Google accusé d'avoir mis des bâtons dans les pattes de Firefox - Décryptualité du 22 avril 2019

Firefox-heart

Titre : Décryptualité du 22 avril 2019 - Google accusé d'avoir mis des bâtons dans les pattes de Firefox
Intervenants : Mag - Manu - Luc
Lieu : April - Studio d'enregistrement
Date : 22 avril 2019
Durée : 15 min
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Revue de presse pour la semaine 16 de l'année 2019
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : firefox-heart, Wikimedia Commons - Domaine public
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Johnathan Nightingale, un ancien de la Fondation Mozilla, accuse Google d'avoir sciemment cassé le fonctionnement des navigateurs concurrents sur ses sites.

Transcription

Luc : Décryptualité.

Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 16. Salut Manu.

Manu : Salut Mag.

Mag : Salut Luc.

Luc : Qu'as-tu au sommaire Manu ?

Manu : On a six jolis articles.

Mag : Jolis ! Jolis ! Allez, on commence par Next INpact, « La Cour de cassation va examiner la redevance sur la musique libre diffusée dans les magasins », par Marc Rees.

Manu : C'est un vieux sujet qui nous avait bien cassé les pieds à l'époque parce que des magasins Saint Maclou avaient diffusé de la musique libre.

Mag : Évidemment ![Chanté sur l'air de la publicité, NdT]

Luc : Saint Maclou.

Manu : Oui. Eux-mêmes. Mag est de bonne humeur aujourd'hui, c'est sympa.

Luc : Ce n'est pas de la musique tout à fait libre, puisque,en fait, c'était des licences non-commerciales.

Manu : Ah Oui !

Mag : En tout cas des musiques qui n'étaient pas enregistrées à la Sacem.

Manu : Gérées par Jamendo.

Luc : Qui, en fait, se posait en concurrent de la Sacem en disant plutôt que de payer la Sacem on vous offre le même service mais moins cher.

Manu : Sauf que, eh bien non, il semblerait que ça ne marche pas au niveau du tribunal. Ça reprend encore un coup, là ça doit être en cassation et compagnie. Effectivement Jamendo avait perdu contre la Sacem. La Sacem avait réussi à dire « non, on les gère ».

Luc : Jusqu'en appel donc ça passe devant la cassation. Effectivement il y avait un principe de rémunération équitable qui fait que dès lors qu'on va vendre la musique, eh bien finalement la Sacem se pose comme un système incontournable, elle prend le pognon qu'on ait signé avec elle ou pas !

Mag : Ce que je trouve assez honteux parce que si les gens n'ont pas voulu s’inscrire à la Sacem c'est qu'ils veulent être rémunérés autrement ; donc pourquoi leur prendre les sous !

Luc : Eh bien voilà ! C'est tout l'enjeu, mais en tout cas, pour l’instant, la justice a donné raison à la Sacem et c'est pour ça qu'on attend cette décision avec le plus grand intérêt.

Mag : ZDNet France, « Pourquoi nous vivons dans un monde de plus en plus open source », par Steven J. Vaughan-Nichols.

Manu : Une enquête de Red Hat, encore une, qui vient de sortir, mais il y en d'autres, il y a un deuxième article qui parle aussi de ce genre de sujet. Donc les entreprises aiment l’open source, donc le logiciel libre sous une autre forme. Elles ne mettent pas en avant le côté éthique, mais, ça n’empêche, elles font du logiciel libre, elles utilisent du logiciel libre, elles aiment le logiciel libre.

Mag : Finalement c'est le plus important.

Manu : Au final c'est très important.

Mag : Next INpact, « Le gouvernement ne prévoit pas de toucher à la «loi CADA ».

Manu : La loi CADA, Commission d'accès aux documents administratifs, et c'est un petit outil, une administration sympathique que l'April notamment utilise pour faire des demandes d'accès à des documents.

Mag : L'April ou l’association Ouvre-boîte1 que je salue…

Manu : Au passage. Eh oui, il sont plutôt efficaces.

Luc : Ils avaient rendu un avis positif pour savoir si du code source écrit pas les services de l’État était ou non un document administratif et la CADA avait dit oui ; ce qui avait permis de débloquer pas mal de choses.

Manu : Oui, les impôts notamment mais aussi les accès post-bac. Donc il y avait des algorithmes qui étaient assez intéressants qui avaient été ouverts grâce à ça.

