Les réseaux sociaux en ébullition - Décryptualité du 11 janvier 2021

Ce feu chauffe la cuisine…

Titre : Décryptualité du 11 janvier 2021 - Les réseaux sociaux en ébullition
Intervenants : Manu - Luc
Lieu : April - Studio d'enregistrement
Date : 11 janvier 2021
Durée : 16 min
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Revue de presse pour la semaine 1 de l'année 2021
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : Ce feu chauffe la cuisine…, La Ferme de Sourrou - Licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 2.0 Generic
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

2021 démarre en trombe avec un chaos politique où les réseaux sociaux sont encore une fois pointés du doigt. Petit tour du champ de bataille.

Transcription

Luc : Décryptualité. Semaine 1 de l’année 2021. Salut Manu.

Manu : Salut Luc. On se souhaite bonne année ?

Luc : J’ai arrêté parce que l’année dernière ça n’a pas bien marché, donc je ne veux pas recommencer cette année.

Manu : Et puis on a une année qui commence en force, à priori ça va être un super année, c’est quelque chose !

Luc : En termes de revue de presse, l’année commence plutôt tranquillement. On a quatre articles, c’est ça ?

Manu : Un qui date de l’année dernière, mais je ne l’avais pas remonté, il était tout seul.

Luc : RTL.fr, « Polémique WhatsApp : comment utiliser Signal, l'application la plus téléchargée du moment », un article de Benjamin Hue.

Manu : Polémique, il faut voir, mais effectivement ils ont changé leurs conditions d’utilisation.

Luc : Oui, ils ont fait ce qu’ils avaient dit qu’ils ne feraient pas.

Manu : Oh ! Ils avaient promis.

Luc : Quand WhatsApp avait été rachetée, c’était « non, non on ne va pas tout mixer avec Facebook », puisque WhatsApp appartient à Facebook. Eh bien là c’est fait, ils ont dit « allez, maintenant on va collecter tout autant de donnés que sur l’appli Facebook – c’est-à-dire énormément – et puis on va croiser tout ça parce qu’on n’en a rien à foutre ».

Manu : Et puis qu’on peut. Techniquement Facebook en a les capacités et a le désir de le faire parce qu’il y a plein d’argent qui peut tomber de ce genre de changement. Mais, pour le coup, il y a plein de gens qui parlent de Signal une application concurrente et surtout libre.

Luc : Notamment Elon Musk, l’homme le plus riche du monde.

Manu : Oui !

Luc : Qui a dit utiliser Signal parce que, effectivement, ces changements sur WhatsApp l’ont un peu fâché. Comme quoi si nous voulons faire la promotion de l’informatique libre, j’ai trouvé la solution.

Manu : Être l’homme le plus riche du monde !

Luc : Comme ça les gens vont nous écouter ! C’est con, j’aurais dû commencer il y a longtemps. On va en parler plus en détail dans notre sujet du jour.
ZDNet France, « Un spécialiste de l'open source nommé directeur de la technologie à la Maison blanche », un article de Steven J. Vaughan-Nichols,

Manu : C’est un personnage intéressant, David Ricordon, j’espère qu’on prononce comme ça. Ce qui est vachement intéressant, je trouve, c’est que certes il a fait et il fait beaucoup d’open source, de logiciel libre, mais il le fait dans le contexte de Facebook ! Donc ça reste un peu énervant. D’un côté c’est vraisemblablement un libriste, en tout cas un opensourciste.

Luc : Opensourciste.

Manu : Il n’y a pas trop de doutes là-dessus. Mais c’est un gars qui sort d’une entreprise un peu à problèmes, donc on est gênés.

Luc : Next INpact, « Le Digital Services Act expliqué ligne par ligne », un article de Marc Rees.

Manu : Le Digital Services Act est un truc européen qui est en train d’être élaboré en ce moment, donc ils ont publié des premiers morceaux et, effectivement, ça devrait permettre de contrôler ou de changer un peu les règles sur Internet, sur les réseaux sociaux, les grosses entreprises.

Luc : On avait commencé à l’évoquer avant les vacances.

Manu : La aussi je pense que ça va être un gros sujet de l’année 2021, à trolls sûrement, parce que quand les hommes politiques s’emparent de la technologie, en général ça se passe mal !

