Le sur mesure informatique des Logiciels libres dans l'enseignement

Ce document à été conçu pour les actes du colloque de l'IUFM de Toulouse sur les nouvelles technologies, en février 2000.

    1. Résumé
    2. Texte
      1. Historique et spécificité
      2. Adaptation à l'enseignement
        1. La compréhension des fonctionnements
        2. Une porte ouverte sur la recherche
        3. Une solution non commerciale
        4. Un rapport différent avec les industries
        5. Une solution heureusement jamais acquise
      3. Avantages pour les acteurs de la vie scolaire
        1. Un contact formateur avec l'informatique
        2. La plasticité de l'enseignement
        3. Un accès modulable et efficace aux réseaux
        4. Une licence supprimant la notion de piratage
        5. Un équipement abordable
    3. Conclusion
    4. Annexe: sites et application

Résumé

les logiciels libres, dont GNU/Linux est un des plus célèbres représentants, ont le double avantage d'avoir une licence peu restrictive, qui en autorise la copie, et de permettre une complète malléabilité des programmes, grâce à l'accès donné aux codes sources. Cela en fait, en dépit de leur diffusion encore restreinte dans le milieu de l'éducation, un outil informatique très approprié à l'enseignement, qu'il s'agisse de créer des logiciels adaptés sur mesure à un enseignement, ou d'offrir aux élèves un libre usage de l'informatique.

Texte

Historique et spécificité

De plus en plus de revues consacrent la popularité croissante de GNU/Linux. Les logiciels libres, dont c'est un des représentants, regroupent de nouveaux systèmes informatiques, diffusés sous des formes innovantes de licences qui favorisent leur diffusion et leur amélioration. Ils sont apparus au cours des années 1970 au sein de laboratoires d'universités, notamment au MIT de Boston, pour rendre disponibles à un large public d'informaticiens des systèmes sur le modèle du puissants Unix. En cela, ils s'opposaient à la logique de l'informatique dite propriétaire, qui repose sur la diffusion d'un logiciel destiné à supplanter ses concurrents, empêchant toute collaboration, ainsi que la diffusion de standards qui ne soient pas des monopoles. C'est à présent le cas pour les logiciels de bureautique.

Parmi les principaux projets de logiciels libres, il faut citer le projet GNU de l'Université de Berkeley (astucieux acronyme de 'GNU is Not Unix'), qui est à l'origine de la licence GPL (GNU General Public Licence). Au sein de ce projet s'insère le noyau Linux, lancé par un étudiant finlandais. Les possibilités de ces systèmes ne sont plus à démontrer, comme le prouve le serveur Apache qui gère aujourd'hui la majorité des sites web à travers le monde. Cette licence particulière n'a enfin pas empêché qu'un nombre important de sociétés se créent pour diffuser ces systèmes. Rajoutons que l'accès au code source pour l'informatique utilisée par l'Etat a fait l'objet d'une proposition de loi discutée au Sénat en décembre dernier. L'originalité de logiciels libres repose donc sur un type particulier de licence, la GPL, qui oblige, exige que le code source soit disponible et autorise l'utilisateur à en distribuer des copies à qui il veut. Issus du monde de l'enseignement, les logiciels libres offrent toujours aujourd'hui des réponses valables aux questions suscitées par le développement des nouvelles technologies.

Adaptation à l'enseignement

La compréhension des fonctionnements

La plupart du temps, l'utilisation d'un logiciel se fait en aveugle, sans connaissance de son fonctionnement, d'ailleurs la licence propriétaire l'interdit. En revanche, la licence de la plupart des logiciels libres, la GPL, rend leur code source toujours disponible, et permet à qui le désire d'en découvrir la charpente.

Une porte ouverte sur la recherche

Tandis que la recherche doit développer ses propres outils de travail, qui correspondent rarement avec les logiciels les plus couramment utilisés, l'accès au code source permet le test en grandeur nature des expérimentations, comme il permet d'utiliser différents morceaux de programmes existants dans des projets nouveaux. C'est comme si chacun pouvait prendre un bout de Excel et l'assembler avec un bout de Paint Shop Pro pour réaliser des combinaisons d'images. Le moyen utilisé ne freine pas la création de contenus, puisque l'utilisateur peut transformer à sa guise ce moyen.

