait dit qu’un grand avantage du logiciel libre c’est qu’on a intérêt à ce que l’autre réussisse. Je pense, en tout cas pour moi philosophiquement, que c’est une chose importante dans le Libre, ça permet plus de partage, de solidarité, on va dire même d’amour chrétien entre les êtres humains. On a intérêt à ce que les autres réussissent et ce n’est pas de la jalousie. Si l’autre fait quelque chose, fait un joli dessin, une couverture de CD ou un peu de documentation, tout le monde va en profiter même au-delà de la distribution. Il y a des contributions à telle ou telle distribution qui vont profiter aux autres. Il faut voir ça aussi.

Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Il y a des contributions effectivement croisées. Merci Jean-Christophe.
Je voudrais juste aborder deux petits points, je ne sais pas qui voudra en parler, parce que dans l’arrivée vers les distributions de logiciels libres, il y a deux points qui me paraissent intéressants : la notion de double amorçage, qui existe encore aujourd’hui, par quelqu’un qui veut garder par exemple son Microsoft Windows. Et la deuxième notion que je voudrais que vous explicitiez, ce sont les CD ou clef USB dites live c’est-à-dire autonomes, pour tester. Nicolas Dandrimont, Debian.

Nicolas Dandrimont : C’est vrai. Si on veut faire un premier pas vers le logiciel libre sans sauter dans le grand bain, effectivement la première solution, Jean-Christophe en parlait, c’est d’installer des logiciels libres sur son système d’exploitation existant. Il y a beaucoup de gens qui le font, notamment installer LibreOffice ou Firefox sous Windows, c’est un grand classique.
Après, si on veut tester les systèmes d’exploitation GNU/Linux, le plus simple, effectivement, c’est de prendre une clef USB qui va avoir le système d’exploitation dessus ; on va pouvoir la démarrer et tester sans rien modifier sur son ordinateur. Ça permet effectivement de tester l’environnement de bureau, de voir si on est confortable ou pas avec le système et après, une fois qu’on est prêt à sauter le pas et à avoir une installation fixe sur son ordinateur, on peut effectivement faire de la place à côté de son système d’exploitation existant ; donc on garde son système d’exploitation existant et on ajoute, en double amorçage, la distribution Linux qui nous a fait plaisir.

Frédéric Couchet : La distribution GNU/Linux.

Nicolas Dandrimont : Oui, Linux, GNU/Linux, GNU/kFreeBSD.

Frédéric Couchet : Il faut préciser qu’au démarrage de la machine, il y a aura ensuite un menu qui permettra de choisir le système d’exploitation qui démarrera.

Nicolas Dandrimont : Effectivement. On va avoir quelques secondes au démarrage de la machine pour choisir sous quel système on veut démarrer.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe, est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur ce point ou Olivier ?

Jean-Christophe Monnard : Oui. La plupart des distributions grand public ont des cédéroms, plutôt des DVD maintenant, autonomes. Je voudrais souligner un apport de Debian qui est fait par un professeur allemand, herr Doktor Knopper [herr Professor ou herr Ingenieur, Note de l'intervenant], qui nous a fait la fabuleuse Knoppix, que j’ai utilisée très souvent pour des démonstrations ou pour tester du matériel. Si je veux acheter un ordinateur ou quand je le récupère à la déchetterie, ce qui coûte beaucoup moins cher, je le teste d’abord avec une Knoppix qui est un cédérom live.
Au passage une chose pour parler du logiciel libre, de toutes nos distributions. Certains systèmes d’exploitation propriétaires passent beaucoup à observer ce que nous faisons et à chercher à savoir s’ils nous en donnent la permission. Ça veut dire beaucoup de puissance de calcul. Ce qui fait que très régulièrement sur des ordinateurs, disons-le que je récupère, qui ont dix ans d’âge, je retire les systèmes Windows, j’installe Linux, et ils marchent aussi vite qu’un système Windows récent. Ça c’est un grand avantage. On peut adapter Linux aussi bien à des super serveurs qu’à des ordinateurs de récupération ce qui leur évite de partir ensuite dans des déchetteries où ils seront plus ou moins bien traités.

Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe parce que ça me fait penser à un point suivant et on reviendra au point précédent sur les distributions parce que je voudrais quand même que vous parliez rapidement des environnements de bureau parce que ça me semble être une des principales différences au niveau des distributions.
Là on a parlé d’installation d’un système libre sur un ordinateur mais quid de la personne qui veut se procurer une machine avec un système préinstallé ? Je voudrais déjà citer, et je vous laisserai proposer vos propres solutions, un site qui me paraît très important, qui est en référence sur le site de l’April, c’est le site de bons-vendeurs-ordinateurs.info ; c’est bons tiret vendeurs tiret ordinateurs point info. C’est un site qui existe depuis très longtemps, sur lequel vous retrouvez en fait des vendeurs — ça peut-être des boutiques en ligne, des boutiques sur rue — qui vendent des ordinateurs soit nus, c’est-à-dire sans système d’exploitation donc vous ne payez pas la licence Microsoft, soit des systèmes préinstallés avec des versions libres, des distributions GNU/Linux, ça peut être Ubuntu ou Debian.
À l’instant Jean-Christophe parlait des vieux ordinateurs. Moi, à titre personnel, je pense qu’on est plusieurs dans ce cas-là, à la maison j’ai des ordinateurs, des laptops, donc des ordinateurs portables qui datent de 2010, pour mes enfants, que j’ai achetés chez un de ces revendeurs qui est cité, en l’occurrence Ecodair, qui est une structure qui fait du recyclage d’ordinateurs, qui fait travailler des personnes en situation de handicap et en reprise d’emploi. Il y a des versions avec Microsoft Windows, mais il y a aussi des versions avec Ubuntu, donc j’en ai acheté. Je suis désolé, la première chose que j’ai faite ensuite c’est que j’ai installé Debian à la place et ces machines fonctionnent très bien, mes enfants les utilisent au quotidien. Un autre de mes serveurs est sur une autre distribution libre, dont on parlera peut-être tout à l’heure, qui est Trisquel.
En tout cas ceci était important, ça permet effectivement d’avoir l’ordinateur soit préinstallé avec un système libre, soit éventuellement nu. Est-ce que vous avez d’autre pistes de réponses là-dessus ?

Olivier Fraysse : Moi ? Absolument pas !

Frédéric Couchet : Jean-Christophe Monnard et après Nicolas.

Jean-Christophe Monnard : Juste un petit conseil : j’ai toujours été beaucoup plus satisfait d’aller chez des assembleurs ou des petits revendeurs, des artisans qu’on trouve dans les villages, dans les petites villes, qui vous donnent, qui vous fabriquent votre ordinateur — enfin ils ne fabriquent pas, mais ils assemblent ce qu’il faut —, plutôt que dans les grandes surfaces. Parce que là, de toute façon en plus, on aura beaucoup de mal à se faire rembourser Windows, parce que ça coûtera plus cher de se le faire rembourser si on veut le retirer, et on est souvent avec des machines qui sont très captives, très propriétaires.

Frédéric Couchet : Sur le site bons-vendeurs-ordinateurs.info vous trouvez des références de vendeurs en ligne et de vendeurs dans les différentes régions. Je citais Ecodair parce qu’ils sont en région parisienne, mais ils livrent et effectivement, sans doute, il y a des revendeurs dans la plupart des régions françaises qui permettent de récupérer des machines recyclées, voire des ordinateurs nus.

Par rapport aux licences Microsoft Widows, ce qu’on appelle la vente forcée, c’est un sujet qu’on abordera sans doute un jour. Malheureusement la Cour de justice de l’Union européenne a considéré que ce n’était pas une pratique déloyale en toutes circonstances, alors qu’en fait c’en est une parce que, concrètement, on ne peut pas se faire rembourser ou se faire désinstaller Microsoft Windows alors qu’il existerait des solutions techniques. Tout à l’heure, quand on parlait du double amorçage, une solution technique serait simplement que les fabricants préinstallent plusieurs systèmes et lors de l’achat de l’ordinateur, avec un code d’activation qui serait par exemple payant pour Microsoft Windows ou à un coût raisonnable pour d’autres systèmes et qui permettrait d’activer tel ou tel système. C’était une petite parenthèse. Je crois, Nicolas, que tu voulais réagir sur ce point-là.

Nicolas Dandrimont : Non !

Frédéric Couchet : Alors compléter, vas-y.

Nicolas Dandrimont : Je pense à des fabricants, là c’est plus sur du matériel neuf, du coup, qui poussent des solutions libres. Je pense à Librem, par exemple, qui est un fabricant de matériel qui fait des ordinateurs portables et qui commence aussi à faire des téléphones qui tournent sur une distribution qui s’appelle PureOS et qui est une dérivée de Debian. PureOS emploie d’ailleurs un certain nombre de développeurs Debian pour faire leur travail dans Debian. Donc en plus d’avoir du logiciel libre, on a du matériel qui est un peu meilleur au niveau du respect de la vie privée de ses utilisateurs. Ils font ce qu’ils peuvent pour essayer d’avancer sur ces questions.

Olivier Fraysse : C’est peut-être un peu plus cher comme matériel, je crois.

Nicolas Dandrimont : Oui, ça a un coût.

Olivier Fraysse : La liberté a un coût !

Nicolas Dandrimont : Malheureusement oui. Ce ne sont pas des produits de masse encore aujourd’hui.

Frédéric Couchet : Pour le moment !