Luc : Le quatrième article : LeMagIT, « L’Open Data: l'avance prise par la France ne tient qu'à un fil », un article de Gaétan Raoul.

Manu : L’open data c’est le fait que les données, notamment des administrations, mais en gros de toutes les collectivités et de tout ce qui touche aux citoyens, soient publiques, publiées, utilisables, réutilisables par tout un chacun. C’est quelque chose d’assez novateur, une nouvelle approche et ça permet normalement d’innover, de mieux utiliser et de manière plus riche toutes les informations dont on peut avoir l’utilité dans la sphère citoyenne. C’est plutôt sympa et oui, effectivement, la France était plutôt en avance sur l’open data.

Luc : Mais pas tant que ça manifestement !

Manu : En tout cas c’est compliqué, parce qu’une avance ça se perd. Donc il ne faut pas, il faut faire attention et continuer à faire beaucoup d’open data en France.
Le sujet du jour et le sujet du moment, de l’année sûrement.

Luc : De la semaine. On va encore parler de réseaux sociaux.

Manu : Oui. La chute des réseaux sociaux, l’avancée des réseaux sociaux ? Comment on peut… ?

Luc : Je ne sais pas, le gros merdier des réseaux sociaux ?

Manu : Oui !

Luc : Parce que ce démarrage 2021 en trombe – on le sentait venir depuis longtemps et c’est pour ça qu’on en parle régulièrement – remet ce sujet-là au centre. Il se passe énormément de choses de différentes façons qui font que ce modèle « réseaux sociaux » est aujourd’hui mis en cause de plusieurs façons. Donc ça nous fait plaisir parce qu’on fait partie de ces gens qui disent depuis un paquet d’années que c’est quand même de la merde.

Manu : Au minimum c’est problématique, c’est clair. Quand tu dis les réseaux sociaux, tu entends notamment Twitter, Facebook.

Luc : Évidemment les réseaux sociaux des GAFAM, ceux qui exploitent les données des gens, qui ne les contrôlent pas.

Manu : Qui les enferment.

Luc : Et qui les enferment effectivement. Donc il y a l’affaire WhatsApp-Signal, WhatsApp appartenant à Facebook et qui va étendre toutes les données qui vont être collectées, etc., donc utiliser une appli libre, qui s’appelle qui s’appelle Signal1, et qui fait sensiblement la même chose.

Manu : Ce n’est pas la seule appli, il y en a d’autres et plein. J’utilise aussi Silence2. Il y a Telegram3, c’est le client qui est libre, ce n’est pas le serveur si j’ai bien compris. Il y en a d’autres qui sont plus ou moins bien à chaque fois, il faut les tester, les utiliser et partir de ce truc.

Luc : Signal et Telegram, effectivement, ont quand même cette réputation de très bien marcher. Silence c’est plus pour gérer des SMS.

Manu : Oui, de manière chiffrée, ça reste intéressant.

Luc : Oui, tout à fait. Donc, sur les réseaux sociaux, si on résume un petit peu toutes les attaques qu’il y a. Il y a eu cette partie exploitation des données des gens, le fait de distribuer ces données à n’importe qui. Facebook s’est distingué là-dessus ces dernières années, on a eu des données de dizaines de millions de gens qui ont été distribuées à peu près à n’importe qui.

Manu : Ça a été utilisé de manière plus ou moins légale notamment par Cambridge Analytica4 pour permettre des élections et des votes problématiques : en gros le Brexit et l’élection de Donald Trump.

Luc : Et ces discussions avec des gens qui disent que ça n’a pas eu tant d’effets que ça, d’autres qui disent que peut-être que si.
J’ai vu un petit jeu sur une théorie : comment on arrive à changer les gens. Si on a un réseau de gens et qu’une personne va être confrontée, dans son entourage, à x % de personnes qui pensent dans un certain sens, par exemple qui ont une habitude de consommation, on arrive semble-t-il – c’est une théorie et il y a des gens qui ont travaillé là-dessus en fonction de la difficulté, bien sûr –, mais si on est cerné par des gens qui ont un comportement, on va avoir tendance à adopter ce comportement.
Du coup on comprend super bien, avec cette théorie-là, l’intérêt d’un Facebook, qui connaît très bien les relations entre les gens, qui se dit « si je veux pousser, par exemple, un truc commercial ou une opinion, eh bien je sais sur qui il faut que je mette le paquet. Parce que, en connaissant les uns et les autres, je me dis telle personne va être une personne clef parce qu’elle connaît beaucoup de monde et si j’arrive à la convaincre elle, plus quelques autres, en mettant des efforts ciblés sur un nombre limité de personnes, je peux avoir beaucoup d’influence ».