Une solution non commerciale

Un des obstacles à l'alphabétisation informatique des élèves est souvent le coût des licences. A ce titre, il est regrettable que la diffusion d'un logiciel se fasse en général au détriment du respect de la légalité, ou à un coût élevé.

Une fois acquise, la licence d'un logiciel libre en permet la copie. L'expérimentation de logiciels variés est plus aisée, les erreurs sont moins coûteuses. Ce n'est plus seulement le marché qui décide quoi produire, mais aussi des individus isolés, quoique plus souvent réunis en groupes. L'école peut s'équiper sans forcément se lier par partenariats avec des entreprises. Il existe néanmoins de nombreuses sociétés proposant de l'assistance pour ces systèmes (par exemple Red Hat).

Un rapport différent avec les industries

Il s'agit de systèmes développés avant tout par des communautés d'informaticiens, relayés par une kyrielle de petites entreprises. Le monde de l'éducation n'est pas en rapport avec un interlocuteur unique en situation de quasi-monopole. Pour les élèves, la découverte de l'informatique ne coïncide pas avec celle des produits d'une grande entreprise, fusse-t-elle de la côte Ouest américaine.

Une solution heureusement jamais acquise

Les postes de travail livrés prêts à l'utilisation peuvent donner aux élèves le sentiment que l'informatique est un donné, un acquis, sur lequel ils n'ont pas accès, et que leur ordinateur est indissociable des programmes qui sont livrés dessus, comme une sorte de télévision. Le seul espace de liberté est alors donné par les jeux, que pour se procurer ils doivent d'ailleurs apprendre à enfreindre la loi sur le piratage. En revanche la variété des systèmes et logiciels libres illustre un aspect plus réel de l'informatique, qui est celui de la diversité des solutions et l'adaptation du moyen utilisé aux besoins.

Avantages pour les acteurs de la vie scolaire

Un contact formateur avec l'informatique

L'intérêt que beaucoup d'élèves manifestent pour l'informatique est stimulé par la grande malléabilité des systèmes et la possibilité d'entrer dans leur fonctionnement. Les progrès réguliers de ces systèmes au cours de l'année, et qu'il sera possible d'apporter aux machines de l'établissement, peuvent être pour les élèves l'occasion de se familiariser avec l'évolution des outils informatique. Il ne s'agit plus d'une l'utilisation passive de la bureautique.

La plasticité de l'enseignement

Les logiciels libres évoluant en permanence, beaucoup plus vite que des systèmes propriétaires, cela incite l'enseignant à ne pas former ses élèves à la pratique d'une seule interface ou d'un logiciel, comme c'est souvent le cas pour Word mais, dans cet exemple, à la manipulation des traitements de texte en général. L'élève est incité à retrouver ses marques en toutes circonstances durant sa vie professionnelle, au lieu de voir ses compétences devenir obsolètes à chaque évolution du logiciel.

Un accès modulable et efficace aux réseaux

Avantage technique, qu'il s'agisse d'Internet ou de réseaux internes à l'établissement, les systèmes libres sont construits sur le modèle de l'architecture des systèmes Unix, conçus pour fonctionner en réseaux. Il est facilement possible de limiter l'accès de certains sites d'Internet, comme il est possible de stocker les travaux des élèves de manière immédiatement accessible depuis n'importe quel poste. Il existe aussi de nombreux logiciels de mail ou de chat très efficaces.

Une licence supprimant la notion de piratage

Le propriétaire du programme, en mettant son travail sous GPL, a donné son accord explicite à la copie des programmes. En l'occurrence, les logiciels peuvent être mis à disposition des enseignants comme des élèves sans que l'établissement ait à se soucier du problème du piratage. Au contraire, les élèves peuvent installer ce systèmes sur leurs ordinateurs personnels sans contraintes autre que techniques.

Un équipement abordable

Les systèmes libres nécessitent en général moins de place en mémoire que les systèmes propriétaires, et ne rendent plus nécessaire le remplacement du parc à chaque nouvelle édition des logiciels, comme c'est parfois le cas aujourd'hui. Ainsi, un poste de travail Windows 2000 ou un Macintosh neuf coûte environ 12000 francs, tandis qu'un Pentium II avec GNU/Linux revient autour de 6000 francs.

Conclusion

Alors que les enseignants ont conscience de l'importance des nouvelles technologies dans la formation des élèves, il serait dommage de ne pas donner leur chance à des systèmes informatiques à la fois facilement diffusables et puissants.

Annexe: sites et application

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