Le Lama déchaîné

Ennemi public n°1

L’édito de la Présidente

Les parlementaires sont les membres de l’Assemblée nationale et du Sénat. Leurs principales missions sont de voter les lois après les avoir discutées, amendées, améliorées. C’est souvent au moment de cette phase que l’April entre en contact avec elleux, pour promouvoir les libertés informatiques ou, au contraire, pour les défendre face à des propositions qui pourraient leur nuire. Parfois, c’est sous forme d’amendements à déposer, parfois ce sont des arguments pour expliquer en quoi les propositions faites pourraient avoir des conséquences néfastes, tant pour les utilisateurices que pour les concepteurices ou éditeurices de logiciels…

Souvent, ces parlementaires posent des questions au Gouvernement, un autre aspect important de leur mandat. Iels peuvent ainsi obtenir des explications sur l’action du gouvernement. En 2013, la députée Isabelle Attard a adressé à tous les ministres des questions écrites concernant la mise en œuvre de la circulaire Ayrault sur le bon usage des logiciels libres dans les administrations et sur les dépenses en logiciel au sein des ministères et des administrations. Et les a relancés en 2014. En 2016, la députée Isabelle Attard et la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam interrogent par voie de question écrite le ministre de la Défense, M. Jean-Yves le Drian, sur le contrat «Open Bar» qui lie le ministère à Microsoft depuis 2009.

La question qui m’intéresse ici est celle que Philippe Latombe a posée en septembre 2023 au ministère du Travail quant à son utilisation de Microsoft Teams et Microsoft 365, malgré la circulaire «cloud au centre». Dans sa réponse, le ministère justifie cette décision en évoquant une dérogation à la circulaire. L’April s’interroge sur cette «fameuse dérogation» renouvelée - normalement les dérogations ne sont valables qu’une année - et sur les études qui ont été menées concluant que le cloud de Microsoft était la solution idéale capable de répondre aux besoins du Ministère. Comme à chaque fois, une demande est faite au ministère afin d’avoir accès aux documents cités dans la réponse au député et, comme d’habitude, cette demande reste sans réponse. L’étape d’après pour l’association est donc de prendre contact avec la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs). Cette dernière confirme le bien fondé de notre demande et débloque la situation. L’April continue de jouer son rôle de poil à gratter (c’est pas agréable, hein 😝) et relance d’autres demandes. 

Cette dépendance de notre administration face aux solutions privatrices est incroyable. Les documents obtenus montrent que l’étude n’a fait que confirmer la volonté politique de migrer vers les solutions cloud de Microsoft. Le ministère est manifestement enfermé dans sa technologie privatrice, totalement dépendant et à la merci des politiques commerciales de l’entreprise. <un peu d’ironie>Mieux vaut donc ne rien changer, rester menotté et continuer d’enrichir la multinationale américaine</fin de l’ironie>.

À ce jour, nous venons encore de recevoir de nouveaux documents de la Direction interministérielle du numérique que nous allons vite étudier et partager avec vous sur notre site. Restez à l’affût!! Des nouvelles croustillantes sont à venir, et qui vont sans doute encore m’énerver! Qu’à cela ne tienne, l’April va continuer de faire ses demandes aux ministères, puis à la CADA, afin que les offres de logiciels libres soient mieux prises en compte! Le combat pour la priorité au logiciel libre continue…

Bookynette