Nicolas Dandrimont : Pour le moment. Il y a bon espoir pour que ça se généralise mais aujourd’hui ce sont effectivement des produits qui sont plutôt sur le haut de gamme au niveau prix.

Olivier Fraysse : Et leur téléphone Purism Librem 5 tournera donc sur PureOS, effectivement, mais pourra aussi faire tourner Ubuntu Touch. Je le précise parce qu’on présente souvent la version téléphone d’Ubuntu comme abandonnée, mais ce n’est pas totalement le cas grâce à la fondation qui s’est montée autour de ce projet, Ubuntu Touch.

Nicolas Dandrimont : It's alive!

Olivier Fraysse : Yes.

Frédéric Couchet : On a parlé de Librem lors de notre sujet sur la téléphonie mobile libre, le téléphone mobile est annoncé pour avril-mai. Par rapport aux autres fabricants de téléphonie qui ont un système soit iOS pour Apple, soit Android, l’idée du Librem c’est de partir d’une distribution, on va dire générique, la distribution mère de toutes les distributions c’est-à-dire Debian, de l’adapter et d'en faire PureOS, ce qui permettra aussi de régler pas mal de problèmes techniques liés en fait à Android, pas mal de problèmes de vie privée aussi. Je vous invite à réécouter le podcast qui est disponible sur le site de l’April.

Je vois que le temps avance, je voudrais revenir sur un petit sujet qui me paraît souvent être une différence entre les distributions. Je vais solliciter Charlotte sur cette question-là mais aussi, évidemment, les autres personnes. Tout à l’heure Nicolas et Jean-Christophe disaient qu’une des premières étapes c’était d’installer des logiciels libres sur son environnement privateur parce qu’ensuite on les retrouve sur son environnement libre. On retrouve VLC, Firefox, LibreOffice. Par contre, un des gros changements, c’est l’environnement de bureau. Tout à l’heure c’était Olivier Fraysse qui parlait de KDE qui est environnement de bureau, Gnome qui est un autre environnement de bureau, moi j’ai un autre environnement de bureau. Ça me paraît être un changement vraiment important pour les personnes qui débarquent d’un environnement différent, Windows ou Mac OS. De ton expérience, Charlotte, est-ce que c’est un point bloquant ? Comment vous expliquez ça ? Est-ce que vous orientez les personnes vers tel ou tel bureau ?

Charlotte Boulanger : C’est vrai que souvent quand on dit aux gens : « On vous a installé Ubuntu et là on vous fait un atelier Gnome, Gnome qui est l’environnement de bureau », il y a un peu une incompréhension de temps en temps sur « attendez ! c’est quoi Gnome, c’est quoi Ubuntu, tout ça ? » Et là on doit expliquer que Ubuntu vous pouvez l’avoir avec un environnement de bureau. Donc là les touches sont comme ça et tout et là c’est en bas à gauche pour aller ouvrir tel menu alors que l’autre c’est en haut à droite, etc. Ce sont des petits changements pour un libriste, quelqu’un qui va voir plutôt les grosses différences entre les distributions, mais pour quelqu’un, par exemple une personne âgée qui a déjà du mal, je ne sais pas, à changer son fond d’écran, je dis ça parce que j’en connais, c’est assez important.
Moi, de mon expérience, quand quelqu’un veut installer Ubuntu et c’est sa première utilisation, je lui conseille d’utiliser ce qui est par défaut dans la dernière version. En ce moment c’est Gnome par exemple. Pourquoi ? Parce que tout simplement, à la moindre difficulté, les tutoriels les plus récents que la personne va voir seront souvent avec cet environnement de bureau-là. Après, s’il y en a qui me disent : « Moi je fais du montage vidéo, je fais du graphisme, quel environnement me conviendrait le plus ? » Et là, si la personne est à l’aise, je n’hésite pas à la rediriger vers Kubuntu.

Olivier Fraysse : Ubuntu Studio.

Charlotte Boulanger : Ubuntu Studio, que moi je n’aime pas personnellement.

Frédéric Couchet : Merci Charlotte. Jean-Christophe, est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur cet aspect bureau, environnement de bureau ?

Jean-Christophe Monnard : Il y a effectivement un phénomène que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître c’est qu’autrefois il y avait DOS ; on tapait « win » et il y avait Windows 3.1 qui apparaissait. Pour ces générations-là, parfois, on peut montrer qu’il y a plusieurs gestionnaires de fenêtres, plusieurs windows pour Linux tandis que Windows n’en a qu’un seul. La liberté fait parfois un petit peu peur.
Au début, pour moi, ça dépend vraiment beaucoup de la puissance de l’ordinateur. Quand c’est vraiment une machine ancienne, peu puissante, IceWM, par exemple, je ne sais pas si je le prononce bien, il y a des environnements de bureau qui sont très légers, XFCE est quand même aussi assez léger.
C’est vrai que souvent, par défaut, sur Mageia nous mettons en place KDE. En général là les gens s’adaptent assez rapidement parce que ça ressemble un petit peu à Windows. Il y a un bouton en bas à gauche ; ça marche assez bien. Mais effectivement, c’est une question parfois pour les gens. Au bout d’un certain temps, ceux qui vont essayer plusieurs environnements de bureau verront que certains sont plus pour les artistes de l’informatique ou plus faciles à utiliser.
Il me semblait à propos d’Ubuntu, la version pour la vidéo, que la différence était surtout le noyau qui permettait du traitement en temps réel beaucoup plus que l’interface graphique.