Manu : Et on peut convaincre ces influenceurs, c’est souvent le terme qui est utilisé, de plein de manières. La plus simple c’est de les payer, mais pas que, il y a pas de mal de façons de faire changer les opinions des influenceurs.

Luc : Il y a des influenceurs qui sont des professionnels et qui en font leur business, c’est ceux dont on parle. Mais après il y a des gens qui sont communicatifs, qui sont des références pour les gens qui sont autour d’eux. Donc ça c’est un premier point sur le pouvoir de ces réseaux sociaux qui reste super fort et d’autant plus inquiétant que toutes ces données sont captées et privatisées.

Manu : Et puis on a parlé de plein d’autres manières dont les réseaux sociaux sont pourris. Ils peuvent aider à transmettre de mauvaises informations de manière assez aisée en utilisant les influenceurs mais pas que, en utilisant aussi cet effet de chambre d’écho, la bulle d’information qui fait qu’on est rarement confronté, dans ces réseaux, à des opinions contraires aux siennes.

Luc : Oui. Et sur le fait qu’il y a les fameuses fake news. Il y a quelques années, notamment lors de l’élection de Trump et du Brexit où on a dit : « Oh là, là, il y a plein de fake news » et tous les GAFAM avaient dit : « C’est bon, on va faire plein de trucs contre les fake news », les dernières études montrent qu’il y en a encore plus qu’à l’époque, donc ça a empiré. On avait dit abondamment qu’ils n’arriveraient jamais à contrôler ce truc-là parce qu’on ne peut pas contrôler ça par des systèmes automatiques et, évidemment, ils n’ont pas les moyens de mettre des humains suffisamment intelligents et renseignés pour faire la différence sur chacune des publications qui passe sur Internet.

Manu : Donc là si on en parle et si on parle de cette année 2021 dans d’aussi forts termes c’est notamment parce ça percole. Trump, il a utilisé Twitter, il a utilisé Facebook pour diffuser beaucoup d’informations, essayer de faire qu’il y ait une tentative de coup d’État, alors un plosh, une sorte de coup d’État auto-administré à la Napoléon III, il ne faut pas oublier que c’est déjà arrivé et que ça a déjà réussi. Il est probablement un peu nul à sa manière, il n’avait peut-être pas ciblé d’aller aussi loin.

Luc : Je pense qu’on a la chance que Trump soit un gros feignant et qu’il a deux neurones. Il réussit à semer le bordel dans une logique pré-totalitaire. Un jour, il faudra qu’on parle de Hannah Arendt et des Origines du totalitarisme, c’est une lecture très utile. Selon moi il n’y avait pas de gros risques parce Trump reste un gros naze.

Manu : Oui, mais il avait réussi par ses tweets, par ses propos, à influencer suffisamment de personnes qui étaient venues avec des armes, des bombes, des cocktails Molotov et des outils, ces espèces de menottes en plastique qu’on utilise à l’armée, pour restreindre les sénateurs et les députés qui étaient là. Il y a des gars qui se sont pointés et qui, quelque part, avaient bien dans l’idée, dans la tête de prendre en otage le Capitole.

Luc : C’était symbolique !

Manu : Oui ! Oui ! Et le truc à l’extérieur qui était attaché en haut d’une potence avec un petit nœud coulant c’était symbolique aussi ! Bien sûr !

Luc : Tout à fait.

Manu : Mais ça restait quand même perturbant et vraisemblablement ça perturbe tout le monde. On va encore en parler parce qu’on sent bien qu'il y a gros un problème, que ce sont ces réseaux sociaux qui alimentent le feu.

Luc : C’est un problème de médias. Il y a quelques semaines tu avais remonté un article là-dessus qui disait que derrière il y a des médias traditionnels qui ont mis le feu et alimenté les flammes.