Mag : 20 minutes online, « Google a saboté Firefox, selon un ex de Mozilla ».

Manu : Le sujet dont on va parler juste après.

Luc : L'usine Nouvelle, « Le numérique peut-il venir au secours de la cathédrale Notre-Dame? », par Sylvain Arnulf.

Manu : Oui. Là on est en plein dans l'actualité chaude ! Il se trouve qu'il y a eu plusieurs articles qui sont sortis sur le sujet cette semaine. Il y a un chercheur et un projet de numérisation qui a eu lieu il y a plusieurs années, quelques années, ce n'est pas très loin. Ils ont numérisé avec des outils laser, donc de manière assez précise, l'intérieur et l’extérieur de Notre-Dame, notamment des statues, ce qui permettrait, en tout cas on peut espérer, de favoriser la reconstruction et d'aider à la reconstruction. Ce ne sont pas les seuls à avoir des informations sur Notre-Dame mais là ce sont des informations libres, ce qui est mieux que Assassin's Creed qui ont aussi beaucoup de données sur Notre- Dame, eh oui, ils ont utilisé pour le jeu beaucoup de photos qu'ils avaient prises de Notre-Dame, mais ce n'est pas libre !

Luc : Le Monde.fr, « La réforme controversée du droit d'auteur dans l'UE définitivement validée ». [Mag pleure, NdT].

Manu : Ce n’est pas cool ! Il semblerait qu'il y a plein de gens qui disent que c'est notamment la France qui a poussé pour la réforme du droit d'auteur. Cette réforme du droit d'auteur est en train d'avancer. Elle ne nous enchante pas parce qu'elle va bloquer pas mal de choses sur Internet.

Luc : On rappelle que « réforme du droit d'auteur » ça se traduit plutôt en « comment on va piquer le pognon à Google tout en restant complètement dépendant d'eux ». On va voir dans notre sujet du jour pourquoi être dépendant de Google ou de n'importe qui d'autre d’ailleurs, ce n'est pas une bonne idée. Cet article, donc un ancien de Mozilla, l’éditeur de Firefox.

Manu : Johnathan Nightingale.

Luc : Donc ce type quitte Mozilla, il arrête de bosser pour la fondation qui fait Firefox et il affirme, en déclarant ne pas avoir de preuves malgré tout, que Google qui édite Chrome a consciencieusement saboté Firefox.

Manu : Tu es sûr qu’il utilise le mot « saboter » lui-même ? Ce ne sont pas les journalistes qui utilisent le terme ?

Mag : « D'avoir altéré l'utilisation du navigateur web ».

Luc : Voilà ! Les mots sont importants.

Manu : Sachant que c'est un enjeu considérable, ça s'appelle les parts de marché des navigateurs sur Internet. Il y a eu de gros combats, Internet Explorer et Microsoft notamment étaient les dominants il y encore peu de temps, c'est Chrome qui a déplacé Internet Explorer et ensuite Firefox. Aujourd'hui ils sont à plus de 60 % de parts de marché, largement, sur Internet. La plupart des gens se connecte à Internet par l'intermédiaire d'un outil fait par Google.

Luc : On rappelle que Chrome est plein à craquer de systèmes de surveillance des utilisateurs.

Manu : Ça n’empêche que c'est aussi basé sur un logiciel libre libre qui s'appelle Chromium2, donc il y a du bon dans toute cette galère. Mais indépendamment il se trouve donc historiquement que Google, des gens sympathiques et des bons citoyens d'Internet ont contribué de manière assez considérable au financement de Mozilla et donc au développement du navigateur Firefox bien avant qu'eux-mêmes fassent leur propre navigateur et c'étaient eux qui contribuaient à hauteur, je crois que c'était quoi ? 300 millions de dollars par an à la Fondation Mozilla3.

Luc : Beaucoup d'argent !

Manu : Ça devait être de cet ordre de grandeur-là.

Luc : L'accord, Mag c'était quoi ?

Mag : L'accord c'était que par défaut, dans Firefox, on mettait le moteur de recherche Google. Donc ça faisait de la pub à Google.

Manu : Ça leur coûtait. Cette contribution à la Fondation s'est reproduite sur plusieurs années.

Luc : C'était aussi un moyen de couper l'herbe sous le pied à Microsoft en proposant en face un navigateur qui n'était pas le leur et qui soit totalement indépendant d'un grand groupe.

