Causerie sur la communication grand-public des logiciels libres le 11 mars 2011

Causerie sur la communication grand-public des logiciels libres le 11 mars 2011

Présentation

Les « Causeries April » sont des interviews ou des discussions d'une durée d'une ou deux heures, sur un sujet donné.

La causerie du vendredi 11 mars 2011 à partir de 21h00 a pour thème « la communication grand-public des logiciels libres » avec Olivier Fraysse et Frédéric Mandé (tous deux actifs sur le site ubuntu-fr.org et dans l'organisation des Ubuntu Party Paris).

Vous pouvez d'ores et déjà proposer des questions via LinuxFr.org.

Comment ça se passe en direct ?

Techniquement ça se passe sur le canal IRC #april-chat sur le réseau FreeNode (accès avec un navigateur web ou un client IRC) et via Jabber XMPP sur le salon causerie@chat.jabberfr.org. Seul le modérateur et l'interviewé peuvent écrire sur le canal. Les questions doivent donc être posées au modérateur, qui les envoient sur le canal où l'interviewé y répond. Le modérateur est précisé à chaque causerie.

Le modérateur est là pour choisir la trentaine de questions susceptibles d'être traitées en une ou deux heures, de poser les plus demandées et de veiller à avoir des questions de tout niveau (du néophyte à l'expert).

Le compte-rendu de la causerie est publié après relecture par la suite. Vous trouverez le compte-rendu ci-dessous.

Compte-rendu

Modérateur : Bonsoir à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir ce soir pour notre dix-neuvième causerie April, Olivier Fraysse et Frédéric Mandé, tous deux actifs sur le site ubuntu-fr.org et dans l'organisation des Ubuntu Party Paris, afin de répondre à toutes vos questions sur le thème « La communication grand-public des logiciels libres ». Pour mémoire, les questions sont à envoyer en message privé aux modérateurs Yoann Nabat et Benoît Sibaud.

Modérateur : La causerie se fait simultanément via Jabber/XMPP et IRC, via le bot hellgate.

Frédéric : bonsoir

Modérateur : Bonsoir à tous les deux. Pour débuter, pouvez-vous décrire votre expérience en matière de communication grand-public des logiciels libres ?

Olivier : bonsoir ! Frédéric, je te laisse répondre. Nous sommes parisiens, et à Paris les libristes ont tous entendu parlé des Ubuntu partys, à la Cité des sciences.

Frédéric : C'est un truc qu'a créé Olivier il y a 6 ans et qui accueille maintenant des milliers de visiteurs à chaque édition.

Olivier : Le public est majoritairement composé d'utilisateurs [du système d'exploitation propriétaire] Windows, ils viennent très nombreux !

Frédéric : si vous n'en avez pas encore entendu parlé, honte à nous. Le public est majoritairement composé d'utilisateurs de Windows, ils ou elles viennent pour une installation en double démarrage (« dual boot »). C'est aussi le conseil que nous donnons. Le but est de faire passer les gens sur Ubuntu petit à petit.

Olivier : mais c'est surtout un événement logiciel libre, avec beaucoup de conférences sans lien direct avec Ubuntu.

Frédéric : au début, il n'y avait que des conférences et des installations. Maintenant, il y a des cours, des ateliers et des associations qui participent. Dans le public, il y a tous les âges.

Olivier : et des petits et des grands, comme l'avait constaté Mark Shuttleworth lui-même.

Olivier : Il y a aussi les premiers samedi du libre, que nous avons tous deux initiés il y a 3 ans je crois, qui accueillent tous les premiers samedi du mois une petite centaine de visiteurs. En dehors de ça, nous prêchons la bonne parole là où on peut, quand on peut. Mais la promotion du libre n'est pas juste l'affaire de deux troublions comme nous. Pour finir sur l'auto-congratulation, il y a la chose dont je suis le plus fier, c'est la présence du webcafé Ubuntu aux Vieilles Charrues, depuis 2 ans. Mais comme pour le reste, rien ne se fait sans de nombreux bénévoles.

Frédéric : nous avons aussi écumé divers événements en province et à Paris.

Olivier : oui, y a des trucs plus anciens comme EquitExpo, fête de l'Humanité.

Modérateur : Lors de cette install party, le public est-il majoritairement composé d'utilisateurs de systèmes propriétaires ? Y a-t-il aussi des non-utilisateurs d'informatique curieux qui viennent voir ce événement étrange qu'est l'Ubuntu Party Paris ?

