Adieu Windows, bonjour le Libre !

Opter maintenant pour un système d'exploitation libre

Très tôt avec l’Aful, l’April avait identifié la vente forcée comme un danger pour le logiciel libre. En 2009 aussi, l’April avait alerté avec la campagne sur les 7 « péchés » de Windows. Cette politique d’incitation à la surconsommation d’ordinateurs de la part de Microsoft, avec des logiciels qui enferment, ne date pas d’hier. Cette pratique est absolument contradictoire avec une informatique raisonnée, une informatique qui prend soin des ressources et qui fait durer le matériel le plus longtemps possible. Jusqu’ici, les connaissances sur l’impact environnemental du numérique n’avaient pas encore été étudiées et exposées. On sait désormais que la partie fabrication d’un appareil pèse lourdement sur l’environnement et qu’il faudrait conserver l’usage de son appareil au minimum pendant 7 ans pour « rentabiliser » l’énergie qui a été investie pour sa fabrication, sans compter que la chaîne de recyclage, après sa mise au rebut, reste bien trop en deçà de ce qu’il faudrait mettre en œuvre. En 2025, cet impact est connu et documenté par l'Arcep et l'ADEME. La politique de Microsoft, qui pousse au renouvellement de millions d’ordinateurs est donc fondamentalement anachronique et irresponsable. Cette logique contribue par ailleurs à alimenter les tensions géopolitiques dont les ressources minières et les terres rares sont des enjeux. Le logiciel libre offre une vraie alternative pour prolonger la durée de vie des ordinateurs.

Récemment, dans une opportune grande bonté1, Microsoft a annoncé surseoir à l'arrêt des mises à jour de Windows 10, prévu le 14 octobre 2025. Il y a toutefois des conditions, dont certaines sont « étonnantes » : par exemple, les particuliers pourront recevoir les fameux correctifs de sécurité un an de plus moyennant 30 dollars ou gratuitement en contrepartie de l’activation de Windows Backup2 ou de l’utilisation de points Microsoft Rewards.

Bien sûr, devant la difficulté technique3, vous serez peut-être tenté de suivre ce conseil intéressé de la part de Microsoft, acheter un nouvel ordinateur, car cela est vivement suggéré sur les pages dédiées au passage à Windows 11. Dans ce cas, vous devrez vous acquitter du coût de la licence et vous le ferez sans même le savoir et sans même connaître le montant de ce que vous achetez4 ! Et n'imaginez surtout pas qu’en achetant un matériel reconditionné vous échapperez à cette hégémonie : Microsoft a investi le marché du reconditionné et, là encore, vous paierez un coût de licence sans en connaître le prix5.

Pour toutes ces raisons, et aussi parce que cette injonction à la consommation technologique est une occasion à saisir pour engager une transition qui sera profitable pour les prochaines montées de version, il est temps de bifurquer et de prendre la direction du logiciel libre.

Un article du journal Le Monde, publié le 14 avril 2025, intitulé « Windows 11, l’absurde politique de mise à jour de Microsoft », évoque une barrière technique6 : « Ce passage à Windows 11 est loin d’être facile techniquement ». Donc, tant qu’à investir du temps et de la matière grise, autant le faire pour un système qui, à l'avenir, ne vous contraindra, qui favorise l’émancipation numérique et qui vous évitera des dépenses supplémentaires, ce que vous offrent les distributions libres comme GNU/Linux.

Les distributions libres sont des systèmes d’exploitation comme Ubuntu, Linux Mint, Mageia, Fedora, Debian, Primtux, et bien d’autres, qui rendent votre informatique quotidienne plus durable, respectueuse de vos données personnelles et émancipatrice.

Se faire aider, se faire accompagner

On vous impose un changement, c’est l'opportunité d’engager volontairement une démarche de transition pour être en maîtrise de votre système. Il existe des solutions alternatives, mûres, solides, sécurisées et pérennes. Quand on découvre la marche technique évoquée par le journal Le Monde pour passer de Windows 10 à Windows 11, on peut affirmer que le gap technique pour passer de Windows 10 à une distribution libre n’est pas si élevé si l'on prend quelques précautions et l'on identifie au préalable les ressources et des appuis humains. De surcroît, il existe des bénévoles, des associations de proximité ou des entreprises qui sont prêtes à vous aider, soit ponctuellement, soit sur le long terme, que vous soyez un particulier, une entreprise, une association ou un service public.

