Le logiciel libre, garant du développement informatique durable

Préface au livre blanc « Organisations et logiciels libres » (copie locale au format pdf).

Les logiciels libres ont le vent en poupe. Il est vrai que leur excellence et leur ouverture sont confirmées par des atouts techniques indiscutables. Pour autant, le terme logiciel libre désigne avant tout une philosophie, garantie de liberté, d'indépendance et de pérennité, et non pas une implémentation technique particulière. Le fondement même du logiciel libre repose sur un esprit de coopération, de partage du savoir, pour l'enrichir et le faire progresser.

Un logiciel libre est un logiciel garantissant un certain nombre de libertés à ses utilisateurs : la liberté de l'utiliser et de l'exécuter pour quelque usage que ce soit, la liberté d'étudier son fonctionnement et de l'adapter à leurs besoins, la liberté d'en redistribuer des copies et enfin la liberté de l'améliorer et de rendre publiques les améliorations de telle sorte que la communauté toute entière en bénéficie.

L'enjeu réel du logiciel libre est avant tout social. Le principal intérêt du logiciel libre ne se situe pas tant au niveau de ses mérites techniques, mais bien dans son essence même : la liberté. Terme devant être pris dans son sens civique: liberté d'expression, liberté d'association, liberté d'entreprise, liberté d'user à sa guise de l'information disponible et de la partager au bénéfice de chacun et donc de tous. Le logiciel libre permet une réelle appropriation citoyenne de l'informatique. Le mouvement du logiciel libre prend racine dans un idéal qui postule la liberté et le caractère universel du savoir et de l'information.

Au delà de cette philosophie, le logiciel libre a su convaincre également par des atouts techniques et économiques.

Pourtant, de nombreux décideurs hésitent encore à franchir le pas du logiciel libre. Faire le choix du logiciel libre apparaît évident quand on réfléchit à long terme et qu'on veut concilier les besoins du présent sans compromettre le futur. Ainsi on pense souvent à tort que les logiciels libres sont forcément gratuits. Pourtant, il serait malhonnête de tenter de croire que le choix d'un logiciel libre n'implique pas de coûts : l'opération d'un outil, quel qu'il soit, entraîne invariablement des coûts de formation, de déploiement, d'adaptation à des besoins particuliers ou de maintenance. Mais là où la formation à une technologie propriétaire ne dispense souvent qu'un simple vernis destiné à l'exploitation de techniques qui cantonneront l'entreprise à un simple rôle d'exécutant de solutions pré-mâchées, le coût dépensé pour la prise en main des technologies du libre est un investissement sur le futur, car gage d'indépendance et de pérennité. En outre, les investissements pour la mise en place de solutions libres se révèlent très souvent inférieurs aux équivalents propriétaires. Les compétences acquises par l'entreprise ne seront pas perdues et, bien souvent, garantiront la pérennité par l'évolution des solutions retenues. Le logiciel libre permet de fait un meilleur usage de l'argent dépensé qui amorce ainsi un cercle vertueux.

Le contexte légal du logiciel libre est également mal connu, alors que celui-ci permet à la fois la protection, la diffusion et la commercialisation du logiciel libre. Le logiciel libre est basé sur le droit d'auteur, même s'il l'utilise pour organiser la diffusion du logiciel, plutôt que sa réservation privative. Différentes licences déterminant les droits et devoirs des utilisateurs existent dans le monde du logiciel libre. Il existe de nombreuses licences dans le logiciel libre mais seules quelques unes sont réellement utilisées (comparées au nombre de licences propriétaires différentes). Ce contexte juridique original nécessite un approfondissement et doit être connu si on effectue des développements basés sur des composants logiciels libres. Connaître les règles permet de mieux les respecter.

La liberté des logiciels rend les utilisateurs autonomes, indépendants et les éloigne des impasses technologiques ... là où aucun éditeur propriétaire n'en a l'intérêt. Dans un contexte de forte expansion du logiciel libre, ce livre blanc apporte sans conteste des éléments convaincants de sa maturité pour un usage professionnel.

Frédéric Couchet, septembre 2005.


Livre blanc « Organisations et logiciels libres »