Olivier : nous n'avons pas fait de statistiques l'an dernier. Ils ont majoritairement Windows, mais pas tous uniquement Windows.

Frédéric : les non utilisateurs d'informatique sont assez rares de nos jours, mais oui ce sont majoritairement des non professionnels. Enfin, qui ne travaillent pas dans l'informatique.

Olivier : nous profitons aussi du fait que c'est la Cité des sciences, un lieu grand public à la base. C'est tout de suite différent d'un local au fond d'une cour d'immeuble.

Modérateur : Le but est-il de faire passer les gens sur Ubuntu petit à petit ? Ou est-il uniquement d'expliquer le logiciel libre et de montrer en quoi Ubuntu est un système d'exploitation et un ensemble de logiciels couvrant les besoins des visiteurs ? Quelles sont les explications fournies sur les principes du logiciel libre, sa philosophie, etc. ?

Olivier : En fait, pour leur expliquer les choses, nous les convions à nos conférences d'introduction, puis à des sujets proposés par l'April notamment. Les bénévoles installeurs répondent également à beaucoup de questions de visiteurs, individuellement.

Frédéric : on peut dire qu'Ubuntu est une porte d'entrée sur le libre dans ces « partys ».

Olivier : c'est notre but, en tout cas.

Frédéric : nous avons aussi bien le temps d'expliquer la philosophie du libre.

Olivier : on laisse les experts expliquer les choses dans les conférences (neutralité du net, formats ouverts, racketiciel, art libre, pas seulement logiciel libre).

Modérateur : Pouvez-vous d'ailleurs (re)donner les détails pratiques de la prochaine install party de Paris (où, quand, comment, ...) ?

Frédéric : c'est toujours à paris, toujours à la Cité des science et de l'industrie, toujours au carrefour numérique.

Olivier : Ce sera les 27, 28 et 29 mai 2011.

Frédéric : ah oui, maintenant c'est sur 3 jours :).

Olivier : c'est la seconde fois que nous ouvrons le vendredi, c'est particulièrement adapté aux groupes (scolaire ou autre). D'ailleurs, si vous avez un groupe à faire venir, ou bien un sujet de conférence à nous suggérer, n'hésitez pas !

Modérateur : Quelles sont actuellement les campagnes de communications grand public sur le logiciel libre ? Quels sont les outils de communication existants ?

Frédéric : Il faut savoir qu'il y a plusieurs publics à viser quelle que soit la communication. Le coeur de cible (l'utilisateur de Slackware), l'amateur (l'utilisateur de Firefox), le grand public (l'utilisateur d'informatique en général). Il faut donc communiquer vers chacune de ses cibles. Comme campagne visant le grand public, il y a : SpreadFireFox.com, Open World Forum, Candidats.fr ... chacune vers un type de public bien identifié. Cette méthode est bien plus efficace que d'essayer de viser la ménagère de moins de 50 ans. Rectification : l'Open World Forum n'est pas une campagne, mais un acte de communication :).

Olivier : pour de l'opensource, en plus, haha. L'outil de comm essentiel c'est le web, aujourd'hui.

Frédéric : il y a aussi des affiches faites et disponibles sur le site de l'April à destination des professeurs.

Olivier : même dans la presse, au final c'est beaucoup du web. Le groupe de travail sensibilisation de l'April fait un travail remarquable pour donner des outils de communication.

Frédéric : la page du groupe de travail sensibilisation

Olivier : il reste cependant beaucoup de travail, pour se donner les moyens de conquérir un public large.

Frédéric : il faut parler de publics au pluriel.

Olivier : pardon, tu as raison.

Frédéric : pour les artistes c'est plus Libérez vos oeuvres : appel à publier sous licence libre et pour les professeurs Éducation : les logiciels libres : à partager sans compter !

Modérateur : Lequel des types de publics que vous avez mentionnés vous semble prioritaire ?

Frédéric : tous. Il faut absolument faire du 360°.

Olivier : et de la 3D

Frédéric : (humm, comme c'est bon de placer 360 dans une phrase)

Modérateur : Tourner en rond ?

Olivier : non, il faut éviter justement.

Frédéric : en fait il n'y pas de priorité, il faut absolument communiquer vers tous les utilisateurs, les décideurs, les réfractaires, chacun avec un type de communication bien précis.

Modérateur : En matière de marché grand public, finalement, est-ce que les gens n'achètent pas ce qu'ils voient ?

Olivier : je laisse de nouveau le philosophe répondre.