Il faut distinguer deux phases :

• le soutien pour l’installation d'un système
• le soutien pour son usage au quotidien

Pour un usage domestique ou individuel, le mieux est sans doute d’aller à la rencontre d’humains et d'humaines, de vraies personnes dans des install parties qui vous accueilleront partout en France.

Pour les entreprises, le CNLL et Libre-Entreprise sont deux réseaux susceptibles de vous aider et de vous accompagner.

Pour les associations, des initiatives existent et peuvent répondre globalement à votre besoin de soutien initial et d’accompagnement sur le long terme. Ces ressources ne sont pas de trop quand on appréhende les grandes capacités de Microsoft à influencer le marché français pour les associations. Framaspace et Émancip’Asso sont deux initiatives riches portées par Framasoft qui ne demandent qu'à être explorées et utilisées. Les réseaux d’appui se densifient et sont de plus en plus capables d’apporter des réponses adaptées aux besoins après un diagnostic partagé.

Pour l’administration, les collectivités, on peut citer des initiatives comme Apps éducation pour l’éducation ou et la toute récente initiative NIRD, Numérique Inclusif Responsable et Durable, portée par un collectif enseignant issu de la forge des communs numériques éducatifs. Toutes ces initiatives montrent que le déploiement de solutions libres et à grande échelle est possible. L’ADULLACT propose des ressources susceptibles de répondre aux besoins des collectivités et le label Territoire Numérique Libre montre que, pour une ville, migrer un système d’information vers des briques libres, est un projet réaliste, efficace et respectueux des données des personnes administrées. Le collectif France Numérique Libre, récemment créé, est déjà très actif : il rassemble plus de 300 collectivités de toutes tailles qui échangent et s’entraident.

Donc des solutions existent pour tous les contextes. Ces solutions fonctionnent et permettent de s’émanciper d’outils sur lesquels nous n’avons pas la main. Il est temps d’investir un peu de temps et d’énergie pour anticiper les futurs changements imposés. Le logiciel libre contribue à reprendre la main.

En guise de conclusion, l’April :

• dénonce et condamne le cynisme de Microsoft qui colore en « vert » son vocabulaire en contradiction totale avec ses pratiques réelles ;
• demande que les coûts des licences soient affichés et connus comme dans toute logique commerciale et que la Commission européenne et les pays membres fassent appliquer les règles d’un commerce sain, non faussé. Cela peut aussi être l’occasion de mettre fin à un lobbying ploutocrate ;
• encourage les individus, les familles, les associations, les entreprises, les administrations et les collectivités territoriales à engager ou poursuivre, le cas échéant, leur migration vers des systèmes d’exploitation libres, des logiciels libres, condition d’une meilleure maîtrise de leur système d’information à court, moyen et long terme ;
• L'April lance l'opération Adieu Windows, bonjour le Libre ! qui recense tous les évènements publiés sur l’Agenda du Libre, les install parties et les permanences qui sont organisées près de chez vous.

• 1. C'est en fait sous la pression d’associations européennes comme Euroconsummers ou, à l’échelle de la France, Halte à l’Obsolescence Programmée, mais aussi grâce au Digital Markets Act (DMA) entré en vigueur en 2022 au sein de l’Union européenne, que Microsoft retarde, sous conditions, l’arrêt des mises à jour de sécurité pour Windows 10
• 2. Autrement dit « Tiens, c'est 30 euros, mais ça peut être gratuit si tu utilises l'outil Backup qu'on te propose ! ». Twip. Twip. Gné.
• 3. Par exemple mettre à jour le firmware du BIOS de son ordinateur ou faire de la place sur un disque dur
• 4. Devinette : trouver au monde une autre entreprise qui parvient, comme Microsoft, à pervertir la logique commerciale ancestrale consacrée : « Je propose un produit à la vente, voilà son prix, à toi de décider si tu l’achètes ou non ».
• 5. Pour vous en convaincre, vous pouvez regarder cette vidéo ou lire sa transcription sur Libre à lire !.
• 6. Ce ne serait donc pas une exclusivité des logiciels libres que de renvoyer l'image de « ne pas être facile techniquement » ?