Manu : On pense à Fox News. C’est largement eux, parce qu’ils sont beaucoup regardés aux États-Unis

Luc : On a des exemples très classiques. Je pense notamment au génocide au Rwanda dont un des retours était de dire que pendant des années, avant que le génocide ne démarre, il y a eu la radio des Mille Collines qui a transmis, diffusé des messages de haine, des appels au meurtre.

Manu : De déshumanisation.

Luc : Tout à fait. On sait pour les réseaux sociaux mais pas que. Manifestement, il y a des gens qui pensent, y compris aux États-Unis, que ce ne sont pas que les réseaux sociaux qui ont fait la différence, on sait que ça change la face du monde et que ça pousse les gens dans une direction ou dans une autre.

Manu : Aujourd’hui on a plein d’outils pour contrôler l’information, pour la diffuser.

Luc : Pour la contrôler, non !

Manu : Pour la contrôler, quand on est à la tête de ces outils et quand on peut soi-même la diffuser. Quand on veut diffuser son information, on a vraiment des porte-voix qui sont gigantesques, mais on n’a pas de manière réaliste, aujourd’hui en tout cas, qu'elle soit technique ou légale, de bloquer ces porte-voix.

Luc : En plus de ça c’est un champ de bataille puisque, en gros, on le sait depuis longtemps et maintenant c’est très clair, que la Russie a une politique très active de déstabilisation de différents pays au travers des réseaux sociaux notamment.

Manu : On en a parlé, il y avait notamment des fermes de trolls dans différentes banlieues de la Russie où ils ne faisaient que ça tous les jours du troll, du troll, du troll !

Luc : Cette semaine par exemple Marlène Schiappa, notre ministre aux beaux cheveux, a fait une vidéo qui a fait troller, parce qu’on lui a reproché d’avoir fait du placement produit. Elle s’est défendue de façon extrêmement maladroite en prétendant que ce n’était pas elle, que ceci, que cela, et en mentant. Du coup, des journalistes ont commencé à regarder qui sont les soutiens de Marlène Schiappa sur Twitter et ça ressemble beaucoup à de gens qui travaillent pour elle, qui se sont tous inscrits au même moment, etc.

Manu : Et ça tu n’aimes pas parce que tu sens bien qu’il y a une manipulation et une organisation derrière tout ça.

Luc : De fait, je pense que c’est le truc qu’il faut réussir à rentrer dans la tête des gens avec qui on discute, c’est que les réseaux sociaux sont un champ de bataille et que tout le monde essaye de modifier et de manipuler.

Manu : Tout le monde, mais pas la France, enfin selon moi !

Luc : Eh bien si !

Manu : Comment !

Luc : C’est un truc qui est arrivé pendant les vacances. La France a été mise en cause pour peser sur les réseaux sociaux, notamment en Afrique pour ses combats au Mali et tout autour contre le djihadisme. Donc le boulot d’avoir des fermes à trolls et des gens qui sont là pour essayer d’orienter les opinions, eh bien l’État français le fait également et on n’a pas de doutes sur le fait que tout le monde, aujourd’hui, le fait. Donc quand on est sur des réseaux sociaux on est dans une sorte de terrain miné, avec des enjeux géostratégiques, des enjeux commerciaux parce que les GAFAM veulent continuer à vendre des trucs et tout le monde essaye de manipuler tout le monde pour arriver à ses fins.

Manu : Il y a quand même un pilier qui permet aux GAFAM et aux réseaux sociaux d’exister aujourd’hui c’est qu’aux États-Unis, mais en Europe aussi, il y a des lois qui leur permettent d’être des hébergeurs neutres. En gros, ils ne prennent pas part et ils ne font que permettre à d’autres personnes de s’exprimer. En tant que juste des plateformes neutres, eux-mêmes ne peuvent pas être mis en cause par la loi. Bizarrement, à la fin ça ne plaisait pas à Trump et ça ne plaît à Biden qui risque de changer ces lois.