Frédéric : Les gens achètent de l'Android car ils ont vu la pub faite... et ils achètent aussi parce qu'une de leur connaissance (un amateur cf plus haut) leur a conseillé. Et les vendeurs vont toujours au plus facile.

Olivier : il faut effectivement faire voir les logiciels libres, les mettre en avant.

Frédéric : donc au résultat on a du Windows sur des ordinateurs, car Microsoft communique beaucoup dessus et du Mac car les pubs Apple sont super bien faites.

Olivier : un des moyens les plus efficaces pour introduire le sujet des logiciels libres à un inconnu (ou sa grand mère) c'est effectivement de lui parler de ce qu'il connait : Firefox, parfois OpenOffice.org [ou plus récemment LibreOffice].

Frédéric : ou Wikipédia.

Modérateur : vlc ?

Olivier : oui en effet (ça se voit qu'on a rien préparé pour ce soir ? ;))

Frédéric : si on a préparé ! (c'est ça qui est pire)

Modérateur : Pourquoi le choix d'Ubuntu comme « porte-parole » de [GNU/]Linux et des logiciels libres ?

Frédéric : parce qu'Ubuntu ça rox

Olivier : :)

Frédéric : et surtout Ubuntu est comme Firefox, on n'a pas peur du marketing.

Olivier : :) (on est en train de détruire la belle image de l'April, par cette causerie)

Frédéric : sinon, c'est aussi parce que nous sommes utilisateurs d'Ubuntu.

Olivier : oui, ce n'est pas notre faute. En fait, Frédéric est venu à la toute première Ubuntu party organisée dans une salle au fond d'une cour d'immeuble perdue dans le 15ème pour [me] proposer de faire du marketing.

Frédéric : car c'est mon taf. C'était soit ça, soit faire du code.

Modérateur : Une question d'un fidèle auditeur [lecteur surtout non ?] des causeries : Peut-on se passer S.V.P. d'un gnou ou d'un manchot pour parler à monsieur tout le monde ?

Olivier : OUI. Oui, le logiciel libre ce n'est pas un zoo !

Frédéric : il est plus facile pour le public d'identifier les choses avec des couleurs ou des logos. Avoir un Tux quelque part peut être intéressant mais franchement pas utile. Le principal est d'avoir un logo et une couleur qui ne bouge pas.

Olivier : il n'est pas interdit de se faire des clins d'oeil entre connaisseurs, mais un gnou, ça pue (d'où l'expression « puer du gnou »).

Frédéric : le Tux et le gnu est un signe de reconnaissance entre connaisseur. C'est utile dans un salon informatique, beaucoup moins ailleurs.

Olivier : bon on avoue, on a diffusé des tatouages Tux aux Vieilles charrues 2010, ça a beaucoup plu mais c'est un cas un peu spécial :).

Modérateur : La communication sur les logiciels libres n'aurait-elle pas intérêt à prendre une forme institutionnelle (comme un message de santé public) ?

Frédéric : Toutes les formes (ou presque) sont bonnes à prendre :) Il n'y a pas un endroit ou une façon de communiquer qui doit être oubliée. Ça dépend vraiment de la cible / objectif.

Olivier : bien entendu, si le gouvernement (institution relativement reconnue) faisait le boulot à notre place (ou avec nous), ça aurait un certain impact. L'April serait alors indispensable pour les empêcher de dire n'importe quoi (ça leur arrive).

Frédéric : exemple : parler de re-localisation d'emplois à un élu, d'économie et de pérennité à un DSI, de la sécurité (pas de virus) à madame Michu.

Olivier : ça fait des réponses un peu décousues, mais dans le marketing il ne faut pas avoir peur de chambouler les choses.

Frédéric : le logiciel libre répond à plusieurs problématiques, il faut pouvoir proposer la bonne réponse au bon interlocuteur.

Modérateur : Quels sont les relais de diffusion existants du logiciel libre ?

Frédéric : il y a déjà les différents GULL/LUG.

Olivier : (GULL : groupes d'utilisateurs de logiciels libres TrouveTonGull.info et LUG : [GNU/]Linux users group, ça a tendance à se transformer en GULL)

Frédéric : les différentes communautés de logiciels libres (Ubuntu-fr, Fedora-fr, Firefox, etc)

Olivier : les utilisateurs sont de très bon relais

Frédéric : sans oublier les différentes licences libres pour les artistes qui n'est pas un relais direct mais qui participe au projet global. L'exemple est un bon relais, un utilisateur qui a vu une démonstration, qui a testé par lui même un logiciel libre est le meilleur relais.

