Conditions d'entrée des logiciels libres dans l'éducation nationale

    1. Intégrer les NTIC est devenu une priorité pour l'Education nationale
    2. Redéfinir le partenariat avec les fournisseurs de technologies
    3. Un programme d'objectifs finaux et intermédiaires, et un programme d'action

Ce texte a pour but de faire le point sur trois conditions essentielles à l'entrée des logiciels libres dans le monde de l'éducation publique :

  1. la volonté de l'institution,
  2. les rapports avec le monde de la technologie, qui produit ces logiciels libres,
  3. la mise à disposition de ces nouvelles ressources auprès des enseignants

Intégrer les NTIC est devenu une priorité pour l'Education nationale

1 - Le mouvement de fond dans les nouvelles technologies l'impose. Tout laisse à penser que le libre sera la future norme. Dans la révolution d'Internet, l'essentiel est le contenu, pas les tuyaux, et les logiciels libres (logiciels libres) permettent de monter rapidement des réseaux de tuyaux plus fiables (et aussi de modifier les contenus). Exemples: le W3C, qui a institué une norme XHTML : c'est devenu un standard, parce que ce n'est pas propriétaire. Probablement, Microsoft aussi ouvrira ses codes un jour.

2 - L'institution est davantage préparée qu'il ne semble a Tous les serveurs des sites du gouvernement fonctionnent déjà avec des logiciels libres: les informaticiens ont choisi de manière spontanée et informelle la meilleure solution.

b - Le ministère de l'Educaton nationale (MEN) est aussi sur le réseau rapide RENATER (il lui manque seulement la boucle locale).

c - Il existe également la voie des collectivités locales, notamment les villes moyennes: l'Association des maires de France pourrait être intéressée elle aussi.

3 - Une volonté mais pas encore d'expérience

La vague des logiciels libres n'est arrivée auprès d'un public plus large que depuis quelques mois, les pouvoirs publics n'y sont pas encore familiariés. De plus, les précédentes expériences d'équipement informatique des écoles (matériel Bull, licences Microsoft) ont été des succès modérés, au vu de l'importance des sommes investies et du niveau de profit retiré par les élèves. L'informatique est fort différente de l'industrie des biens matériels, avec laquelle l'Etat est habitué à traiter depuis presque deux siècles: les techniques changent très vite, et encore plus vite dans le cas spécifique des logiciels libres.

Par conséquent, le temps que soit élaboré un programme de formation pour les enseignants, et les logiciels libres ont eu le temps de profondément évoluer. Il faut donc de nouvelles procédures d'apprentissage pour que l'institution ne soit pas constamment en train d'essayer de ratrapper le progrès technique: par exemple, privilégier non la seule innovation organisée depuis le sommet de la hiérarchie, mais également une innovation décentralisée, diffusée depuis la base. Cela remet en cause le fonctionnement traditionnel de l'institution, ce que l'on peut exprimer par un slogan: 'pas seulement la démocratie, mais aussi la démocratisation'.

Redéfinir le partenariat avec les fournisseurs de technologies

1 - L'évolution des technologies est trop rapide pour que l'on envisage des investissements lourds, qui deviendraient tout de suite obsolètes.

De plus la situation est nouvelle depuis la décentralisation, car les dépenses de l'enseignement secondaire sont maintenant sous la responsabilité des collectivités locales: le MEN a seulement un rôle de précurseur et de conseil.

2 - La relation avec les entreprises est peu confortable

Le marché de l'éucation est très grand et captif, ce qui soumet l'EN à une forte pression de la part des entreprises informatiques, pour le respect strict des lois de la concurrence. Certes, Lotus est gratuit pour l'EN, SUN aussi a déjà lui aussi un contact avec l'institution. Mais ce sont des hypothèques prises sur le futur, car les élèves restent captifs de ces quelques logiciels propriétaires.

3 - L'Ecole a besoins de nouveaux services

a - Déjà beaucoup de PME proposent la mise en réseau des écoles. C'est bien, car Microsoft ne le faisait pas ainsi. D'autres entreprises proposent aussi du matériel spécifique Linux, cf. l'expérience LinuxInside.

b - Il manque une distribution spécifique pour l'éducation, ce qui pourrait être l'objet d'un marché.

c - En fait, il faut encore définir une solution informatique adaptée à l'école. Des terminaux plutôt que des OS pour les élèves (pour cause des dégradations inévitables), des machines virtuelles. Ou Linux + VM Ware, qui peut remplacer un Windows complet. Au niveau réseaux, on recherchera un proxy et un cache solides.

4 - Que change la présence d'acteurs non commerciaux?

Le monde associatif des logiciels libres est dynamique, mais il faut encore évaluer ses capacités de ressources dans l'optique d'une démarche d'équipement.

Situation: des acteurs très militants mais peu nombreux par rapport aux besoins de formation. Avantages: bonne volonté inébranlable. Désavantages: manque de concertation au niveau national.

Un programme d'objectifs finaux et intermédiaires, et un programme d'action

1 - Les logiciels libres dans l'éducation: avant tout une question de ressources humaines

Les associations du logiciels libres: mouvement dynamique, mais petite base, pas encore significative à l'échelle nationale. Encore beaucoup d'enseignants vont vers l'informatique traditionnelle à reculons. Si l'Education nationale offre beaucoup de créneaux aux logiciels libres, il n'y a pas assez de militants pour les remplir. De plus, les personnes-ressources n'ont pas toujours des décharge d'horaire.

2 - Le rôle central de l'IUFM

L'IUFM est le centre de formation du rectorat, pour la formation initiale et la formation permanente (non obligatoire): c'est le carrefour imposé pour la formation aux logiciels libres. Au-delà de former à installer Linux, nous devons former des personnes-ressources, et leur préparer des supports de proximité (associations + IUFM). Se placer dans la suite du plan d'urgence IUFM, voire dans le plan de rénovation des IUFM.

3 - Définir un programme en logiciels libres

a - Recenser le matériel disponible

Programme d'action:

  • Recensement des logiciels disponibles et des expériences. Surtout les plus ergonomiques et servant à la bureautique, qu'un plus grand nombre de professeurs pourront utiliser
  • Définir une procédure d'actualisaton de la liste

b - Ensuite, créer des éléments de cours

  • logiciels libres et résaux
  • questions politiques, juridiques et économiques + exemples (procès Microsoft)

Un enseignant a besoin de listes et d'aides facilement disponibles.

Éventuellement publication d'un manuel spécifiquement destiné aux enseignants.