Manu : Au début, d'après la personne qui fait donc toutes ces déclarations, il semblerait que Google était très fan de Firefox, ils étaient enchantés de contribuer à ce projet, non seulement ils finançaient mais ils aidaient et ils poussaient vraiment pour aller dans le bon sens jusqu’au moment où ils ont fait leur propre navigateur. Il ne rentre pas dans les détails, je ne sais pas pourquoi.

Mag : 2007. Chrome arrive sur le marché.

Luc : Il y a dix ans. On rappelle qu'il y a dix ans il y avait des pubs dans le métro.

Mag : Il y a toujours des pubs dans le métro !

Luc : Pour Chrome ?

[Rires]

Mag : Il y avait des petits « Oups ! » chez Firefox.

Manu : Oui, ça c'est ce que dit Nightingale, c'est que Chrome et surtout les sites de Google régulièrement étaient un peu lents, un peu cassés, sur Internet Explorer ou sur Firefox – lui parle pour Firefox – et il constatait, alors que les navigateurs Internet Explorer et Firefox étaient très rapides, qu'il dit, c'est ce qu'il annonce, et qu'ils étaient très efficaces y compris sur les sites de Google, à un moment donné, pour une raison qui leur échappait à ce moment-là, leurs navigateurs ne marchaient plus aussi bien. Les optimisations qui avaient pu être faites à un moment, pour regarder des vidéos YouTube par exemple, ne fonctionnaient plus du tout. Elles étaient cassées.

Luc : Je me souviens qu'il y a quelques années il y avait eu un cas comme ça qui était remonté dans la presse où le site de Google, je ne sais plus si c'était YouTube ou autre chose, vérifiait quel était le navigateur qui se connectait et ne se comportait pas de la même façon en fonction du navigateur. Si c’était Firefox, eh bien il faisait un truc qui faisait que ça ne marchait pas bien. Assez rapidement Google avait dit « Oups ! Pardon, c'est juste une regrettable erreur technique. » À l'époque pas mal d'informaticiens que je connaissais disaient : « Eh bien oui, c'est crédible, c'est possible de se planter, de faire une erreur. Ils avaient fait ça pour un test et ils ont oublié de l'enlever. »

Manu : Moi, en tant qu'informaticien, je peux te dire qu'on écrit beaucoup plus de bugs qu'on écrit autre chose, ça fait quasiment partie de ce qu’on produit au final, donc moi je peux comprendre qu'on fasse des bugs. Mais il semblerait, c'est en tout cas ce que Nightingale décrit, c'est qu'il trouve qu'il y en a tellement qu'à un moment donné certes les gens avec lesquels ils discutaient voulaient bien croire qu'ils étaient francs et honnêtes dans leurs « Oups ! » Mais, qu’à un moment donné, ils pensaient que c’était un peu plus que ça.

Mag : Moi j'adore sa phrase : « Je ne suis pas pour attribuer à la malice ce qui peut s'expliquer par l’incompétence ». Après il précise qu'il ne croit pas que Google soit aussi incompétent, mais j'aime bien la tournure « malice incompétence ».

Manu : Oui. Sachant que tout ça, c'est « virgule mais ». Je pense qu'à un moment donné l’incompétence n'explique pas tout non plus.

Luc : Le truc, il l'affirme, il n'a pas de preuve. C'est-à-dire qu'il ne peut pas aller devant un tribunal, ou quoi. Aujourd’hui s'il prend un procès il peut être dans une situation difficile. En fait c'est toute cette problématique d’être dépendant, d’être dans un réseau qu'on ne contrôle pas, donc aller sur le site de Google par exemple.

Manu : Avec éventuellement le navigateur de Google.

Luc : Voilà ! Et dans ce cas-là on est sur le terrain de Google donc il peut faire un peu ce qu'il veut et on n'a pas de moyen de prouver que c'est intentionnel, que si ça ne marche pas c'est qu’il l'a voulu ou pas.

Manu : On n'a pas moyen de le faire facilement ; ça peut être un travail d’investigation où là j'imagine très bien des journalistes qui vont passer dans des tuyaux et aller ouvrir des dossiers, retrouver des historiques d’e-mails parce que vraisemblablement, chez Google comme dans d'autres entreprises, il y a des traces de discussions, de réunions et de décisions qui ont été prises.