Modérateur : Canonical aurait-il les moyens de diffuser une publicité à 20h sur TF1 ? Quel impact pensez-vous qu'une telle démarche puisse avoir ?

Olivier : non, trop cher. Par contre, IBM oui. Et ils l'ont fait (peut-être pas sur TF1).

Frédéric : surtout pas TF1, inutile, car couvert le jour d'après par iPhone, iPad, iCaca, etc. La meilleure communication ce n'est pas forcément le bourrage de crâne.

Olivier : il y a l'exemple de la double page Firefox dans le New York Times, de mémoire, l'impact n'a pas été trop nul. Quand des grosses campagnes de la sorte se font, c'est malheureusement surtout de l'autosatisfaction de la communauté.

Frédéric : un exemple peut être Google et les campagnes métro/bus car lors d'un trajet, on a 20 minutes pour réfléchir et y penser.

Modérateur : Microsoft n'hésite pas à faire de la publicité...

Olivier : 2 affiches énormes près d'une autoroute, Canonical l'a fait (il me semble), c'est cool pour la photo. Mais pour être efficace il en faudrait 500.

Frédéric : une pub TV est consommée et jetée aussitôt. 500 pendant plusieurs mois.

Olivier : donc oui ou non, peut-être que des entreprises « du libre » ont les moyens, mais ce serait beaucoup de fric perdu pour un impact faible.

Modérateur : N'est il pas plus intéressant justement de cibler plus précisément des groupes identifiés, plutôt que de vouloir cibler le grand public ?

Frédéric : le grand public est justement composé d'une multitude de groupes identifiés ou identifiables.

Olivier : en fait, la question peut sous-entendre qu'il ne faut pas propager le logiciel libre. Ce n'est pas notre avis :).

Frédéric : donc oui, il faut cibler plusieurs groupes à la fois.

Modérateur : Au delà du logiciel pourquoi ne pas plus insister sur la promotion de formats de fichiers ouverts ce qui in fine favorisera le « mouvement » libre en général ?

Olivier : il faut le faire. Ça va avec !

Frédéric : il faut justement en parler, un logiciel libre + un format ouvert c'est le duo gagnant.

Olivier : en même temps, un logiciel libre utilise fatalement un format ouvert.

Frédéric : nous en parlons obligatoirement lors de nos actions de promotions.

Olivier : (nous : pas nous deux, mais dans les GULL). Si la question est « faut-il commencer par parler de formats ouverts, avant de parler du logiciel libre », la réponse appartient à celui qui a la parole. Mais c'est une bonne pratique, oui.

Modérateur : Quels sont les principaux freins à l'utilisation du logiciel libre par le grand-public (les problèmes soulevés, ...) ?

Frédéric : l'ignorance, donc c'est à nous de faire plus de promotion. Souvent j'ai eu une réaction du type : ah bon, mais pourquoi nous ne sommes pas au courant que ça existe. Y compris de la part de journalistes.

Olivier : la vente liée est un frein. Pour les utilisateurs qui ont déjà tout « ce qu'il faut » sur leur ordinateur tout neuf, les faire passer à autre chose est moins facile que leur faire découvrir un outil qu'ils ne pensent pas déjà avoir. Mais les freins, ça s'use.

Frédéric : le mode mouton est aussi un sacré frein.

Olivier : beeeehhh

Modérateur : Une réaction enflammée d'un lecteur : Mais le discours de l'évangélisation, n'est-il pas celui de l'informaticien ? Peut-être que le Grand Public, il s'en fout de tout ce micmac, tout ce qui l'intéresse c'est d'appuyer sur un bouton et que ça marche, qu'il peut aller sur le net, visionner des films, écouter de la musique... Après que ce soit sous Mac, Windows ou [GNU/]Linux, il sait même pas ce qu'est un système d'exploitation !

Frédéric : c'est pas faux.

Olivier : c'est quoi que tu n'as pas compris ?

Modérateur : cf Kaamelott ?

Frédéric : :). Nous parlons de communication, pas d'évangélisation. Une personne qui est réfractaire à tout changement, il ne faut pas perdre de temps avec.

Olivier : je trouve que ce lecteur prend l'humain pour plus bête qu'il n'est.

Frédéric : à chaque fois que l'on prend le temps d'expliquer, ça fonctionne. Il faut juste adapter le discours sans brusquer l'auditeur. Exemple : lors des Ubuntu partys, nous installons en double démarrage et expliquons pourquoi la lecture du Flash et du MP3 n'est pas disponible de base.