Olivier Fraysse : Oui, en effet. Mais il y a aussi un changement d’interface graphique de ce dont je me souviens de Ubuntu Studio, mais j’avoue que je n’ai pas testé récemment. Il me semble que c’est sous KDE, Ubuntu Studio.

Charlotte Boulanger : Moi j’avais essayé.

Olivier Fraysse : Effectivement il y a le noyau real time.

Charlotte Boulanger : Au temps pour moi.

Olivier Fraysse : Tu avais essayé Ubuntu Studio, Charlotte ?

Charlotte Boulanger : Non Kubuntu il me semble. En fait, c’était encore quelque chose d’autre.

Olivier Fraysse : Kdenlive.

Charlotte Boulanger : Peut-être.

Olivier Fraysse : Qui est le logiciel de montage.

Frédéric Couchet : De montage vidéo.
Le temps passe vite, il va nous rester à peu près cinq minutes sur ce sujet. Avant de faire un tour de table final j’ai une question. On a parlé de distributions libres, mais, en fait, il n’y a pas forcément que des logiciels libres installés sur les distributions. Est-ce qu’on pourrait faire un petit point sur cette séparation entre les logiciels libres et non libres sur les distributions ? Aussi par rapport aux critères de la Fondation pour le logiciel libre qui a émis un certain nombre de critères pour dire que telle distribution n’installe que du logiciel libre, en allant jusqu’au BIOS, c’est-à-dire le petit bout de programme qui s’exécute au démarrage de l’ordinateur avant même le système d’exploitation. Quelle est votre politique par rapport à cette information des personnes qui les utilisent au niveau de la séparation logiciel libre-logiciel privateur ? Je vais commencer peut-être par Ubuntu. Vas-y.

Olivier Fraysse : Moi je pense que c’est très bien qu’on puisse installer une distribution GNU/Linux comme Debian sans la moindre trace de logiciel privateur, sans le moindre driver pollué.

Frédéric Couchet : Pilote de périphérique.

Olivier Fraysse : Pardon, sans le moindre pilote pas libre. C’est nécessaire que ça existe. Après, je pense que si on veut diffuser des solutions libres au plus grand monde il faut accepter des compromis comme le fait Ubuntu avec des drivers Wifi, notamment, qui ne sont pas libres sur la version d’installation. En fait, quand tu installes Ubuntu, il te permet de te connecter à ton Wifi avec des pilotes pas libres pour pouvoir faire l’installation correctement. Mais surtout, après, il t’informe et une fois que tu as installé il te dit : « Tu veux des drivers ou tu ne veux pas Internet ? »

Frédéric Couchet : D’accord.

Olivier Fraysse : Voilà. Ça me semble super nécessaire de faire ce genre de compromis. Après j’ai une question pour toi : est-ce qu’on va parler des distributions payantes qui sont libres mais payantes, comme Red Hat ?

Frédéric Couchet : Non, parce que là on s’adresse aux distributions directement accessibles pour le grand public. On fera un deuxième sujet, de toute façon, sur ces distributions, on abordera d’autres sujets dont les distributions pour entreprises, etc.

Olivier Fraysse : Avant de passer la parole à Nico, justement, il me semble que Debian aussi a touché à des pilotes pas libres, il fut un temps, mais ce n’est peut-être plus le cas.

Frédéric Couchet : Nicolas Dandrimont pour Debian et après Jean-Christophe.

Nicolas Dandrimont : Effectivement, si on fait une installation par défaut de Debian aujourd’hui on a 100 % de logiciel libre. Il y a beaucoup de travail qui a été fait notamment au niveau du noyau Linux pour séparer la partie noyau logiciel et tous les petits micros logiciels qu’on va mettre dans divers périphériques pour qu’ils puissent fonctionner, qui sont, eux, justement, pas forcément libres. Ce travail-là a été pas mal poussé par Debian.
On a la possibilité, par contre, d’ajouter effectivement les pilotes de périphériques et les micros logiciels qui sont nécessaires pour le fonctionnement du matériel qui sont, du coup, des logiciels qui ne sont pas libres. On ne met pas trop ça en avant sur nos pages web, sur notre documentation. Par contre ce sont des choses qui sont vraiment disponibles publiquement et qui sont assez proches. En fait, ils sont dans la même archive que les logiciels libres et c’est d’ailleurs le reproche qui nous est fait pas la Free Software Foundation.