Luc : Encore faut-il y avoir accès !

Manu : C'est bien toute la problématique !

Luc : Un journaliste n'as pas le droit d'aller fouiller dans la correspondance au sein d'une entreprise ; il faut que quelqu'un lui donne accès.

Manu : Il n'a pas le droit de se faire prendre !

[Rires]

Luc : Oui. Je pense qu'avec les moyens qu'a Google, si quelqu'un arrive et lui fait vraiment un sale coup du genre, je pense qu'il va se donner les moyens de savoir comment ça s'est passé et ça peut mal tourner.

Manu : Tu sais que ça peut arriver aussi sur une erreur. Ce genre d'informations « oui on s'est réunis, on a décidé de saboter consciemment quelque chose », donc un complot, c'est typiquement le genre de chose qu'on peut décrire de cette manière-là. Toi tu sais, tu as déjà eu l'expérience que ça peut se révéler par un accident.

Mag : Ah bon Luc ! Raconte !

Luc : Professionnellement je menais un projet à l'époque où je travaillais dans les transports publics, dans l'information des transports publics. Dans une région la SNCF était très présente et le client nous avait choisis parce qu'on n'était pas la SNCF et que ses relations avec la SNCF étaient mauvaises ; donc c'était une manière de les faire un peu chier. Donc le projet démarre et évidemment on avait besoin du concours de la SNCF puisque c'était le transporteur et les choses ne se passent pas bien. On nous met en copie de mails, ça échange dans tous les sens.

Manu : Oui, J'imagine que ça doit faire un petit orage de mails à un moment donné.

Luc : Et on s'aperçoit que dans le mail que le type de la SNCF nous envoie il y a tout l'historique de leurs échanges de leur côté. On remonte, il y en a plein, et tout en bas on arrive sur un mail du directeur régional qui gère le machin et qui dit : « C'est nos concurrents, il sont là pour nous faire chier, on va tout faire pour les pourrir ». Ça c'était tout au fond du mail, donc évidemment, des fois il y a des perles de ce type-là.

Manu : Il y a des perles !

Luc : Voilà ! On sait que si on fait des trucs pas très nets comme ça on va essayer de les cacher. Ça me fait un peu penser à Apple et les téléphones qui ralentissaient. Il a fallu des années pour le prouver.

Manu : Oui, effectivement. Ça a été prouvé. Je crois que ça a été admis par Apple à un moment donné.

Luc : Oui, parce qu'on leu a mis le nez dans le caca quand même.

Manu : Oui. Et au bout d'un moment ; c'est-à-dire qu'à chaque nouveau téléphone qui sortait tout le monde avait l'impression que les anciens téléphones, des générations précédentes, ralentissaient.

Mag : À chaque sortie il y avait des mises à jour pour les anciens téléphones et bizarrement après c'était plus lent. Donc les mises qui étaient censées améliorer l'appareil le ralentissaient !

Manu : Tout le monde clamait au sabotage mais personne n'avait de preuves.

Luc : Voilà. Parce que d'un côté on va dire « mais est-ce que c'est vraiment plus lent ou est-ce que tu as l'impression que c'est plus lent ? » Après ils disaient : « Oui, mais on on a fait des mises à jour des logiciels pour s'adapter au nouveau système, donc c'est normal que ça tourne moins bien sur l'ancien parce que ce n'est plus optimisé. »

Mag : Ça s'appelle de l’obsolescence ça, non ?

Luc : Non, eh ben non, c'est techniquement ; c'est l'avantage. Ils ont tenu comme ça des années.

Manu : Vous vous rappelez que finalement ils ont trouvé une excuse qui semblait passer, en tout cas ça leur a permis d'éviter le tribunal.

Luc : Personne n'y a cru !

Manu : C'était de dire que pour économiser les problématiques de batterie, pour éviter que les batteries des anciens téléphones ne s'usent encore plus vite et que les anciens téléphones soient encore moins efficaces, ils ralentissaient exprès les anciens téléphones pour gagner un peu de durée de vie.

Luc : Personne n'y a cru, surtout quand on repense à la vieille histoire de l'Ipod dont les batteries crevaient au bout de 18 mois ; ça ne les a jamais chagriné de faire ça ! Mais bon ! En tout cas ça a été beaucoup de travail pour qu'ils admettent le truc.