Luc : Je pense qu’ils sont arrivés au bout de leur modèle de la liberté d’expression par-dessus tout en s’apercevant qu’en fait ça ne marche pas et que ces sociétés privées ont finalement un pouvoir énorme sur des outils de communication qui deviennent finalement des outils publics. Le fait que Trump, président des États-Unis, ne communique finalement que par Twitter, c’est un truc complètement incroyable ! Ça veut dire que de plus en plus la communication officielle, et de plus en plus d'institutions les font, passe par un réseau privé. Pour moi, ils sont en train de découvrir, dans les questions qui se posent, le fait qu’il faut réguler tout ça.
Quelque chose qui existe en droit français depuis très longtemps, en droit public, est qu’une société privée peut, du jour au lendemain, se retrouver affublée d’une mission de service public si un tribunal administratif dit « vous faites ça et, en fait, c’est une mission de service public ». Et la boîte privée dit : « Mais moi je n’ai jamais voulu ! — On ne t’a pas demandé ton avis ! On te dit que c’est une mission de service public et, du coup, toute société privée que tu sois tu as maintenant des obligations.
Pour les réseaux sociaux, je pense que ce cheminement est en train de se faire chez les Américains qui ne sont pas du tout dans cette culture. Ils sont en train de dire qu’on ne peut pas laisser l’initiative privée réguler des communications avec l’importance qu’elles ont pris.

Manu : Pour l’instant je pense que nos hommes politiques, en France, pour ce qu’en j’en ai vu, ont pris conscience d’une autre chose mais qui est en lien. C’est que là Twitter, Facebook ont bloqué le compte de Donald Trump, ce qu’ils font bien de faire, ce mec est quand même un gros problème, mais ça dérange aussi les hommes politiques français parce qu’ils se rendent compte que la police d’Internet ce sont des entreprises privées. Certes, le mec a voulu faire une sorte de coup d’État, on le bloque OK, pourquoi pas, mais qu’on le bloque de cette manière-là, c’est-à-dire que ce sont des entreprises privées qui, en utilisant le droit, leur droit de le faire, bloquent l’homme le plus puissant du monde, eh bien là il y a des gens qui se réveillent, qui se rendent compte, qui se demandent ce qu’est ce droit phénoménal de police qu’on a effectivement accordé à des entreprises privées.

Luc : Il y en a d’autres et ça fait longtemps, notamment les cartes bancaires. Quand WikiLeaks a vraiment déplu aux États-Unis, eh bien en gros Visa, Mastercard et American Express, je crois, ont dit : « Plus personne ne peut payer avec une carte bancaire WikiLeaks, c’est interdit. »

Manu : Donc les dons ont été bloqués du jour au lendemain. Les sommes qui étaient en cours ont probablement été bloquées. Effectivement, bonne chance pour faire d’autres virements internationaux.

Luc : Il n’y a aucune décision judiciaire qui leur a permis de faire ça. Ils l’ont juste décidé.

Manu : Ce sont des entreprises privées. Elles ont le droit, en tant qu'entreprises privées, de choisir avec qui elles travaillent dans une certaine mesure.

Luc : De fait, quand on possède un réseau de ce type-là, qu’il n’y en pas beaucoup et que ce n’est pas évident parce qu’on ne va pas créer un réseau de cartes bancaires du jour au lendemain comme ça, de fait il y a une logique service public qui fait que ces sociétés privées ne devraient pas avoir le droit de virer, ou pas, des gens de leur réseau.

Manu : Je n’ai pas de solution idéale. Je suis très embêté parce que, effectivement, j’aime beaucoup la liberté d’expression. Je pense qu’on va encore en parler toute cette année. Le sujet ne sera pas terminé parce que, clairement, il y aura d’autres trucs. On n’a pas abordé, pas parlé d’un réseau social d’extrême droite qui s’est fait planter et ça fait plaisir quand même, on a un gros sourire quand on entend l’histoire.

Luc : Ils se sont fait pirater et, du coup, toutes les données ont été récupérées avec toutes les communications, toutes discussions qu’il y a eues, qui vont probablement être rendues publiques.

Manu : Ça peut être drôle même si ça reste embêtant. De toute façon ce sont des sujets qui ne sont pas simples.

Luc : En tout cas, la période est intéressante. On va voir ce que ça va donner pour la suite.

Manu : À la semaine prochaine.

Luc : Oui. Salut.