Frédéric Couchet : La Fondation pour le logiciel libre.

Nicolas Dandrimont : C’est que la partie non libre de Debian n’est pas assez bien séparée de la partie libre. C’est un peu la position orthodoxe de la FSF là-dessus.

Frédéric Couchet : Jean-Christophe Monnard pour Mageia. Quelle est la politique de Mageia par rapport à cette séparation logiciel libre ou cette information ?

Jean-Christophe Monnard : Fondamentalement, tous ces paquets de logiciels sont séparés sur différentes étagères, pour prendre un terme commun. Il y a des étagères pour les logiciels libres, des étagères pour les logiciels qui ne sont pas libres et là on prévient au moment de l’installation. C’est vrai qu’au début j’étais très puriste, je ne les mettais pas, mais pour le plus grand public j’ai vite compris qu’effectivement on peut les mettre comme étape intermédiaire. Je ne les mets pas pour moi.
Il y a aussi, on va dire, une étagère pour les logiciels qui sont gratuits ou libres mais qui posent des problèmes dans certains pays. Parce que là aussi les problèmes de brevet logiciel, par exemple, font que certains logiciels sont utilisables dans certains pays et pas dans d’autres. Donc on a des miroirs qui, en fait, sont des espèces d’étagères ou tiroirs où on range tous ces paquets de logiciels et, à l’installation, il y a un avertissement : « Est-ce que vous voulez installer aussi des logiciels non libres ? », mais c’est vrai que c’est un peu discret et c’est surtout pour des utilisateurs avertis. C’est vrai que quelqu’un du grand public va faire OK, OK, il les aura. On sait bien que pour les débutants c'est nécessaire.

Frédéric Couchet : D’accord. Cette partie va se terminer. Je vais vous laisser chacun et chacune une minute si vous avez quelque chose à ajouter. Jean-Christophe, puisque tu avais la parole, est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose sur ces distributions GNU/Linux ?

Jean-Christophe Monnard : Je trouve excellent qu’il y ait beaucoup de distributions GNU/Linux. On n’a pas peur d’aborder des sujets qui fâchent. Quand le fondateur d’Ubuntu a dit publiquement qu’il voulait qu’on remplace Linux par Ubuntu c’est vrai que ça m’a beaucoup énervé et c’est pour ça aussi que je n’utilise pas Ubuntu même si c’est une distribution qui est techniquement tout à fait au point. Effectivement sa facilité d’utilisation est très bonne.
Utiliser des logiciels libres, eh bien c’est participer à un monde de liberté et d’entraide et c’est ça le plus important. Et, comment dire, Mageia est une distribution communautaire, associative, qui, quelque part, procède de la liberté du côté non marchand de Debian, mais aussi avec une facilité d’utilisation très grand public que j’apprécie tous les jours.

Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe, Olivier pareil, Oliver Fraysse en moins d’une minute.

Olivier Fraysse : Je ne me souviens pas de cette parole de Mark Shuttleworth sur Linux qui devrait être remplacé par Ubuntu, mais je ferai des recherches. Apparemment Nico non plus ne s’en souvient pas.

Charlotte Boulanger : Shuttleworth qui est le fondateur de Canonical.

Olivier Fraysse : Le fondateur de Canonical qui sponsorise Ubuntu, qui est donc le créateur d’Ubuntu, en fait. Je n’ai pas grand-chose à ajouter si ce n’est que : n’hésitez pas à tester. J’invite toutes les personnes qui souhaitent avoir un peu plus de liberté sur leur ordinateur, avoir moins de virus voire pas de virus du tout — c’est un débat qu’on peut avoir — à essayer ne serait-ce que Ubuntu ou Debian ou Fedora ou Mageia ou autre, mais il faut tester.

Frédéric Couchet : Nicolas Dandrimont pour Debian.

Nicolas Dandrimont : Je pense qu’effectivement les tester c’est les adopter. Et surtout, surtout, surtout, rapprochez-vous des structures locales, de vos groupes d’utilisateurs de logiciels libres locaux, que ce soit à Paris, Parinux, ou en région, ou ailleurs dans le monde, parce que le point clef du logiciel libre c’est la communauté. Que ce soit les distributions ou le reste de la communauté du logiciel libre, ce sont vraiment les gens qui constituent ça qui sont la clef.

Frédéric Couchet : Et vous trouvez l’annuaire de ces groupes d’utilisateurs sur le site de l’Agenda du Libre. Charlotte Boulanger, pour conclure également.