Manu : Moi je pense à d'autres complots mais alors là c'était un trésor de complots qui avaient eu lieu, je n'ai plus les détails, mais qui avaient été montrés parce que Microsoft, qui était quand même l'acteur dominant des années 80 et 90, s'était retrouvé au tribunal pour abus de position dominante. Et, à moment donné, les procureurs et les institutions de l’État se sont donné le droit d'accéder aux archives de Microsoft et dans ces archives il semblerait qu'ils ont retrouvé pas mal d’informations qui pointaient sur des pratiques complètement déloyales vis-à-vis de leurs concurrents directs ou même de partenaires qu'ils ont pourris. Par exemple ils on caché des API [application programming interface], c'est-à-dire des accès au système d’exploitation que Microsoft contrôlait, eh bien il y avait des accès qui étaient réservé à leurs propres applications et qu'ils cachaient aux applications tierces.

Luc : Donc les leurs étaient plus performantes que celles des autres.

Manu : Bizarrement !

Luc : Leurs logiciels marchaient toujours mieux et plus vite, etc.

Manu : Et il y aurait eu pas mal de cas comme ça, je ne me rappelle plus des détails, ça remonte déjà à plus de 20 ans, mais grâce à la loi et grâce aux tribunaux on a pu mettre la main dessus.

Luc : On sait que les tribunaux ça avance très lentement. Donc toute la difficulté et la complexité à prouver ce genre de démarche vient du fait qu'on est dans un environnement fermé qu'on ne maîtrise pas. Du coup, comme on est en gros dans les tuyaux de quelqu'un, que ce soit sur son site internet, dans son réseau, etc., eh bien on est, en gros…

Manu : Pieds et mains liés.

Luc : Pieds et mains liés et prouver quoi que ce soit devient très difficile pour ces raisons-là.

Mag : En résumé il ne faut pas être totalement dépendant ; il faut mettre ses œufs dans plusieurs paniers.

Luc : Effectivement. On peut aussi penser aux normes. Les normes sont là pour que tout le monde s'entende et fasse fonctionner les choses ensemble. Il y a cette notion interopérabilité qui est très importante qui est que plutôt que de dire à telle et telle personne vous devez utiliser tel logiciel, rentrer dans tel réseau, il faut que tous les systèmes communiquent entre eux selon une règle qui est entendue. Mais même ça ce n'est pas évident parce que les normes peuvent être interprétées de façons différentes.

Manu : Elles peuvent être interprétées, contrôlées, bidouillées, sabotées, on l'a aussi vu : Microsoft avait saboté des choses en lien avec des formats de documents. Ils étaient rentré à l'ISO [Organisation internationale de normalisation] avec une norme toute pourrie mais qui était passée quand même !

Luc : Oui, qui était imbitable et qu’eux-mêmes n'appliquent pas selon ce qu'ils ont déposé. Donc on arrive finalement à une question de rapport de force. C’est-à-dire que si on est effectivement dans le réseau de quelqu'un, qu'on est complètement bloqué, il va faire à peu près ce qu'il veut. On l'a vu avec tout ce qu'on a pu dire sur YouTube, précédemment, uniquement dans le domaine de la culture par exemple, mais c'est pareil dans l'informatique. En même temps, si on n'a pas de moyens un, d'avoir de la transparence et deux, un rapport de force suffisant pour forcer les acteurs en face à jouer franc-jeu, eh bien on est foutu également. Tout ça démontre que le fait d'avoir d’énormes acteurs, qui pèsent aussi lourd qu’un Google, c'est très mauvais.

Manu : L'Union européenne agit là-dessus. Il y a des choses qui sont en train d'aller au tribunal pour abus de position dominante parce que Google aussi se retrouve dans des situations où ils ont, on suppose, en tout cas on imagine, abusé de leur situation de monopole dans certains domaines.

Luc : C'est un truc dit dans l'article, « Google est le nouveau Microsoft » et on peut imaginer qu'ils puissent utiliser ce genre de méthode pour plein de choses, pour que leurs outils prédominent et que tout le reste se mette à mal marcher.

Manu : On va espérer. Il faut qu'on travaille à plus d’interopérabilité, à se libérer de tout ça, je vous dis à la semaine prochaine.

Mag : Ou qu'on aille sur des chatons4.

Manu : Ah ! Oui !

Mag : Salut !

Luc : Salut.

Manu : À la semaine prochaine.