Olivier : et puis propager la culture libre, c'est militer pour un monde meilleur, (c'est humanitaire ou politique, selon vos aspirations). Ceux qui ne veulent pas entendre parler de mondes meilleurs doivent être instruits !

Frédéric : puis nous l'installons après, pour que le visiteur reparte avec une machine qui correspond à ses attentes. Même s'il revient plus tard pour nous demander d'effacer la partition Windows.

Olivier : enfin je précise, nous les guidons dans l'installation, nous (les bénévoles) n'installons pas nous même.

Modérateur : Que conseillez-vous de dire pour « convaincre » des amis et connaissances pour passer au libre ?

Frédéric : pas de virus

Olivier : (et on explique pourquoi). Pas d'arnaque, de coûts cachés (mises à jour). Que ça répond à tous les besoins (ou presque).

Frédéric : sauf le jeu vidéo

Olivier : c'est faux ! y a plein de jeux vidéos trop bien :) mais ce n'est pas le sujet. Mais il faut surtout enchaîner sur la philosophie du libre, les 4 libertés, etc.

Frédéric : et pour finir la communauté qui est toujours là en cas de besoin.

Olivier : parfois, expliquer qu'ils utilisent déjà le libre (internet en est blindé par nature), aide à convaincre. Il est rarement efficace d'expliquer qu'il y a déjà un GNU/Linux dans leur lecteur DVD. Ça ne parle pas, il n'y a pas de souris.

Frédéric : pas d'accord, j'utilise ça en conférence et ça fait un effet.

Olivier : on peut pas cliquer !

Frédéric : sinon, parler de Firefox ou Wikipedia aide. Même si Wikipedia n'est pas un logiciel, tout le monde comprend le coté collaboratif et entraide.

Modérateur : Pour rebondir sur les formats de fichiers ouverts (avec un peu de retard...) : Favoriser et préconiser l'utilisation de formats de fichiers ouverts ne passe-t-il pas par une moindre assistance à l'utilisation des formats fermés, notamment Flash et MP3 ?

Olivier : la moindre assistance, ça signifierait refuser de leur montrer qu'ils peuvent vivre aussi bien leur expérience numérique sous Windows que sous [un système d'exploitation libre] ? Ce n'est pas vraiment une belle conception de la liberté, que de refuser d'aider :). C'est toujours l'occasion de bien expliquer pourquoi ça demande des manipulations supplémentaires.

Frédéric : il ne faut pas oublier qu'un apprentissage se fait par étape.

Modérateur : A-t-on une idée de la proportion de personnes venues à [GNU/]Linux et au libre par « anti-microsoftisme primaire » qui est finalement repartie sous le système d'exploitation de Redmond car elle n'as pas trouvé son « idéal » dans le Libre ?

Olivier : on dit GNU/Linux.

Modérateur : excusez-moi

Olivier : :)

Frédéric : les extrémistes sont assez peu nombreux dans nos réunions, ceux qui passent se retrouvent à changer de système pour un Archlinux ou un autre système « vraiment » libre.

Olivier : après avoir relu pour la sixième fois la question, en fait, pour bien répondre, je dirais qu'on a pas vraiment de statistiques :)

Frédéric : des curieux font un aller retour car ils ont testé l'installation sans double démarrage et repartent parce qu'ils n'ont pas eu le temps d'apprendre à changer leurs habitudes.

Modérateur : Pour rebondir sur vos dernières réponses, l'iPad n'a pas de Flash et cela ne semble pas nuire à son succès ?

Frédéric : il se vends plus de systèmes sous Android que sous IOS, c'est principalement dû aux restrictions qu'impose Apple. Le succès de l'iPad est principalement un succès médiatique.

Olivier : le Flash est principalement utilisé pour la vidéo et les jeux, sur le web. L'iPad propose, semble-t-il, suffisamment d'alternative pour ces deux usages (?).

Frédéric : on peut dire que l'iPad a gagné le Tour de France, mais on attend les contrôles anti-dopages.

Modérateur : Ne pensez-vous pas que la confusion du grand public entre les termes « libres » et « gratuits » soit en partie responsable de la difficulté qu'ont les logiciels libres à progresser ?

Olivier : c'est vrai qu'on dit souvent « si c'est gratuit, ça doit être moins bien ». Enfin « on », pas nous ! Et bien, c'est justement à nous d'insister, d'expliquer... Ça pourrait être pire, on pourrait être anglophone et être contraint/poussé d'utiliser le terme « open source » :].