Charlotte Boulanger : Un petit mot si jamais vous êtes séduit par l’orthodoxie, c’est ça qu’on a dit ?, de la Free Software Foundation, la Fondation pour le logiciel libre, ils ont une page qui liste les distributions agréées par la Free Software Foundation. Donc vous pouvez aller faire un tour et en essayer une si vous avez un cœur de libriste pur. Aucune de nos distributions dont on a parlé n’est présente sur cette page-là.

Frédéric Couchet : Comme l’émission est très bien préparée cette page de références est déjà sur le site de l’April.

Charlotte Boulanger : C’est génial !

Frédéric Couchet : Il y a deux pages en fait : il y a la page qui liste les distributions reconnues comme 100 % logiciel libre par la Fondation pour le logiciel libre dont la principale est sans doute la distribution qui s’appelle Trisquel. Ça me fait penser qu’il y a une société qui s’appelle Minifree qui, je crois, est basée en Angleterre, qui vend des laptops, des ordinateurs portables préinstallés avec Trisquel.
Et la deuxième page qui est citée c’est pourquoi certaines distributions ne sont pas référencées comme distributions 100 % logiciel libre par la Fondation pour le logiciel libre. Donc vous verrez pourquoi Debian, mais tout à l’heure Nicolas Dandrimont l’a expliqué : c’est la séparation effectivement du paquet libre et non libre.
Évidemment il y a beaucoup d’autres distributions dont on aurait pu parler. Il y aussi d’autres familles de systèmes d’exploitation notamment nos amis de BSD : NetBSD, FreeBSD, OpenBSD.
C’était une première introduction sur les distributions GNU/Linux.

Avant de changer de sujet, mais en gardant quand même deux des intervenants, nous allons écouter une pause musicale. Le morceau s’appelle Passagère de KPTN et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Passagère de KPTN.

Frédéric Couchet : Vous êtes de retour dans l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.10 en Île-de-France et partout ailleurs sur causecommune.fm. Libre à vous ! c’est l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Juste avant la pause musicale nous parlions des distributions GNU/Linux avec plusieurs personnes invitées et deux d’entre elles sont restées en studio parce que le sujet suivant les concerne également : Nicolas Dandrimont de Debian et Olivier Fraysse d’Ubuntu-fr, la communauté Ubuntu.

Boutique en ligne En Vente Libre

Nous allons parler de la boutique en ligne En Vente Libre qui met à disposition des produits de sensibilisation pour des projets libres, des associations libres. Qui veut commencer déjà par nous présenter succinctement, succinctement non, nous présenter simplement la boutique En Vente Libre ?

Olivier Fraysse : Je ne sais plus en quelle année on a lancé ça. C’était Framasoft et Ubuntu-fr.

Frédéric Couchet : En 2009.

Olivier Fraysse : Voilà, en 2009. C’était l’année où c’était vraiment la folie, on faisait des Ubuntu Parties avec 5000 personnes. Framasoft avait une Framakey, c’était une clef Ubuntu avec des logiciels libres pour Windows et pour Ubuntu. Tu pouvais démarrer sur la Framakey et tu avais les mêmes logiciels sur Ubuntu et pour Windows.
Ça c’était un partenariat Ubuntu-fr/Framasoft et on avait du coup, par la même occasion, lancé cette boutique en ligne qui permettait d’acheter des produits : des goodies de Framasoft et des produits de Ubuntu-fr comme des tee-shirts, des badges, des trucs de cou [des colliers, NdT] et des dons. On pouvait faire des dons. Après, du coup, on s’est dit : on va en faire profiter d’autres assos. Je n’ai pas du tout l’historique en tête mais assez rapidement l’April a rejoint le mouvement ; je crois qu’il y a d’autres gens avant l’April.

Nicolas Dandrimont : Debian France aussi est rentrée assez tôt, en fait, dans En Vente libre.

Olivier Fraysse : Dans le site.

Nicolas Dandrimont : On avait pas mal de goodies, de tee-shirts, de sweat-shirts.

Olivier Fraysse : De produits dérivés.

Nicolas Dandrimont : De produits dérivés, voilà, avec la magnifique spirale Debian.

Frédéric Couchet : Ou cadeaux publicitaires, on peut dire, à la place de goodies, même si certaines personnes n’aiment pas ce terme.

Olivier Fraysse : Et que ce ne sont pas des cadeaux, parce qu’on les vend.

Nicolas Dandrimont : Ce ne sont pas des cadeaux, c’est de la publicité, il n’y a pas de doute !

Olivier Fraysse : On va appeler goodies, ça vous va ?

Nicolas Dandrimont : Surtout pour les gens qui s’en occupent, ce ne sont pas des cadeaux !

Olivier Fraysse : Ouais. Il y a aussi La Mouette qui nous a rejoints rapidement.

Nicolas Dandrimont : Oui. La Mouette c’est l’association francophone qui porte LibreOffice aujourd’hui.

Olivier Fraysse : Notamment avec leur tee-shirt OpenOffice.

Frédéric Couchet : Notamment OpenOffice et LibreOffice, les suites bureautiques libres. L’April c’était en 2012, au bout de deux-trois ans. Donc quatre-cinq associations au début. Ça permet aussi, pour les structures, de mutualiser les coûts. Par exemple à l’instant tu parlais des dons. Forcément quand on fait des dons, notamment par un site bancaire, on paye des frais et puis ça nécessite des compétences pour le mettre en place. Donc là ça permet aussi pour les associations de mutualiser leurs coûts.

Olivier Fraysse : Le coût humain aussi.

Frédéric Couchet : Le coût humain est plus important.

Olivier Fraysse : La maintenance d’un site, en logiciel libre, la boutique en ligne, on a utilisé plusieurs outils. Aujourd’hui c’est PrestaShop ; avant c’était « Drupoil ».

Frédéric Couchet : Drupal ! Pense aux personnes qui écoutent, qui vont chercher sur un moteur de recherche « drupoil » !

Olivier Fraysse : Elles vont trouver, surtout si elles utilisent le même moteur de recherche que tout le monde !

Frédéric Couchet : C’est-à-dire DuckDuckGo. C’est ça ?

Olivier Fraysse : Non Justement.

Frédéric Couchet : Vas-y, poursuis.

Olivier Fraysse : Oui, je poursuis. PrestaShop c’est bien sympa, c’est assez facile à mettre à jour et tout. Mais si chaque association dont on va donner la liste incessamment sous peu avait un PrestaShop à maintenir, il y en aurait forcément qui auraient plusieurs années de retard. Dans toutes les assos, OK, on est motivé un jour pour monter une boutique et puis qu’est-ce qui va rester trois mois après ? Est-ce que le bénévole qui a monté ça est encore là ? Est-ce que quelqu’un a vraiment envie de s’en occuper ? Est-ce que quelqu’un a les codes d’accès ? Dans les petites assos, parce qu’on est toutes des petites assos, sauf Debian qui est énorme !

Frédéric Couchet : Humainement on est toutes des petites assos.

Nicolas Dandrimont : Même Debian. Debian France en tout cas au niveau bénévole, on est tout petit aussi.

Olivier Fraysse : Même l’April qui a des salariés. Je me souviens, comme j’étais au conseil d’administration à l’époque, on n'était pas chauds pour maintenir une boutique. On avait une boutique, on ne savait même pas comment elle fonctionnait !

Frédéric Couchet : Oui, parce qu’on n’a pas de salariés qui s’occupent de la partie technique. Le système d’information est maintenu par des bénévoles. C’est vrai que maintenir un site ! Tu parlais de Drupal. C’est une activité à part entière de maintenir un Drupal quand on change de version. Après il y a des sites qui sont plus simples comme SPIP ou autres, mais bon !

Olivier Fraysse : Après, il y a aussi l’aspect communication. Il faut faire de la pub pour chaque boutique. Si chacun fait la pub de sa boutique c’est du travail qui est inutilement multiplié.

Frédéric Couchet : Ça permet aussi pour la personne qui achète, si on se met du point de vue de la personne qui veut soit faire des dons soit acheter des goodies, comme on dit.

Nicolas Dandrimont : Ce sont plusieurs projets à soutenir. Elle peut, effectivement, faire son panier et avoir l’ensemble de ses goodies envoyé avec un seul frais de port. Pour les dons c’est pareil. Ça permet de faire un don où on va donner 5 euros à l’April, 5 euros à Debian France, 5 euros à La Quadrature du Net.

Olivier Fraysse : Et si vous ne faites que des dons on vous offre les frais de port. On est comme ça nous ! On est sympas !

[Rires]

Nicolas Dandrimont : C’est cool.

Frédéric Couchet : Sur en En Vente libre on trouve donc des tee-shirts, des autocollants, des outils de communication…

Olivier Fraysse : Des supers tee-shirts de Charlotte, justement, pour Ubuntu.

Frédéric Couchet : Il y a les supers tee-shirts de Charlotte. Il y a les guides Libre Association.

Charlotte Boulanger : Des jolis dessins.

Frédéric Couchet : Des jolis dessins. Des guides Libre Association. J’en ai apporté certains parce qu’il faut aussi savoir qu’aujourd’hui une partie du matériel est stocké dans les locaux de Cause Commune. Aujourd’hui il y a combien ? Il y a une dizaine de structures participantes. Est-ce que vous êtes capables de me les citer ou c’est moi qui le fais ?

Olivier Fraysse : Tu vas le faire.

Nicolas Dandrimont : Je peux commencer avec : Framasoft, Ubuntu-fr, Debian France, Mageia, Borsalinux qui est Fedora francophone.

Frédéric Couchet : La distribution GNU/Linux Fedora.