Frédéric : les marchands ont habitué les clients à payer plus cher un produit de meilleure qualité, le réflexe d'un utilisateur ou futur client est donc de considérer que moins c'est cher, moins c'est bien. C'est donc très utile d'expliquer les 4 règles de base avant de parler de qualité.

Olivier : marchands/constructeurs/éditeurs

Modérateur : Justement, ne pensez-vous pas que les logiciels libres sont victimes de ces préjugés tels que vous les avez cités (« si c'est gratuit, ça doit être moins bien », ...) ?

Olivier : faut relativiser ce phénomène, je pense.

Frédéric : pas victime, quand on regarde les études faites chez les professionnels, on remarque que les entreprises ont pris le chemin des logiciels libres.

Modérateur : À Paris peut-être mais en province... et dans quels ratios ?

Frédéric : et avec « la crise » il est maintenant plus facile de parler d'économie et tout le monde trouve normal de dépenser moins pour un produit équivalent.

Olivier : à notre avantage, « gratuit » raisonne aussi bien que « libre » avec « pérennité ». Le libre est la vraie solution pour la pérennité des données.

Frédéric : étude « Annual Open Source survey 2009 »

Olivier : (et pérennité économique, donc).

Modérateur : Dans le même ordre d'idée, est-ce que l'image des barbus n'a pas contribué à dépeindre celle de GNU/Linux et des logiciels libres ?

Olivier : oui, il faut raser les barbus.

Frédéric : oui, tout est dans l'étude et la version 2010 est sur le feu ou déjà sortie à l'heure actuelle. Et raser les cheveux longs. Sinon, ce qui nuit est plus le RTFM (« va donc lire la documentation si j'y suis ») que la pilosité. Donc non, c'est l'accueil et l'entraide proposés qui peuvent nuire s'ils sont mal faits.

Olivier : en même temps, la question est sur l'image.

Modérateur : Sont-ils prêts à mettre une cravate ?

Frédéric : non, les experts n'ont pas besoin de cravate et ils risquent de se pendre en relisant des lignes de code.

Olivier : ils risqueraient de s'étrangler, laissons les créer les logiciels libres collectivement, avec tout leur amour ! Et leurs expertises.

Modérateur : Comment expliquez-vous le fait que le grand-public accepte facilement les DRM sur les DVD alors qu'il les accepte beaucoup moins sur la musique, les livres, les logiciels, ... ?

Frédéric : le mode mouton

Olivier : je ne pense pas que ce soit conscient

Frédéric : surtout il est plus compliqué dans l'esprit du grand public de « riper » un DVD que de faire une copie de musique.

Olivier : en même temps, tous ces médias se partagent allègrement en dehors du réseau commercial, et n'en déplaise à l'Hadopi c'est une très bonne chose.

Frédéric : les logiciels sont en général copiés depuis un CD ou le net, donc ils n'ont pas à faire « sauter » de protection. Pour les livres électroniques, c'est la jungle au niveau des formats donc les clients sont souvent déçus. Mais bon, nous ne sommes pas experts.

Modérateur : Pour terminer, la question troll du jour, posée par un lecteur : préférez-vous Firefox et Thunderbird sur Windows 7 ou Flash et Skype sur Ubuntu ?

Olivier : non le must c'est Windows phone, sans le copier-coller, c'est plus intuitif.

Frédéric : sur un terminal Nokia

Modérateur : Le mot de la fin ? Quelque chose à ajouter ?

Frédéric : Ubuntu vaincra.

Olivier : le marketing est l'avenir du logiciel libre.

Frédéric : c'est MA phrase.

Modérateur : Merci encore. Merci à LinuxFr.org pour la collecte d'une partie des questions. Merci à tous pour les questions, en particulier loran42o et marcori pour leurs très nombreuses contributions très pertinentes. La prochaine causerie aura lieu bientôt, sur un sujet à déterminer !

Frédéric : argh, on a oublié de remercier tous les bénévoles des Ubuntu partys et des autres événements.

Olivier : pfiou. c'était éprouvant comme répétition générale. c'est quand la vraie causerie ?

Frédéric : oui, maintenant on est un peu plus au point

Modérateur : je pense également que cette causerie est l'occasion de remercier tous les bénévoles de toutes les associations, GULL et autres qui oeuvrent sur le terrain pour la communication des logiciels libres.

Olivier : en effet ! Merci aux modérateurs pour cette causerie.

Modérateur : merci à vous deux.