Nicolas Dandrimont : C’est ça. L’April, je n’ai pas cité l’April, La Mouette qui donc, du coup, s’occupe de bureautique.

Olivier Fraysse : Alionet.

Nicolas Dandrimont : Alionet qui est openSUSE.

Frédéric Couchet : Une autre distribution.

Nicolas Dandrimont : Une autre distribution. LILA qui est un ensemble, un collectif de graphistes il me semble.

Frédéric Couchet : Et une des personnes travaille notamment sur le projet GIMP aussi. C’est « libre comme art » [« Libre comme L'Art »], je crois.

Nicolas Dandrimont : C’est ça.

Olivier Fraysse : Il y Khaganat aussi.

Frédéric Couchet : Khaganat c’est quoi ?

Olivier Fraysse : Aucune idée.

Olivier Fraysse : Khaganat C’est un MMORPG [massively multiplayer online role-playing game] complètement libre. C’est un jeu de rôle en ligne.

Frédéric Couchet : C’est un jeu de rôle en ligne massivement multi joueurs.

Olivier Fraysse : Un MMORPG.

Frédéric Couchet : OK. Les sigles. Il y a La Quadrature du Net aussi.

Nicolas Dandrimont : Il y a Quadrature du Net qui nous a rejoints en décembre. J’ai réussi à tout citer.

Frédéric Couchet : En Vente Libre ce n’est géré que dans un mode bénévole. De quoi avez-vous besoin ? Est-ce que vous avez besoin d’aide ?

Olivier Fraysse : Oui.

Frédéric Couchet : De quelle aide ?

Olivier Fraysse : On a besoin de bénévoles pour faire les envois parce qu’on est actuellement super à la bourre. Des fois on est très réactifs et on envoie les colis le jour même voire le lendemain, enfin le lendemain voire le jour même, plutôt dans ce sens-là. Parfois on a jusqu’à dix jours de retard juste parce que les bénévoles qui le font habituellement ne sont pas dispos ou sont débordés, pas dispos ou petits problèmes techniques genre il manque des papiers collants ou des enveloppes, mais ça c’est très rare. Donc on a besoin de bénévoles. Vous pouvez écrire si vous êtes volontaire. Écrivez à contact@ enventelibre.org avec votre CV et votre lettre de motivation.

Frédéric Couchet : Dans un format ouvert.

Olivier Fraysse : Oui en ODT ou en PDF ou en .txt.

Frédéric Couchet : Ce qui est encore mieux. Sur le site de l’April vous trouvez une référence avec un billet qu’a posté Magali Garnero qui est multi-casquettes dans le monde du logiciel libre.

Olivier Fraysse : Oui, notre actuelle trésorière.

Frédéric Couchet : Qui est trésorière d’En Vente Libre, qui est membre du CA de l’April, de Framasoft, entre autres, qui a publié récemment sur linuxfr un billet expliquant un petit peu les différentes façons de contribuer à En Vente Libre et aussi, pour les structures qui veulent participer, comment récupérer une copie de la convention pour voir, pour s’intégrer dans ce projet.

Nicolas Dandrimont : Exact.

Frédéric Couchet : On va rappeler peut-être le point le plus important.

Nicolas Dandrimont : enventelibre.org.

Frédéric Couchet : Il y en a un qui suit, donc enventelibre.org

Olivier Fraysse : Tout attaché.

Frédéric Couchet : Tout attaché. Je vous remercie tous les deux pour cette présentation et pour votre échange sur les distributions GNU/Linux.

Olivier Fraysse : C’était un plaisir. Merci à toi.

Frédéric Couchet : Vous entendez le générique, l’émission va bientôt se terminer.
Je vous l’avais annoncé déjà la semaine dernière, mais je vais le refaire : vous pouvez utiliser la boîte vocale de la radio Cause Commune pour faire connaître votre travail, parler d’un projet important. Vous pouvez appeler le 01 88 32 54 33, je répète 01 88 32 54 33, vous laissez un message jusqu’à dix minutes maximum et ensuite il passera à l’antenne plusieurs fois de suite, sans doute, dans les différentes émissions.
Je regarde s’il y a d’autres annonces. On les a faites tout à l’heure.
La semaine prochaine nous ferons un point sur la directive droit d’auteur suite aux évènements qui se sont passés cette semaine, c’est-à-dire l’échec du « trilogue », la négociation entre le Conseil européen, le Parlement européen et la Commission européenne. Donc nous parlerons de ce sujet-là, donc on se retrouve mardi prochain.
Je remercie évidemment Charlotte Boulanger qui était à la régie et pour Ubuntu-fr, Jean-Christophe Monnard qui était au téléphone pour Mageia, Nicolas Dandrimont pour Debian, Olivier Fraysse dit Olive pour Ubuntu-fr. On se retrouve mardi prochain à 15 h 30 et d’ici là, portez-vous bien.